Stages en milieu autochtone
Enraciner la collaboration
Miser sur ce qui unit plutôt que sur ce qui différencie. Préférer la collaboration à la division. Voilà la recette derrière le succès du Grand Conseil de la Nation Waban-Aki (GCNWA), organisme de représentation, de développement et d’administration des bandes abénakises d'Odanak et de Wôlinak en Mauricie. Un succès auquel les stagiaires coopératifs de l’Université de Sherbrooke ont la chance de participer.
Le GCNWA, plus grand employeur abénakis au Canada, offre notamment une expertise et des services techniques aux conseils de bande qu’il dessert (ingénierie, architecture, mécanique du bâtiment, entretien, gestion des urgence et sécurité publique, etc.). Au cours des dernières années, l’organisme a accueilli plus de 15 stagiaires issus des programmes de baccalauréat en génie civil et du bâtiment ainsi que de la maîtrise en environnement. Une façon de recruter de nouveaux talents, certes, mais aussi de permettre à ces jeunes de vivre une expérience réflexive et de collaboration avec les Premiers Peuples, indique son directeur général, Denys Bernard.
« Nous vivons tous sur le même territoire. Pourquoi ne pas trouver nos points et objectifs communs pour ensuite travailler ensemble à les réaliser? C’est le discours que nous tenons auprès de tous les intervenants », raconte le directeur général du GCNWA, qui emploie près de 95 personnes, dont une trentaine directement issues des communautés autochtones.
Ensemble, nous sommes toujours plus forts, enchaîne celui qui est aussi diplômé en géographie physique à l’UdeS. Pour nous, le plus gratifiant, c’est de voir qu’après leur séjour chez nous, les stagiaires nous remercient de les avoir aidés à se développer professionnellement et de leur avoir montré la force de la collaboration ainsi que la belle culture abénaquise.
Contribuer à améliorer les choses
Originaire de Yamachiche, Raphaël Rocheleau a effectué son premier stage en génie du bâtiment au GCNWA, alors que certains lui déconseillaient de le faire, nourris par quelques préjugés tenaces lorsqu’il est question de travailler avec et pour les Premiers Peuples : gêne, peur de l’autre, fermeture, etc.
« Lorsque je disais que je m’en allais faire un stage en milieu autochtone, plusieurs personnes me disaient que ce ne serait pas facile, que les communautés ne nous laisseraient pas facilement faire notre travail, même si l’objectif était de les aider », se remémore l’étudiant de 23 ans, qui a réalisé deux autres stages depuis son passage au GNCWA.
« Le fait que le Grand Conseil serve d’intermédiaire entre les différents paliers gouvernementaux et les communautés facilite beaucoup les choses, enchaîne-t-il. J’ai d’ailleurs trouvé très intéressant que l’on embauche des travailleurs issus des différentes communautés. C’est une excellente façon de s’assurer d’une bonne collaboration. »
Contribuer à l’amélioration de la qualité de vie de la population au sein des différentes communautés a beaucoup stimulé celui qui aussi appris à mieux connaître les enjeux et à augmenter sa sensibilité aux réalités sociales, géographiques et culturelles des peuples autochtones.
J’ai eu la chance de me rendre dans certaines communautés avec un ingénieur d’expérience qui connaissait bien les coutumes autochtones ainsi que les sujets plus sensibles avec lesquels naviguer avec doigté, raconte Raphaël. Au final, nous avons été bien accueillis partout où j’ai passé.
« Nous étions là pour aider les familles à améliorer leur milieu de vie. J’ai beaucoup apprécié avoir ce type d’impact dans mon stage », termine-t-il.