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Joanne Liu invitée aux Grandes Conférences de l’UdeS

« Je crois toujours en l’humain »

La docteure Joanne Liu était de passage à la Faculté de médecine et des sciences de la santé le 23 septembre dernier.
La docteure Joanne Liu était de passage à la Faculté de médecine et des sciences de la santé le 23 septembre dernier.
Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Joanne Liu fait don de sa médecine avec sang-froid aux quatre coins du globe pour aider lors de conflits, d’épidémies ou de catastrophes climatiques. Le 23 septembre, c’est à l’UdeS que la pédiatre urgentiste et ancienne présidente internationale de Médecins Sans Frontières s’est arrêtée l’instant d’une conférence profondément humaine et par moments bouleversante.

Il n’y a pas de geste plus héroïque que celui de soigner des personnes blessées en zone de guerre quand on sait sa propre protection menacée. Pourtant, la sobriété avec laquelle Joanne Liu raconte ses missions à l’étranger confirme qu’elle n’aspire pas à la gloire, mais au bien-être de son prochain.

 Le 3 octobre 2015, il y a eu des frappes aériennes sur notre centre de trauma à Kunduz, en Afghanistan. Quarante-deux personnes sont décédées, dont quatorze de nos collègues, incluant le directeur de l’hôpital, qui est un ami. Personne d’entre nous n’est allé en médecine pour mettre sa vie en danger comme ça.

Pourtant, la docteure Liu n’a jamais cessé de répondre aux appels à l’aide de pays à l'étranger, dont à celui du peuple ukrainien, au printemps 2022. L’UdeS a d’ailleurs tenu à souligner la qualité de ses nombreuses réalisations humanitaires en lui remettant dernièrement un doctorat honorifique.

Faire de la science et de la solidarité des alliées

La santé était l’une des thématiques abordées lors de la conférence. Sans équivoque, la docteure Liu a nommé l’accès aux soins comme grande priorité à l’échelle internationale, en insistant sur la notion d’équité.

Dans les faits, on sait que 6,5 millions de personnes sont décédées de la COVID-19, mais on pense que, indirectement, c’est au moins 17 millions. Dans les pays à faible revenu, les mesures ont entraîné un recul dans la gestion de maladies pour lesquelles on avait fait des avancées incroyables, notamment le VIH, la tuberculose et la malaria.

C'est le vice-doyen aux études médicales prédoctorales de la FMSS, le Pr Éric Lavoie, qui a animé l'entretien de type « entrevue ». 
C'est le vice-doyen aux études médicales prédoctorales de la FMSS, le Pr Éric Lavoie, qui a animé l'entretien de type « entrevue ». 
Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

Selon elle, les pays du G7 devraient faire davantage pour égaliser les chances entre pays fortunés et pays en voie de développement. Elle considère également que le déni scientifique des gouvernements a contribué à la pandémie.

Si tu veux empêcher qu’une éclosion ou qu’une épidémie devienne une pandémie, il faut que ta réponse soit plus rapide que la propagation de ton virus. […] Je prie pour que, la prochaine fois, on ait des autorités qui croient à la science.

Climat : « Oui, vous pouvez faire quelque chose! »

La crise climatique est un autre sujet qui a été largement abordé lors de l’entretien. La position de la docteure Liu est claire : nous devons agir maintenant.

Il faut arrêter de parler des objectifs pour 2050. Qu'est-ce qu'on peut faire aujourd’hui pour éviter le scénario catastrophe? La COVID-19 nous a appris qu’on a de la difficulté à mettre en œuvre de la prévention. Mais être en réaction, ça coûte cher.

Moi, je crois toujours en l’humain. On a été capable de faire un vaccin contre la COVID-19 en seulement 10 mois. Je pense qu’on a les outils pour faire face à n’importe quel défi.

Quant à l’impuissance ressentie face aux changements climatiques, la conférencière s’inspire de ses missions à l’étranger pour nous rappeler que nous détenons du pouvoir à titre de citoyennes et de citoyens.

Ici, on est les constituants d’un gouvernement, donc un a une voix. Si on met de la pression sur celui-ci, à un moment donné, il va écouter. Les gens pensent qu’ils ne peuvent rien faire, mais ce n’est pas vrai. Pour moi, la voix citoyenne est sous-utilisée.

La docteure Liu incite à ne plus fermer les yeux sur la guerre et les autres tragédies qui plongent des communautés entières dans une détresse sans nom. 
La docteure Liu incite à ne plus fermer les yeux sur la guerre et les autres tragédies qui plongent des communautés entières dans une détresse sans nom. 
Photo : Mathieu Lanthier - UdeS

L’ardente défenseuse des droits de la personne a également répondu à quelques questions portant sur la préparation des étudiantes et des étudiants qui aspirent à la profession médicale dans le milieu humanitaire.

Allez travailler sur le terrain! En situation de crise, les repères habituels ne sont pas là. Vous devrez chaque fois réinventer le plan de travail. […] Ce qu’on apprend sur les bancs d’école et ce qu’on apprend à l’école de la vie, ce sont deux choses.

Voilà qui confirme qu’en misant sur la formation pratique, l’UdeS contribue à bien préparer la relève, tous domaines confondus.

À propos de la Grande Conférence du 23 septembre

Après le biologiste David Suzuki, l’astronaute David-Saint-Jacques, le scientifique Yoshua Bengio et l’athlète Jean-Luc Brassard, la série des Grandes Conférences de l’UdeS a invité la communauté à une rencontre avec une personne exceptionnelle au parcours empreint de dévouement et de compassion envers autrui, la docteure Joanne Liu.

« En tant que lieu d’innovations et de nombreuses avancées scientifiques, l’Université de Sherbrooke a un devoir, soit celui d’ouvrir des fenêtres inédites et de créer des conditions propices aux rencontres et aux découvertes », a dit en ouverture de l’événement Martin Bisaillon, secrétaire facultaire et vice-doyen à la vie étudiante et à la santé durable à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. 

Des centaines de personnes ont pris part, en salle et en ligne, à cet entretien unique en son genre, bâti sur mesure à partir de questions recueillies au préalable auprès du public. La conférence a pris la forme d’une entrevue divisée en 5 grands thèmes.


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