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Violences à caractère sexuel (VACS)

Les besoins des victimes au cœur de la lutte

Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de l'Université de Sherbrooke.
Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de l'Université de Sherbrooke.
Photo : Michel Caron UdeS

Au cœur de la lutte contre les violences à caractère sexuel (VACS) se trouvent les personnes directement affectées, confrontées aux répercussions de ces actes. Sous la direction de la professeure Geneviève Paquette, une équipe a développé une nouvelle formation visant à sensibiliser et outiller les personnes intervenantes chargées d'assister les victimes de VACS dans tous les établissements d'enseignement supérieur du Québec, en adoptant une approche sensible aux traumatismes psychologiques.

Parfois, l'application des politiques et les contraintes administratives peuvent entrer en conflit avec un accompagnement adapté aux besoins des victimes. Cette nouvelle formation sensible aux traumas peut agir comme une boussole en recentrant l'intervention sur la victime et ses besoins.

Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke

Lancée le 15 janvier 2024, la formation intitulée « L’approche sensible aux traumatismes : une intervention empreinte de douceur et de compassion » a été développée dans le cadre du Plan visant à prévenir et à contrer les violences à caractère sexuel en enseignement supérieur 2022-2027, annoncé par le gouvernement du Québec. Ce projet répond directement aux besoins exprimés par les personnes intervenantes, soit d’offrir une intervention centrée sur les besoins des victimes.

Sensible à cette cause, l'artiste sherbrookois Ultra Nan a permis l'utilisation de deux de ses œuvres pour la conception des visuels de la formation. Pour la professeure Paquette, cette collaboration est à la fois porteuse et inspirante.

Les œuvres d’Ultra Nan me touchent profondément, car elles capturent l'essence même de notre humanité. La première œuvre sélectionnée dégage une grande douceur, un sentiment de calme et d'autocompassion, en parfaite harmonie avec l'approche de la formation et ses bénéfices pour une personne victime. La seconde œuvre illustre le rôle et les efforts consentis par la personne qui accompagne une victime.

Sensible à cette cause, l'artiste sherbrookois Ultra Nan a permis l'utilisation de deux de ses œuvres pour la conception des visuels de la formation.
Sensible à cette cause, l'artiste sherbrookois Ultra Nan a permis l'utilisation de deux de ses œuvres pour la conception des visuels de la formation.
Photo : Ultra Nan, artiste

L’approche sensible aux traumas

La nouvelle formation vise à développer les connaissances et compétences de base nécessaires pour intégrer cette approche sensible aux traumas dans la pratique d'intervention. D'une durée de deux heures, elle est accessible en ligne par la plateforme Moodle de l’UdeS, permettant à chaque personne de la suivre de manière autonome et à son propre rythme.

Le contenu de la formation fournit des connaissances fondamentales sur la nature des traumatismes psychologiques, leur manifestation chez les victimes de VACS, ainsi que les mesures pouvant être prises pour éviter d'aggraver leur situation.

Accompagner les victimes exige non seulement une compréhension des traumatismes psychologiques, mais surtout des habiletés à entrer en relation avec une personne qui a été profondément blessée dans ses rapports humains.

L’approche sensible au trauma met de l’avant les attitudes qui favorisent la guérison en évitant d’augmenter les conséquences auxquelles les victimes font face. Elle mobilise notre capacité, à chacune et chacun d'entre nous, à faire preuve d'empathie, de chaleur humaine et de compassion dans nos relations.

Les violences à caractère sexuel ébranlent le sentiment de sécurité dans les relations humaines, car elles se produisent dans le cadre d'une relation où une personne prend le pouvoir sur la victime. Ainsi, la guérison passe par la restauration de ce sentiment de sécurité et du sentiment de pouvoir sur sa vie.

Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke.
Geneviève Paquette, professeure au Département de psychoéducation de l’Université de Sherbrooke.
Photo : Michel Caron UdeS

Pour guérir, les personnes victimes de violences à caractère sexuel doivent rebâtir leur confiance envers les autres. Aider une victime, c’est se rendre digne de cette confiance et l’approche sensible aux traumatismes psychologiques peut nous y aider.

Première phase : Former les personnes intervenantes

Dans une première phase, la formation vise à instruire les personnes intervenantes des établissements d’enseignement supérieur, qui sont souvent chargées de mettre en œuvre les politiques de prévention et de lutte contre les VACS. Ces personnes possèdent une variété de formations initiales, principalement dans les domaines de la relation d'aide ou du droit.

Cette formation est pertinente dans ce contexte, car elle permet de mettre à niveau les connaissances sur les traumatismes psychologiques, souvent liés aux VACS, tout en développant un langage commun pour comprendre ces réalités et intervenir de manière à préserver la victime.

Une partie de l'équipe derrière ce projet : la professeure Geneviève Paquette, chercheuse responsable, Sonn Castonguay-Khounsombath, professionnelle de recherche, Geneviève L'Ecuyer, étudiante à la maîtrise en psychoéducation, Marie-Lee Giroux, étudiante à la maîtrise en psychoéducation et Ann-Sophie Guertin-Fleurent, coordonnatrice de projets de recherche.
Une partie de l'équipe derrière ce projet : la professeure Geneviève Paquette, chercheuse responsable, Sonn Castonguay-Khounsombath, professionnelle de recherche, Geneviève L'Ecuyer, étudiante à la maîtrise en psychoéducation, Marie-Lee Giroux, étudiante à la maîtrise en psychoéducation et Ann-Sophie Guertin-Fleurent, coordonnatrice de projets de recherche.
Photo : Michel Caron UdeS

Seconde phase : Formation pour toutes et tous

Dans une seconde phase, la formation sera étendue à toutes les personnes travaillant dans les établissements d'enseignement supérieur du Québec, qui interviennent auprès des étudiantes et étudiants présentant des difficultés de santé mentale, qu'ils aient ou non été victimes de VACS.

Cette phase vise à former l'ensemble des personnes qui interviennent en santé mentale étudiante et à couvrir un large éventail de traumatismes psychologiques, y compris ceux résultant de différentes formes de violence ou d'expériences de vie adverses.

La professeure explique que les personnes victimes de violence vivent parmi nous et éprouvent souvent des difficultés de santé mentale prenant la forme d’un traumatisme psychologique.

Contrairement aux traumatismes physiques, comme une jambe ou un bras cassés, ces traumatismes sont invisibles à l’œil nu. Les réactions des victimes de violences à caractère sexuel peuvent donc être interprétées sans tenir compte du sens que prend pour elles un événement qui, en apparence, peut nous sembler banal.

Cette approche cherche à ce que le plus grand nombre de membres d'une organisation soit formé, afin de favoriser une culture institutionnelle sensible aux traumatismes psychologiques, réduisant ainsi les conséquences pour les victimes de violence.

Pour réduire les risques d’aggraver la situation d’une personne qui compose avec un traumatisme psychologique, une bonne compréhension des effets de la violence relationnelle est nécessaire, mais il s’agit surtout de mettre en place des attitudes qui sont à la portée de toutes et de tous : la solidarité, l’empathie, la douceur et la compassion en font partie.

Les VACS à l’UdeS

Le dernier rapport annuel d’activités 2022-2023 de l’équipe-conseil en matière de respect des personnes de l’UdeS montre que près de 25 000 membres de la communauté universitaire ont participé à des activités de prévention et de sensibilisation durant l’année. Ces activités jouent un rôle essentiel dans le changement de culture nécessaire pour prévenir les VACS.

La professeure, membre du comité permanent sur le harcèlement, la discrimination et les violences à caractère sexuel à l’UdeS, a pu observer les changements institutionnels en lien avec la prévention et l’intervention en matière de VACS au sein de l’Université depuis la grande Enquête sur la sexualité, la sécurité et les interactions en milieu universitaire en 2016. Chaque année, des demandes sont adressées à l’équipe conseil en matière de respect de l’Université de Sherbrooke à propos de situations touchant les VACS.

On peut donc croire que le sentiment de confiance envers les services offerts par l’équipe-conseil en place a augmenté au sein de la communauté étudiante et celle composée du personnel au cours des dernières années.

Pour la professeure, l’enjeu majeur est là : tout doit être mis en place pour « rebâtir la confiance » entre les victimes et les services offerts à celles-ci.


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