Première campagne scientifique au sommet de la calotte glacière Barnes
Quatre représentants de l'UdeS en quête de l'Arctique
Le dimanche 13 mars, quatre membres du Centre d'applications et de recherches en télédétection (CARTEL) de l'Université de Sherbrooke, accompagnés de deux chercheurs du Laboratoire de glaciologie et géophysique de l'environnement de Grenoble, iront au Nunavut pour suivre l'évolution rapide de la fonte de la calotte glaciaire Barnes.
Un projet de recherche sur deux pôles
Dans le cadre d'un projet de recherche «bi-polaire» conjoint sur l'étude de l'impact du réchauffement climatique sur les pôles, les chercheurs canadiens et français iront en Arctique et en Antarctique.
Pour ce premier voyage, Alain Royer, professeur au Département de géomatique appliquée à l'environnement, sera accompagné de ses collègues Alexandre Langlois, postdoctorant de l'UdeS, Patrick Cliche, ingénieur de recherche au CARTEL, et Miroslav Chum, chercheur. De l'Université de Grenoble, Ghislain Picard, professeur de géomatique appliquée, et Florent Dupont, en cotutelle de doctorat – Université de Sherbrooke et Université de Grenoble – participeront à l'expérience.
La calotte Barnes
Le campement sera installé sur le plateau sommital, à environ 1000 m d'altitude. L'objectif spécifique de la mission est de mesurer la neige avec des radiomètres micro-ondes, les mêmes instruments qui sont utilisés à bord des satellites d'observation de la Terre.
Le rayonnement micro-ondes a la propriété de traverser le couvert du manteau et pourra informer les chercheurs sur la hauteur et la densité présentes. Le radiomètre est également très sensible à l'eau et s'avère un outil très puissant pour suivre la fonte durant l'été.
«La calotte Barnes fond à vue d'œil, avec un recul d'un mètre par année sur les bords, explique Alain Royer. Nous cherchons à développer de nouvelles méthodes pour analyser son évolution par télédétection satellite micro-onde.»
Afin de dresser un bilan de masse complet (accumulation de neige et perte à la fonte), il est impératif de s'y installer l'hiver. Les chercheurs pourront ainsi acquérir de nouvelles données et être en mesure de savoir si la calotte disparaîtra et à quelle échéance elle le fera; les modèles prédisent qu'un tel événement arriverait avant la fin du siècle.
Des conditions météorologiques de froid intense sont prévues, avec des températures qui oscillent autour de -30 oC. «Travailler 19 jours consécutifs dans de telles conditions est très difficile et épuisant physiquement, dit le professeur Royer. Le moral est cependant très bon et un enthousiasme passionné anime les chercheurs!»
Un appui important
La campagne est financée par le Programme canadien du plateau continental polaire pour la logistique, le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada et l'Université de Sherbrooke. La mission française a reçu l'appui du Programme international de collaboration scientifique du Centre national de la recherche scientifique et de l'Institut polaire français.
L'année prochaine, une expédition sera entreprise au Dôme Concordia à la base franco-italienne près du pôle Sud. On y exécutera les mêmes expérimentations. «C'est une des originalités de ce projet «bi-polaire» que de pouvoir faire exactement le même type de mesures dans deux environnements polaires très différents», conclut Alain Royer.