Selon une étude de l'UdeS
Les provinces peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre les changements climatiques
Le gouvernement du Québec réussit à pallier l'inaction d'Ottawa dans la mise en œuvre des accords internationaux en environnement, selon une recherche menée à l'Université de Sherbrooke et présentée aujourd'hui dans le cadre du Congrès de l'ACFAS.
«Même si le Canada et les États-Unis se sont désengagés au niveau fédéral, il se passe des choses sur le plan environnemental, souligne la chercheuse Annie Chaloux, chargée de cours à l'École de politique appliquée de l'Université de Sherbrooke. La dénonciation du Protocole de Kyoto par le Canada est compensée en partie par le Québec.»
En compagnie de son collègue Hugo Séguin, conseiller principal chez Équiterre et également chargé de cours à l'Université, Annie Chaloux a fait une analyse exhaustive des actions posées par le gouvernement du Québec en matière de lutte aux changements climatiques au cours des 15 dernières années.
Selon leurs conclusions, la province se distingue par son engagement en faveur des ententes internationales. «En tant que province, le Québec n'est pas signataire du Protocole de Kyoto. Pourtant, le gouvernement provincial répond à de nombreuses obligations auxquelles se sont engagés les pays signataires», mentionne la chercheuse.
Québec s'est notamment engagé à atteindre la cible de 6 % sous les niveaux de 1990, ce qui se rapproche grandement des objectifs canadiens. Le gouvernement tient également un inventaire de ses émissions en plus de rendre compte annuellement de la mise en œuvre de son plan d'action.
«Le Québec en fait beaucoup plus que ce qu'il est obligé de faire. La province a décidé de ne plus attendre la mise en œuvre d'un éventuel plan canadien. Elle agit dans ses champs de compétences, sans l'aide d'Ottawa, indique Annie Chaloux.
Le Canada abandonne la lutte
Une participation active d'Ottawa permettrait aux provinces comme le Québec d'aller beaucoup plus loin en matière d'environnement. «Le fédéral pourrait imposer certaines réglementations ou législations aux provinces ou, à tout le moins, leur octroyer un financement pour leurs projets environnementaux, précise la chercheuse. Présentement, il ne fait ni l'un ni l'autre.»
«Il est donc clair que le gouvernement fédéral a abandonné la lutte aux changements climatiques. La réélection du Parti conservateur pour les quatre prochaines années n'améliorera pas les choses. Présentement, c'est l'approche albertaine qui prône à Ottawa. Le Parti conservateur est d'ailleurs le seul qui n'avait aucune plateforme environnementale lors des dernières élections», ajoute-t-elle.
Les États fédérés agissent
Pendant ce temps, plusieurs autres États fédérés, au Canada comme aux États-Unis, ont mis en place des mesures environnementales qui compensent en partie l'inaction de leur gouvernement. «On pourrait faire une autre étude de cas sur la Californie qui, comme le Québec, agit dans le dossier des changements climatiques», indique la chercheuse.
L'étude menée par Annie Chaloux et Hugo Séguin apporte de l'eau au moulin du gouvernement du Québec, qui souhaite que les États fédérés aient plus de pouvoir lors des négociations.
Pour le moment, seul le Canada peut négocier les conventions internationales. Les provinces se contentent de participer aux forums parallèles et de pouvoir siéger à l'intérieur de la délégation canadienne. «Les États fédérés devraient être mieux reconnus dans les processus de négociation, d'autant plus que l'environnement fait souvent partie de leur champ de compétences», conclut Annie Chaloux.