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Thèse - Marie-Pier LUNEAU

Le manche et la cognée : Lionel Groulx, une vie d'écritures

Marie-Pier LUNEAU

Lionel Groulx a certes marqué l’histoire littéraire du Québec, et les récentes polémiques autour du personnage prouvent bien son envergure.

Si l’historien est somme toute relativement connu, on s’est moins attardé à l’écrivain et à son influence dans le champ littéraire du XXe siècle québécois. La reconstitution de sa trajectoire, d’un point de vue sociologique, donne la mesure de son action comme écrivain. Elle permet notamment de voir que sa vie durant, il a collaboré, à divers degrés, à la vie de journaux et revues majeurs dans le champ intellectuel, notamment L’Action française, L’Action nationale, Le Devoir, La Revue d’histoire de l’Amérique française. Mais suivre sa trace dans le champ littéraire du XXe siècle fournit surtout l’occasion de voir comment l’écrivain, d’abord à pas timorés puis avec une cadence de plus en plus assurée, construit des stratégies d’émergence, de maintien puis de reconnaissance.

De la publication d’Une croisade d’adolescents en 1912 à celle de Constantes de vie le jour même de sa mort en 1967, l’écrivain s’est créé un réseau de contacts auprès des agents du champ littéraire et a appris les moindres rouages du cheminement d’un livre de l’auteur à son lecteur. Qu’on parle encore de Groulx aujourd’hui n’a donc rien d’étonnant. Suivre sa trajectoire, décennie par décennie, c’est constater qu’il a bel et bien traversé toutes les étapes menant à la consécration, y compris, de son vivant, celle de la contestation, car il a vu la jeunesse des années soixante se tourner presque massivement contre son oeuvre.