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Un projet intégrateur en environnement

La mise en valeur des données environnementales, un défi académique passionnant

Usine de pâte et papier à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick
Usine de pâte et papier à Saint-Jean au Nouveau-Brunswick
Photo : Alex Vye, 2003 - Wikicommons

Le cours « Projet intégrateur en environnement » fait partie du cursus obligatoire de tous les cheminements de la maîtrise en environnement du Centre universitaire de formation en environnement et développement durable (CUFE) de l’Université de Sherbrooke (UdeS). Il fait suite au cours « Éléments de gestion de l’environnement » et permet la réalisation d’un projet professionnalisant au sein d’une équipe multidisciplinaire. La planification du cours impose des échéanciers stricts et des livrables aux formats précis qui reflètent la réalité du monde professionnel en environnement. C’est dans le cadre de ce cours que notre équipe s’est vu attribuer le Défi académique de l’Inventaire national des rejets de polluants (INRP).

Chaque année, les étudiantes et étudiants du CUFE réalisent 50 projets intégrateurs à Sherbrooke et à Longueuil. Votre organisation souhaite soumettre un projet intégrateur? Écrivez à Environnement@USherbrooke.ca

L’équipe

L’équipe a été formée selon les compétences et les intérêts de chacun à l’égard du mandat. Dominic Gendron est ingénieur mécanique de formation et possède plus de 5 ans d’expérience sur le marché du travail. Dominic a été responsable des communications avec le client tout au long de la session. Sabrina Beauchemin est bachelière en environnement et a également complété un microprogramme en écologie appliquée. Elle a rempli le rôle de coordonnatrice et s’est chargée des communications avec le directeur de projet, Jean-François Comeau, enseignant et directeur adjoint du CUFE. Léo Tremblay-Mimouni est diplômé en sciences biologiques avec une orientation en biodiversité, écologie et évolution. Il était responsable de l’assurance qualité ainsi que de la création des différents outils de planification. Urielle Mauny est diplômée en génie biologique et s’est spécialisée en biotechnologies pour les industries de l’environnement. Tatiana Barrère est bachelière en biologie des populations, organismes et écosystèmes et s’est spécialisée en ingénierie de l’environnement. Urielle et Tatiana étaient secrétaires et animatrices des réunions de groupe et des rencontres avec l’INRP.

Le mandat

L’INRP est un programme fédéral qui récolte un large éventail de données traitant des polluants rejetés, éliminés ou recyclés à travers le Canada. Les données proviennent des déclarations obligatoires des entreprises en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement. En plus du mandat de collecte, l’INRP s’occupe de vulgariser ces informations sous la forme de capsules et de fiches informatives. Celles-ci traitent de certaines industries ou thématiques comme les milieux humides, la qualité de l’eau ou l’aluminium. L’INRP fournit également l’ensemble des outils nécessaires à une bonne navigation dans la base de données.

Cet inventaire d’envergure demeure toutefois assez méconnu du grand public et des entreprises, car il est complexe à exploiter à son plein potentiel. Il contient, en effet, une quantité impressionnante d’informations, difficiles à appréhender même pour les analystes les plus chevronnés. De plus, comme chaque polluant a un impact différent selon sa concentration, son milieu de diffusion et sa forme chimique, il est ardu pour des néophytes d’en tirer de l’information claire et précise.

À travers sa proposition de Défi académique, l’INRP poursuivait donc l’objectif suivant : utiliser ses données, les vulgariser et les contextualiser afin de leur donner une valeur ajoutée aux yeux du grand public et des entreprises.

Les étapes d’un projet intégrateur
Le projet intégrateur débute par la réception de l’appel d’offres et la rédaction d’une offre de service. Ce document résume le contexte du mandat, les objectifs, la démarche méthodologique et la composition de l’équipe. Il contient aussi un échéancier précis détaillant les dates clés et les remises de livrables ainsi qu’une proposition budgétaire lorsque cela s’applique. Il se clôt par une proposition de partage des droits d’utilisation des résultats du travail et des signatures de l’équipe et des clients. Cette étape permet d’apprivoiser le processus de réception d’un appel d’offres et simule ainsi, fidèlement, la réalité professionnelle.

Le cas du Défi académique de l’INRP

Le mandat du Défi académique a impliqué une étape supplémentaire par rapport au déroulement type d’un projet intégrateur. Tout comme la forme des livrables finaux, le choix de sujet n’était pas précisé dans l’appel d’offres. Ainsi, une partie conséquente de la planification et de la réalisation a été allouée à la prise de décision entourant ces paramètres. Plus de trois semaines ont été consacrées à une succession de recherches et de séances d’idéation. Cette étape créative nous a permis d’identifier les sujets d’intérêts pour l’INRP, mais aussi d’avoir un aperçu du potentiel et des limites d’interprétation des données. À la suite d’une concertation avec les clients et avec leur approbation, l’équipe a finalement choisi de traiter le sujet de l’industrie des pâtes et papiers. Ce sujet n’avait encore jamais été vulgarisé par l’INRP et les impacts de ce secteur sont d’intérêt général pour le grand public. La rédaction d’un rapport vulgarisé a été choisie comme format de livrable. Enfin, le choix de l’équipe s’est porté sur la réalisation d’une étude de cas.

L’étude de cas est une description complète du secteur : une mise en contexte de l’industrie au Canada, un portrait détaillé des polluants rejetés, les impacts de ces polluants, les défis de l’industrie et les solutions (prévention et innovations). Une recherche complète a été effectuée sur ces points pour intégrer mais aussi contextualiser un maximum de données disponibles. Une fois cette étape achevée, la rédaction a pu débuter.

L’ensemble du travail s’est déroulé en collaboration avec le directeur de projet et l’équipe de l’INRP. Dans une démarche d’amélioration continue, plusieurs versions intermédiaires ont été présentées. Le premier livrable intermédiaire a été évalué à mi-parcours par le directeur de projet et nous a permis de corriger certains défauts d’interprétation. L’équipe avait aussi convenu de la présentation d’un livrable intermédiaire au client trois semaines avant la remise officielle. Cette étape a permis d’ajuster l’utilisation de certaines données et de réduire les sections jugées secondaires en importance par le client. La rédaction d’une fiche synthèse résumant les faits saillants de l’étude de cas a été ajoutée aux livrables. Cette possibilité avait été discutée lors de l’étape de création et, à la suite d’une concertation entre l’INRP et l’équipe, il a été jugé important de l’ajouter.

Figure 1.1 : Portrait des rejets de dioxyde de souffre par l’industrie des pâtes et papiers au Canada, issu des données de l’INRP (Section 2.2.1 de l’étude de cas)

Figure 1.1 : Portrait des rejets de dioxyde de souffre par l’industrie des pâtes et papiers au Canada, issu des données de l’INRP (Section 2.2.1 de l’étude de cas)

Quelques exemples d’utilisation des données

Les données ont été intégrées à l’aide de graphiques et à travers une cartographie des rejets et des impacts environnementaux et sociaux (Figure 1.1, 1.2 et 2). La contribution de l’industrie des pâtes et papiers aux rejets polluants a également pu être représentée en comparant les rejets d’un polluant spécifique dans ce secteur aux rejets totaux canadiens du même polluant.

Grâce à l’intégration du nombre de déclarations de polluants (plus de 0 tonne déclarée) et du nombre d’installations déclarantes, on peut observer le progrès du suivi environnemental effectué par l’INRP et l’évolution de la contribution des entreprises (Figure 3).

Figure 1.2 : Répartition géographique des rejets atmosphériques de dioxydes de souffre, issue des données de l’INRP 2017 (Section 2.2.1 de l’étude de cas)
Figure 1.2 : Répartition géographique des rejets atmosphériques de dioxydes de souffre, issue des données de l’INRP 2017 (Section 2.2.1 de l’étude de cas)

Les apprentissages

Le projet intégrateur s’inscrit parfaitement dans la formation de futurs professionnels en environnement. La structure du cours permet de vivre de manière pragmatique les différentes étapes de réalisation d’un mandat, en étant encadrés par un directeur d’expérience. Peu de programmes offrent la possibilité d’interagir avec un client réel et un projet aux finalités tangibles et utiles. Les différents mandats proposés ont poussé l’équipe à collaborer et à tirer profit de l’expertise de chacun. L’entente d’équipe s’est révélée un enjeu important, car un travail collaboratif de longue haleine avec cinq participants peut vite devenir difficile si une bonne gestion des interactions n’est pas clairement établie. Grâce à l’encadrement du directeur de projet, l’équipe a pu mettre en application les compétences en gestion d’équipe acquise tout au long du cursus au CUFE notamment la résolution de problèmes, la bonne compréhension des enjeux et la juste formulation des idées.

Figure 2 : Répartition des rejets de COV dans la région de Winnipeg (MB) contribuant au phénomène de smog photochimique, issue des données de l’INRP 2017 (Section 3.1.2 de l’étude de cas)

Figure 2 : Répartition des rejets de COV dans la région de Winnipeg (MB) contribuant au phénomène de smog photochimique, issue des données de l’INRP 2017 (Section 3.1.2 de l’étude de cas)

L’aspect réaliste du projet, avec un client et des attentes, implique aussi des imprévus auxquels notre équipe a su s’adapter avec souplesse. De son côté, le client étant conscient qu’il participe à une démarche de formation est à l’écoute des contraintes du contexte étudiant et peut comprendre, par exemple, les limites de l’échéancier et l’ampleur à donner au projet.

Le client a pu contribuer significativement à la formation et au développement de l’équipe. Par exemple, dans le cadre du Défi académique de l’INRP, il a été possible de collaborer avec des experts en environnement et d’être accompagné tout au long de la rédaction. Ce suivi a, entre autres, amélioré notre compréhension des enjeux de gouvernance des programmes fédéraux. Les échanges ont aussi appris à l’équipe à cerner correctement les besoins d’un client et à saisir l’importance de définir les limites d’un projet.

Figure 3 : Portrait global des rejets de l’industrie des pâtes et papiers au Canada, issu des données de l’INRP (Section 2.1 de l’étude de cas)

Figure 3 : Portrait global des rejets de l’industrie des pâtes et papiers au Canada, issu des données de l’INRP (Section 2.1 de l’étude de cas)

Il est clair que le projet intégrateur est un pivot de la formation de la maîtrise en gestion de l’environnement. Il permet d’appliquer directement et concrètement l’ensemble des notions acquises dans le cursus de la maîtrise en environnement.

Le Défi académique de l’INRP

L’INRP est un outil d’importance pour la protection de l’environnement et le développement durable au Canada. La mise en valeur des données permet une transparence des activités industrielles et assure une responsabilisation de l’industrie canadienne. Le défi proposé constitue une opportunité pour les futurs experts en environnement de contribuer au mandat de l’INRP, dans la mesure où celui-ci s’attaque directement à la bonne communication des grands enjeux environnementaux. Par ailleurs, le suivi qu’il applique depuis 1993 est crucial et mérite d’être intégré comme référence dans le milieu universitaire.

Le Défi académique veut toutefois aller plus loin et élargir la portée de son travail auprès du grand public et des entreprises. Son association au « Projet intégrateur » du CUFE contribuera d’autant plus à la formation d’une génération de Canadiens et Canadiennes conscients des défis qui les attendent.


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