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Portrait d’un enseignant du CUFE

Philippe LeBel

Photo : Fournie

Détenteur d’un baccalauréat en biologie-écologie de l’UdeS, Philippe LeBel a aussi complété une maîtrise en sciences biologiques à l’UdeS en collaboration avec le ministère des Ressources naturelles et de la Faune. Ses travaux de recherche portaient sur le syndrome de régénération des parterres de coupes suite à l’envahissement par le Kalmia angustifolia dans les forêts boréales. Il a aussi, entre autres projets, œuvré au Centre de foresterie du Pacifique à Victoria (Colombie-Britannique) où il a étudié l’écophysiologie de l’If de l’Ouest.

Philippe LeBel enseigne au baccalauréat en études de l’environnement depuis l’été 2015. Il enseigne le cours Les écosystèmes et le cours Environnement et ressources naturelles.

Il a accepté de répondre à nos questions, nous permettant ainsi de mieux le connaître.

Quel est votre domaine d'expertise?

J’ai développé une expertise en aménagement du territoire, en gestion des ressources naturelles, en planification territoriale et en conservation des milieux naturels.

Quel est votre parcours professionnel?

J’ai œuvré en concertation régionale à la Commission régionale sur les ressources naturelles et le territoire (CRRNT) de la Montérégie Est de 2011 à 2015. Le mandat des CRRNT vise la gestion intégrée des ressources naturelles et des territoires. Mes principaux dossiers étaient la mise en place d’une stratégie de protection et de prise en compte des milieux humides, la mise en valeur des ressources naturelles des collines montérégiennes, ainsi que la mise en valeur et la protection de la faune.

J’ai aussi coordonné la Table des véhicules hors routes dont l’objectif visait la cohabitation des sentiers en terre privée. Une concertation élargie incluant les acteurs gouvernementaux, municipaux, forestiers, agricoles et environnementaux.

Que faites-vous lorsque vous n'enseignez pas?

Je suis aménagiste du territoire à la MRC des Sources en Estrie. Les fonctions d’aménagiste du territoire consistent à planifier les interventions visant le développement ordonné et harmonieux des milieux de vie et des milieux naturels. Le travail des aménagistes régionaux nécessite une approche multidisciplinaire et s’inspire de plusieurs spécialités comme l’urbanisme, la biologie et la géographie. Les aménagistes sont capables d’envisager les problèmes liés à la planification spatiale et au développement du territoire dans un contexte global. Les aménagistes régionaux doivent tenir compte des réalités biophysiques, environnementales, sociales et économiques du milieu. Ils doivent aussi tenir compte des aspirations de la population et de celles des instances politiques municipales.

Comment le goût d'enseigner est-il arrivé dans votre parcours?

Un peu par désir et beaucoup par chance. En fait, le désir de transmettre mon savoir et mon expertise a toujours été présent et on m’a toujours dit que j’avais le sens de la pédagogie. D’abord parce que j’adore apprendre et que je m’informe beaucoup. Ensuite, parce que j’explique toujours les choses clairement et assez simplement pour que même un néophyte comprenne. J’ai surtout eu beaucoup de chance : grâce à mon réseau j’ai obtenu une première occasion d’enseigner.

Que souhaitez-vous transmettre à vos étudiants?

Cela paraîtra paradoxal, mais je dirais le goût d’en apprendre plus! En fait, dans mes cours, j’en dis juste assez pour aiguiser la curiosité des étudiants et leur donner le désir d’approfondir et de s’informer plus sur le sujet à l’extérieur des contraintes du cours et des examens. Il faut se rendre à l’évidence qu’un cours, voire même un cursus universitaire complet, ne suffit pas du tout à connaître l’ensemble d’un sujet. J’entends souvent des jeunes diplômés déçus lorsqu’ils commencent à travailler : « On aurait dû apprendre ceci ou cela dans nos cours… » ou bien « Je ne comprends pas pourquoi on ne nous a pas dit ça dans nos cours… ». Il faut leur dire que c’est tout à fait normal!

Une formation transmet le vocabulaire, les notions de base et les concepts théoriques d’un domaine précis. Ces savoirs nous permettent ensuite de mieux capter cette « connaissance » qui nous attend après le parcours universitaire. C’est la curiosité qui nous forme, pas les exigences du cours ou celles d’un enseignant.

Quelle lecture ou quel documentaire jugez-vous incontournable à la compréhension des défis actuels en environnement?

Les articles d’Alexandre Shields dans le journal Le Devoir. L’information qu’il transmet est actuelle, bien étayée et merveilleusement bien rédigée. Du grand journalisme de l’environnement! (NDLR : au bas de cet article vous trouverez un lien vers un article de ce journaliste.)

En lien avec les enjeux actuels en environnement et développement durable, que considérez-vous comme primordiale parmi les apprentissages/connaissances/compétences à développer par les futurs professionnels en environnement?

La compétence la plus fondamentale est, selon moi, de soigner ses discours et préparer des argumentaires adaptés aux publics cibles. On ne convainc malheureusement personne si on ne comprend pas sa réalité ou si on ne se met pas dans sa peau. Accuser quelqu’un ou un groupe d’être responsable d’une situation pour tenter ensuite de le convaincre de changer, ne fait que l’effet contraire et engendre le phénomène de dissonance cognitive*. C’est l’erreur la plus fréquente des discours environnementaux! Il ne s’agit pas ici de changer d’avis ou d’être complaisant envers cette personne ou ce groupe, au contraire! Il faut connaître leur réalité et les amener, pas à pas, vers les avantages qu’ils auraient à reconsidérer leurs façons de faire. Ça demande plus de travail, mais il y a de très bons résultats au bout de la ligne.

*Stratégie d'évitement suite à un inconfort psychologique par le maintien d’une cohérence personnelle et d’une réalité souvent faussé. Exemple : Je possède un VUS. On me dit que cela pollue. Je n’aime pas me sentir mal, donc je refuse de croire au réchauffement climatique. Résultat : Je ne me sens plus coupable.

Autre chose que vous aimeriez partager avec nos lecteurs?

Je remarque de plus en plus de cynisme face à la politique et un refus des nouvelles générations (incluant la mienne!) de faire ou de discuter de politique. Malheureusement, cela laisse le champ libre à ceux qui, justement, ont tout intérêt à ce que personne ne s’intéresse à ce qu’ils font! En environnement, il est fondamental de s’intéresser aux « lieux de pouvoir » et ça, c’est politique!


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