Méthode H.O.T.E.
Au-delà du sandwich… outiller à recevoir de la rétroaction!
Constance Denis est conseillère pédagogique, déléguée au Campus de Longueuil, notamment en soutien à l’Incubateur d’innovations pédagogiques (i2P). Depuis ses années aux études aux cycles supérieurs, elle a développé un vif intérêt pour la rétroaction. À travers son enseignement au microprogramme en pédagogie de l’enseignement supérieur (MPES), elle tente d’outiller les personnes enseignantes sur ce sujet.
Un texte proposé par Mme Marie-Claude Cyr, conseillère pédagogique au cégep Marie-Victorin, a particulièrement suscité son intérêt: « S’outiller pour mieux participer à la rétroaction : Un nouveau modèle cognitivo-comportemental destiné aux apprenants en médecine » de Bouchard Lamothe, Rowe, Boet et Denis-Leblanc (2023). Mme Veronik Lamoureux, chargée de cours à la Faculté des lettres et sciences humaines, lui a d’ailleurs confirmé que c’est un des modèles utilisés dans les simulations cliniques à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Il est utilisé pour des entrevues motivationnelles, lorsque les personnes étudiantes invitent les patients standardisés à changer une ou des habitudes de vie.
Comme les auteurs de l’article le mentionnent, « recevoir des commentaires du superviseur suscite des émotions et les accepter n’est pas facile [alors que peu d’études] s’attardent à les outiller [les personnes étudiantes] à mieux réagir à la rétroaction » (Bouchard Lamothe et al., 2023, p. 6).
La méthode H.O.T.E.
La méthode H.O.T.E. propose de mettre l’accent sur l’Humilité, l’Ouverture d’esprit, la Ténacité et l’Explicitation dans une volonté d’améliorer les apprentissages et de développer des compétences.
Ainsi, « à partir d’attentes prédéfinies (feedup), l’apprenant partage son auto-évaluation citant ses réussites et ses difficultés. En fonction du rendement observé et de la teneur de l’auto-évaluation de l’apprenant, le superviseur formule des commentaires constructifs et amorce une discussion sur le rendement de l’apprenant tout en justifiant ce qui devrait être amélioré ou ce qui a été bien accompli (feed back). L’interaction se conclut par l’élaboration en collaboration d’un plan et d’un suivi qui facilitent les changements proposés (feed forward) » (Bouchard Lamothe et al., 2023, p. 7; nos emphases).
Ici, la proposition implique que « les apprenants [ne] demeurent [pas] ignorants du rôle qu’ils doivent jouer lors de la rétroaction, ce qui en fin de compte, les empêche de participer pleinement aux discussions visant l’amélioration » (Bouchard Lamothe et al., 2023, p. 7). La méthode H.O.T.E. permet à la rétroaction d’être au service de l’apprentissage en allant bien au-delà du simple sandwich (positif-négatif-positif). Par cette méthode, la personne enseignante…
- encourage l’autoévaluation,
- informe la personne apprenante de sa performance et
- encourage un apprentissage transformatif avec un plan et un suivi qui se présente comme « une occasion de croissance personnelle et professionnelle »
(Bouchard Lamothe et al., 2023, p. 8).
(Bouchard Lamothe et al., 2023, p. 9)
En somme…
- l’humilité invite la personne étudiante à faire preuve d’une vision réaliste de ses forces et ses faiblesses par rapport aux attentes de performance. Cela implique une reconnaissance réelle de ses compétences, tout en réalisant que la rétroaction est une occasion d’apprendre plutôt qu’une attaque personnelle.
- L’ouverture d’esprit invite à accepter que la version initiale d’un travail, par exemple, puisse être remise en question dans une volonté d’exploration et d’approfondissement et non de menace.
- La tenacité, pour sa part, consiste à continuer à solliciter des commentaires constructifs, dans un but de progression afin d’approfondir sa quête d’apprentissage, et ce, malgré les difficultés.
- L’explicitation permet à la personne étudiante de verbaliser ses pensées et son raisonnement dans l’autoévaluation, afin que la personne enseignante comprenne mieux l’atteinte d’un niveau de performance et puisse adapter la rétroaction, le plan ainsi que le suivi.
Nous sommes curieux de voir comment cette méthode pourrait permettre, en partie, de bonifier l’enseignement universitaire à l’ère de l’IAg. N’hésitez pas à nous partager les résultats de vos expériences.
Source: Bouchard Lamothe, D., Rowe, J., Boet, S. & Denis-LeBlanc, M. (2023). S’outiller pour mieux participer à la rétroaction : un nouveau modèle cognitivo-comportemental destiné aux apprenants en médecine. Canadian Medical Education Journal / Revue canadienne de l’éducation médicale, 14(3), 6–13. https://doi.org/10.36834/cmej.74419