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Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie

Devenir maman avant son temps : les causes et les conséquences

Madeleine Prévost-Lemire, étudiante au doctorat en psychoéducation
Madeleine Prévost-Lemire, étudiante au doctorat en psychoéducation
Photo : Fournie

Une jeune chercheuse de l’UdeS a reçu toute une bouffée de motivation pour son travail de recherche sur les jeunes mères grâce à une distinction reçue du Fonds de recherche du Québec pour le volet Société et culture (FRQSC).


Madeleine Prévost-Lemire, étudiante au doctorat en psychoéducation, s’est récemment vu remettre le prix Relève étoile Paul-Gérin-Lajoie du FRQSC. Prix qui lui est arrivé comme une confirmation de ses compétences, alors qu’il s’agissait de son tout premier article scientifique.

Quand on commence, c’est difficile de faire sa place en recherche. C’était aussi mon premier article, donc j’avais vraiment un regard critique sur ce que j’aurais pu faire différemment. Mais là, de recevoir cette reconnaissance, ça a été toute une tape dans le dos. Je me suis dit, ce n’est peut-être pas parfait, mais c’est suffisamment bon pour se démarquer parmi bon nombre d’étudiants et d’étudiantes en recherche.

La maternité précoce sous la loupe

Madeleine s’intéresse particulièrement au trauma complexe dans le cadre de ses recherches. C’est d’ailleurs ce qui l’a amenée à étudier les symptômes traumatiques associés à la maternité précoce chez les jeunes femmes qui ont reçu des services des centres de protection de la jeunesse durant leur adolescence.

Qu’est-ce que le trauma complexe?
Pour qu’un trauma soit considéré comme complexe, l’événement traumatique doit être prolongé dans le temps, être sévère et s’accompagner de violence interpersonnelle, c’est-à-dire subie dans une relation avec quelqu’un dont on est proche.

J’ai participé, à la fin de mon bac, à la Journée de la recherche en psychoéducation. C’est là que j’ai rencontré Geneviève Paquette, qui m’a proposé plusieurs beaux sujets de recherche pour mon mémoire.

Cette rencontre avec la professeure Geneviève Paquette a été si déterminante, que cette dernière est devenue sa directrice de maîtrise. À titre d’assistante de recherche pour la professeure, Madeleine a eu la chance de réaliser des entrevues auprès de jeunes mères qui ont vécu un placement.

Le fait d’avoir passé les entrevues, d’avoir rencontré les jeunes mères, ça m’a donné envie d’aller plus loin dans le processus de recherche.

Des symptômes plus déterminants que d’autres

Son article sur les symptômes traumatiques associés à la maternité précoce est le résultat de son mémoire de maîtrise. Par sa recherche, Madeleine tentait de déterminer quels facteurs, quels symptômes pouvaient influencer les probabilités d’une grossesse précoce.

Je me concentre sur les symptômes traumatiques. Si cette jeune femme a le symptôme de la colère, par exemple, est-ce que ses probabilités de connaître une grossesse précoce sont accrues?

Elle a ainsi découvert que 3 symptômes jouaient un rôle déterminant dans le fait de connaître ou non une maternité précoce, soit la colère, les perturbations sexuelles et les idées suicidaires.


Si le symptôme de la perturbation sexuelle augmente de façon significative le risque de maternité précoce, les deux autres symptômes, quant à eux, diminuent considérablement cette probabilité.

-  Le symptôme de la colère peut diminuer jusqu’à 5 fois le risque de grossesse avant l’âge de 21 ans des femmes qui ont vécu un placement.

-  Les symptômes liés aux idées suicidaires peuvent diminuer jusqu’à 7 fois ce risque.

-  Le symptôme associé aux perturbations sexuelles peut quant à lui augmenter jusqu’à 8 fois ce même risque.

Quand on sait que les jeunes femmes qui ont reçu des services en centres de protection de la jeunesse ont plus de risques de vivre une grossesse précoce, je trouve ça intéressant de découvrir que certains symptômes traumatiques peuvent, au contraire, réduire ce risque.

La maternité précoce, que négative?

La maternité précoce est généralement associée à une panoplie de conséquences négatives, telles qu’une santé mentale plus fragile, un faible statut socioéconomique et un faible niveau d'éducation.

Mais, un haut niveau de colère, même si ça réduit la probabilité de vivre une maternité précoce, ce n’est pas quelque chose qu’on veut encourager.

« De savoir quels symptômes traumatiques sont associés à la maternité précoce, ça change la façon dont on intervient avec ces jeunes femmes-là, poursuit l'étudiante. En ce moment, il y a beaucoup de travail qui est fait pour prévenir la maternité précoce, mais de plus en plus, on se rend compte que ça peut représenter pour elles un événement positif. »

S’il y a autant de femmes qui ont vécu des placements qui deviennent maman très tôt, peut-être vont-elles y chercher quelque chose?

Plusieurs articles scientifiques évoquent les aspects positifs de la maternité chez ces femmes, notamment une nouvelle stabilité dans une vie jusqu’alors chaotique ou le fait d’obtenir un statut d’adulte ou de personne responsable.

Je me suis inspirée de ces articles, j’ai eu envie d’aller voir jusqu’où l’aspect positif peut aller. Ma recherche doctorale, ce qu’elle vise, entre autres, c’est aller voir comment être mère peut jouer ou non un rôle dans le rétablissement du trauma complexe de ces femmes.


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