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Entre inquiétude et insouciance : comment trouver l’équilibre?

Depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois, différents sujets inquiétants ont retenu notre attention dans l’actualité : la grippe A/H1N1, la crise économique, des accidents d’avion, les tests de cancer du sein à refaire au Québec ou encore la contamination à la Listeria monocytogenes présente dans les fromages ou la charcuterie.

Ces sujets se retrouvent au cœur des discussions en famille, entre amis, entre collègues, entre clients à l’épicerie et… en psychothérapie.

Au-delà des impacts financiers de la crise économique ou d’autres conséquences majeures pour les gens touchés directement par ces problèmes, se remarquent des effets importants sur l’anxiété de la population. Pour plusieurs, le doute ou les questionnements ont donné naissance à l’inquiétude et au besoin de se préparer au pire. D’autres choisissent d’éviter différents endroits ou activités par peur de conséquences néfastes sur leur santé et celle de leur proche (par exemple, voyages en avion, congrès, sortie dans des endroits publics).

Quelqu’un me confiait récemment « je ne sais pas trop ce que je considère le plus anxiogène : ne pas savoir ce qui s’en vient, en apprendre chaque jour sur la possibilité d’être confronté à un malheur, constater mon impuissance face à différentes situations ou avoir l’impression que tout va de plus en plus mal dans le monde, que je ne suis pas en sécurité et qu’un malheur est imminent ».

La recherche du sentiment de sécurité

Chacun réagit différemment à l’incertitude, aux risques possibles et à ses propres inquiétudes. Pour quelqu’un, le fait d’aller en voyage à New York alors que plusieurs cas de grippe A/H1N1 y ont été récemment constatés demeure anodin, même plaisant, alors que pour quelqu’un d’autre ce voyage n’a désormais plus de sens, les risques étant trop grands ou surtout trop importants. Certains ont repris plaisir à consommer les produits ayant été touchés par la Listeria. D’autres les ont rayés complètement de leur vie, « au cas où… ».

Certains ont un seuil de tolérance plus faible face à la possibilité qu’un événement négatif se produise ou au fait de ne pas savoir d’avance ce qui va se passer. D’autres ont un seuil de tolérance plus élevé face aux risques possibles. Les premiers sont plus vulnérables aux inquiétudes et à l’anxiété et ont l’impression que de faire autrement relève de l’insouciance.

La recherche d’un sentiment de sécurité se fait de différentes façons : recherche de réconfort auprès des autres ou en s’informant davantage (par exemple, aller lire sur les symptômes d’une maladie dans Internet pour pouvoir les reconnaître, questionner l’entourage afin de se convaincre que tout va bien, aller fréquemment chez le médecin), évitement (par exemple, éviter les situations à risque pour soi et les autres, ignorer les médias pour fuir l’inconfort d’une mauvaise nouvelle), planification et prise de précautions (par exemple, vérifier ses finances, accumulation de boîtes de conserve en cas de crise, achat d’une génératrice), etc.

Préoccupations et précautions : justifiées ou pas?

Une voisine me soulignait récemment avoir acheté des dizaines de masques pour la grippe, pour elle et sa famille, afin d’être prête pour une épidémie. Est-ce justifié? Est-ce excessif? Et si elle m’avait mentionné l’achat des masques il y a quelques années alors que nous entendions moins parler des épidémies de grippe?

Le choix des précautions à prendre ou des comportements à adopter est très personnel. Il est influencé par nos valeurs, par les conséquences possibles, mais aussi par nos émotions qui peuvent être adaptées ou non. Est-ce que l’anxiété ou la peur que je ressens dans une situation donnée semble dicter les comportements que j’adopte? Est-ce que mes inquiétudes, les précautions que je prends ou mes autres comportements me dérangent ou me nuisent (dans mes activités, mes loisirs, mon travail, ma concentration, mes relations avec les autres, etc.)? Si la réponse est oui à ces questions, il est possible que ma tolérance aux incertitudes soit en cause. Du moins, cela vaut la peine d’envisager cette possibilité et d’en parler, « au cas où… »!