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Programme DIALOGUE des Fonds de recherche du Québec

Dialogue pour voir l’âge autrement

Sherbrooke, le 20 mai 2021 – Sans âgisme, la situation dans les CHSLD pendant la première vague aurait été différente, de même que les propos tenus envers les personnes ainées. Là-dessus, Dany Baillargeon est catégorique. Grâce au programme DIALOGUE, attribué seulement à 6 lauréates et lauréats, son équipe et lui espèrent changer les perceptions associées au vieillissement et ainsi contribuer à diminuer les effets de cette discrimination basée sur l’âge.

Ces effets se jouent parfois dans la vie d’un seul individu. Une entreprise embauche une personne plus jeune au détriment d’une ainée, malgré de plus grandes compétences. Une patiente se voit refuser un traitement parce qu’« il ne lui en reste plus beaucoup à vivre ». À l’épicerie, la caissière parle d’emblée lentement – et fort! – à un ainé.

Mais certains effets de l’âgisme dépassent l’individu.

« L’âgisme teinte tout le système de santé, comme la pandémie l’a montré. Nos choix de société ont négligé les personnes ainées – nos parents et nos grands-parents », affirme Dany Baillargeon, professeur au Département de communication de la Faculté des lettres et sciences humaines

« Si l’échelle de valeurs par laquelle on perçoit les ainés change, on n’assistera plus à des catastrophes, comme l’hécatombe de la première vague », souligne le chercheur.
La base pour ébranler cette échelle? « Que chacune et chacun d’entre nous comprenne les formes et les effets de l’âgisme. » C’est ce que vise le professeur Baillargeon, avec toute une équipe du Centre de recherche sur le vieillissement et du Département de communication.

Ils pourront y parvenir notamment grâce au programme DIALOGUE du Fonds de recherche du Québec – Santé (FRQS), dont il est l’un des 6 lauréates et lauréats 2020-2021. Ce programme soutient la communication entre le grand public et les chercheuses ou chercheurs.

En parler pour l’arrêter

Dany Baillargeon chapeautera donc l’initiative GIRA, la Grande interaction pour rompre avec l’âgisme. GIRA reposera principalement sur un site Web, lancé à l’automne 2021, dont les contenus interactifs sont destinés à interpeler la population. Les contenus du site seront enrichis par des stratégies sur les médias sociaux et une exposition des photos d’Arianne Clément.

Toutes les méthodes visent le même but : parler d’âgisme avec la population québécoise. Pas à la population. Avec.

« Le discours âgiste enferme les gens dans une case. Une case où, être vieux, c’est être fragile; être vieille, c’est être malade. Mais c’est faux. Il faut faire éclater les perceptions. »

« L’amour, la sexualité, le libre arbitre, la curiosité, la soif de justice sociale et climatique : ces thèmes très vivants continuent d’exister chez les personnes ainées. Mais c’est comme si la fragilité et la maladie qu’on associe à l’âge gomment toutes ces dimensions. »

La première étape est donc la prise de conscience : vieillir ne signifie pas se dissoudre dans le bloc monolithique que désigne souvent, dans nos esprits, l’expression « personnes ainées ». À cette idée, Dany Baillargeon échappe un petit rire.

« Dans l’esprit de certaines personnes, on “tombe” ainé à 65 ans, alors que l’espérance de vie avoisine les 85 ans. Les quelque 20 ans qui suivent, notre personnalité est complète, riche, et ne se limite pas à un état de santé! Le vieillissement est pluriel : il y a plusieurs façons de vieillir et plusieurs façons d'expérimenter ce vieillissement. C’est ce que GIRA veut démontrer. »

La meilleure image? « Bien des personnes ainées ne se perçoivent justement pas comme telles. Ce sont des personnes, point. »

Mais reconnaitre l’âgisme et ses conséquences est juste un premier pas.

« Avec GIRA, nous souhaitons que les gens deviennent des acteurs de changement dans leur famille, dans leur milieu de travail et auprès de leurs proches. »

Le chercheur reconnait que le travail sera long, passant des individus aux organisations, puis aux gouvernements, surtout que l’âgisme est la forme de discrimination « la plus tolérée ».

« Parce que tout le monde vieillit… C’est une caractéristique partagée, alors elle se remarque moins. Comme si le fait que nous allons vieillir – et que ça nous effraie – nous autorisait à poser des gestes de rejet, d’exclusion. »

Si c’est le cas, c’est une autre excellente raison de rompre avec l’âgisme.

Sous la direction de Dany Baillargeon, GIRA diffusera les résultats de la recherche Rupture avec l’âgisme : co-construction d’un plan d’action intersectoriel favorisant une santé, une valorisation et une participation sociale accrues des Québécois vieillissants, dont Mélanie Levasseur, professeure à l’École de réadaptation de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, est la chercheuse principale. Le projet reçoit également l’appui de deux partenaires importants, la Fédération de l’âge d’or du Québec (FADOQ) et la Fondation Luc Maurice.

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Renseignements :

Isabelle Huard, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
819 821-8000, poste 63395 | medias@USherbrooke.ca


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