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Portrait de Benjamin Gauthier, diplômé du bac en études de l’environnement

« Impliquez-vous durant vos études et après, mais respectez-vous en sachant mettre vos limites »

Benjamin Gauthier est diplômé du CUFE depuis 2019. Il détient un DEC en sciences naturelles.

En terminant ses études en décembre 2019, Benjamin a volontairement repoussé le moment de chercher un emploi dans le domaine de l’environnement. « J’avais besoin de souffler un peu avant de me lancer dans mon domaine professionnel. Un emploi temporaire me permettait de solidifier ma confiance en mes moyens et je voulais aussi rester à Sherbrooke. Bref, après une année à l’épicerie en vrac Le Silo, et en plein cœur d’une pandémie, j’ai cherché activement un emploi lié à mon niveau d’études. »

Après avoir proposé sa candidature sur différents postes, Benjamin accepte l’offre de Sherbrooke Innopole, l’organisme de développement économique industriel de Sherbrooke qui, à cette époque, accueillait le projet Synergie Estrie. C’est en tant que chargé de projet en économie circulaire et pratiques écoresponsables que débute son parcours professionnel en environnement.

Une symbiose

Synergie Estrie est un projet de symbiose industrielle lancé en 2018 par la MRC des Sources et Sherbrooke Innopole. À ses débuts, il favorisait les premières synergies industrielles en Estrie. Maintenant, ce projet vise à faire connaître les 12 stratégies de l’économie circulaire auprès des industries. « Mon rôle est d’entrer en contact avec des entreprises, d’identifier les possibilités de maillage et d’établir des relations entre elles. L’économie circulaire (EC) se décline en 12 stratégies qui permettent de travailler autant en amont de la production (par exemple, en écoconception) qu’en aval (par exemple, l’écologie industrielle). En quelque sorte, mon rôle est d’utiliser l’économie circulaire pour opérationnaliser le développement durable dans les entreprises des cinq filières clés du territoire. »

En juin 2023, la Ville de Sherbrooke annonce une réforme dans les organismes dédiés au développement économique. Les postes en économie circulaire de Sherbrooke Innopole seront dorénavant intégrés au Service de développement économique de la ville. « Je vois cette transition d'un bon œil pour l'économie circulaire, ça veut dire qu'en pérennisant des postes, la ville croit en la démarche et souhaite en augmenter la portée. »

Un parcours

En toute transparence, Benjamin confie que son plus grand défi professionnel reste de reconnaître sa valeur. « Je suis d’un grand scepticisme quand on parle de mes compétences, car je suis perfectionniste. Il m’a été difficile de concevoir être à ma place dans ce nouvel emploi. On va se dire les vraies choses, si on m’avait demandé, il y a quelques années, ce que je ferais après mon bac en environnement, jamais je n’aurais pensé travailler en développement économique. »

Toutefois, maintenant qu’il est bien engagé dans son projet professionnel, Benjamin se rend compte de sa valeur. Son expertise en environnement ajoutée au fait de travailler en étroite collaboration avec les entreprises, lui font réaliser que « même si cela reste un beau défi d’amener du changement au sein des entreprises de la région, je sens qu’elles sont réceptives à travailler avec moi sur des solutions pour réduire leur impact environnemental. »

Une origine

Choisir d’étudier dans le domaine de l’environnement est apparu à un moment bien précis dans sa vie. En 2012, il a participé à un voyage interculturel de solidarité internationale sur les enjeux de l’eau au Pérou. Durant cette période, il se posait beaucoup de questions sur ce qu’il allait faire de sa vie. Il venait de quitter son programme en tourisme d’aventure à Gaspé et s’orientait vers la kinésiologie. C’est au cours de ce voyage qu’un déclic s’est fait.

« À la fin du voyage, j’avais la certitude que j’allais étudier en environnement et travailler dans ce domaine! J’ai toujours eu des valeurs proches de l’environnement, j’ai grandi sur une ferme biologique dans les Laurentides. Prendre soin de la terre était essentiel si on voulait continuer de se nourrir. Je ne savais pas ce que j’allais faire en environnement spécifiquement, mais j’avais une direction. »

Pour Benjamin, ses trois années de formation au baccalauréat en études de l’environnement lui ont permis d’acquérir les connaissances générales des divers domaines qui touchent à l’environnement, comme la chimie, l’économie et le droit en environnement. « On se rend rapidement compte que finalement l’environnement est impliqué à tous les niveaux d’un projet que l’humain souhaite réaliser. Le fait d’avoir touché à plusieurs concepts sociétaux dans ma formation me donne l’agilité de naviguer à travers ces nombreux domaines et d’être plus critique et réaliste dans les actions à entreprendre. »

Lorsqu’il ne travaille pas Benjamin aime prendre soin de lui en suivant ses envies du moment comme en cuisinant, jardinant ou en se permettant une petite sieste dans un hamac. Lorsqu’il passe du temps avec ses amis, ça tourne souvent autour de jeux de société, de jeux vidéo, de sports, de sorties en plein air…et de soirées près d’un feu de camp! Il a aussi la piqûre des voyages.

Une découverte

Depuis quelques mois, Benjamin lit sur le projet EFC Québec (EFC signifie économie de la fonctionnalité et de la coopération). Ce projet vise à accompagner des entreprises à repenser leur modèle d’affaires afin de vendre la performance du produit plutôt qu’un produit lui-même. « On ne se cachera pas que les modes de production actuels mènent vers l’appauvrissement des ressources, car ils sont basés sur la prémisse que les ressources sont infinies. Bien qu’elle ne soit pas la seule solution aux problèmes environnementaux, l’EFC offre le potentiel aux entreprises de continuer d’avoir une qualité de vie qui leur convient tout en limitant la pression sur les ressources naturelles. Dernièrement, c’est ce qui m’allume, car les possibilités pour les entreprises sont immenses! Vous irez lire sur le sujet si vous voulez un peu d’inspiration. »

Voici le conseil de Benjamin aux personnes étudiantes en environnement

« Impliquez-vous durant vos études et après, mais respectez-vous et sachez mettre une limite. La santé mentale en environnement c’est précieux. J’ai longtemps pris le poids sur mes épaules de sauver la planète, mais n’oubliez pas que cette responsabilité n’est pas seulement la mienne ou la vôtre. J’ai côtoyé bon nombre de personnes dans le cadre de mon travail et de mes études, des « ultramotivés », des cyniques, des réalistes, des incertains, des défaitistes, des optimistes, des infatigables, etc. Peu importe votre posture ou là où vous irez, à cause de votre bagage particulier en environnement, vous serez souvent à contre-courant. Alors, attention à l’envie de vous comparer (en bien ou en mal) aux autres, vous jouez avec votre santé mentale. Si jamais vous avez des enjeux d’écoanxiété, actuellement ou dans le futur, il existe des ressources, n’hésitez pas à les utiliser. Par exemple, l’OBNL Écomotion est un bon point de départ que je recommande pour mieux vivre avec soi-même quand les écoémotions prennent le dessus. Pour ma part, c’est ce qui m’a aidé à mieux me respecter dans mes choix personnels, mais aussi professionnels. »


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