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Des ruelles vertes à Québec grâce à une mobilisation citoyenne

Une diplômée du bac raconte son expérience d’agente de projet pour Nature Québec

Image de synthèse présentant le projet d'un espace collectif dans une ruelle. Illustration: Marie-Christine Mathieu, Nature Québec
Image de synthèse présentant le projet d'un espace collectif dans une ruelle. 
Illustration: Marie-Christine Mathieu, Nature Québec

En novembre dernier, j’ai eu la chance de me joindre à l’équipe de Nature Québec, à Québec, pour être l’agente du projet À vos ruelles vertes. Comme le nom le dit, il s’agit d’un projet qui vise à réaliser des ruelles vertes dans la ville. Nature Québec est un organisme qui travaille à la conservation des milieux naturels depuis 1981. La grande équipe comporte entre 10 et 15 employés à temps plein et plusieurs stagiaires. Dans l’équipe de Milieux de vie en santé, un programme d’adaptation aux changements climatiques en milieu urbain, dans lequel s’insère le projet de ruelles vertes, nous sommes 5 employés et 2 stagiaires.

L’objectif global du projet À vos ruelles vertes est d’engager les citoyens dans l’adaptation aux changements climatiques via le réaménagement de leur ruelle. Concrètement, c’est une opportunité pour eux de travailler ensemble pour changer leur milieu de vie.

Confrontée à la réalité

En commençant mon mandat, je me suis dit que ce serait simple de verdir les ruelles. Il suffirait de planter des arbres, des plantes grimpantes un peu partout et, pourquoi pas, des plantes potagères. Ce que je n’avais pas imaginé, c’était le chemin à parcourir avant d’arriver à l’étape du verdissement. D’abord, ça prenait des ruelles et, plus important encore, des citoyens. C’est pourquoi j’ai sillonné les rues de Québec, dans le froid de janvier et de février, pour faire du porte-à-porte et discuter avec les citoyens. Ça n’a vraiment pas fonctionné partout… Mais, par chance, les citoyens du Vieux-Limoilou ont leurs ruelles très à cœur et l’arrivée du projet était idéale pour une mobilisation citoyenne. En tout, 300 citoyens ont été sollicités et sept ruelles nous ont été proposées pour le projet. De celles-ci, nous en avons choisi quatre.

Noémie Brazeau-Béliveau est diplômée du baccalauréat en études de l'environnement depuis décembre 2016.
Noémie Brazeau-Béliveau est diplômée du baccalauréat en études de l'environnement depuis décembre 2016.

Ensuite, les citoyens furent rassemblés pour participer à un atelier de mobilisation. Et là, la magie est apparue! Observer les citoyens travailler autour des plans de ruelle, échanger des histoires et s’écouter les uns les autres, c’était vraiment impressionnant. J’étais contente de voir que les ateliers que j’avais montés fonctionnaient et, surtout, que tout le monde participait. Par la suite, nous avons créé des comités de citoyens pour chaque ruelle et c’est avec ces petits groupes que nous avons planifié l’aménagement et le verdissement.

Ensemble, nous avons aussi analysé différentes problématiques liées aux ruelles. Par exemple, plusieurs camionneurs et automobilistes utilisent celles-ci, à grande vitesse, afin d’éviter le trafic des rues avoisinantes. Résultat : les ruelles sont non sécuritaires pour les citoyens qui les fréquentent à pied ou à vélo, et surtout pour les enfants. Comment peut-on alors résoudre ce problème? Nature Québec est là pour réfléchir et offrir des pistes de solutions à l’intérieur des lois et règlements en vigueur.

Une expertise au service des citoyens mobilisés

Ce qui fait la différence, ce sont les petites touches que l’équipe de Nature Québec apporte pour bonifier le projet. Par exemple, on réalise des images de synthèse pour présenter les aménagements à des citoyens qui sont plus réticents au changement, on crée des thèmes dans les différentes ruelles, et on implique les jeunes en stimulant leur créativité pour aménager leur ruelle de rêve.

Les citoyens travaillent ensemble autour d'un plan de leur ruelle lors du premier atelier de mobilisation.
Les citoyens travaillent ensemble autour d'un plan de leur ruelle lors du premier atelier de mobilisation.
Photo : Nature Québec

Je réalise à travers ce mandat qu’une de mes forces est l’approche citoyenne. C’est une compétence que j’ai beaucoup travaillée à travers les différents projets de sensibilisation dans mon parcours au baccalauréat. Particulièrement, en ce qui concerne la vulgarisation des concepts environnementaux que nous avons pratiqués tout au long de notre formation universitaire. J’intègre des concepts, comme les ilots de chaleur, la minéralisation et la canopée, dans les conversations avec les citoyens. Je suis toujours contente lorsqu’ils utilisent fièrement ces nouveaux termes lors de nos rencontres.

Ensemble on va plus loin

Aquarelle représentant une ruelle verte. Illustration : Marie-Christine Mathieu
Aquarelle représentant une ruelle verte.

Illustration : Marie-Christine Mathieu
Photo : Nature Québec

Parmi les aménagements à réaliser, nous allons, entre autres, installer des bacs de végétaux aux entrées des ruelles problématiques afin de les bloquer de façon saisonnière. Qui, pensez-vous, va construire les bacs? Les citoyens! En mettant à contribution les outils et le temps de chacun, nous serons en mesure de construire des bacs solides et durables. Cela permettra aussi de rassembler les citoyens et de fortifier leur sentiment d’appartenance au milieu collectif qu’est leur ruelle. Parmi les autres interventions, on compte la plantation d’arbres et de plantes grimpantes, la création de zones collectives avec du mobilier urbain, le marquage au sol pour les enfants, et même la création d’œuvres d’art réalisées par les artistes des ruelles.

Ultimement, ce projet démontre qu’une mobilisation citoyenne peut être forte et faire changer les choses à toutes les échelles, même à celle d’une ruelle. Ce sont les citoyens qui changent leur milieu et mon rôle est de les outiller. Chose certaine, c’est un projet rêvé pour commencer ma carrière en tant qu’agente de changement!


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