Carnets de voyage
L'Inde : une culture extraordinaire qui éveille les cinq sens
Joindre les exigences académiques pour ma maîtrise et favoriser un meilleur développement personnel : voila ce qui résumerait bien mon séjour en Inde. Au lendemain de la première couche de neige de novembre, je me suis envolé pour l'Asie, plus précisément pour l'Inde, en vue de compléter ma formation en politique internationale à l'UdeS. Pour ce faire, le Vidya Knowledge Park, un centre d'enseignement regroupant les niveaux scolaire, collégial et universitaire, a bien voulu m'accueillir. Mon stage s'effectue par l'entremise de l'AIESEC de l'Université de Sherbrooke, une association internationale qui encourage les échanges outre-frontières.
En partant, je me suis fixé pour objectif d'appliquer les connaissances universitaires face aux exigences du milieu professionnel. Je voulais également confronter ma culture maternelle (de Madagascar) et mon brin de Québécois à la culture indienne. Mais au fil des évènements, mon imprégnation aux réalités de l'Inde m'a fait découvrir de bien bonnes surprises que jamais je n'aurais pu imaginer avant mon départ, ce malgré les livres et les reportages que j'ai consultés.
Choc culturel
La documentation préalable que j'ai consultée avant mon arrivée en Inde ne m'a pas épargné du fameux choc culturel.
À la suite du long voyage et de la dizaine d'heures de décalage, 15 heures de sommeil ont suffi à me remettre en forme. Il faut dire aussi que j'ai été réveillé par l'appel des marchands ambulants et le concert perpétuel de klaxons des véhicules dans la circulation dense de la capitale.
Dès ma première sortie, les ruelles animées m'ont donné l'image de la rue Sainte-Catherine pendant les heures de pointe, mais avec quatre à cinq fois plus de monde. Comme je voulais souper, j'ai dû marcher une bonne demi-heure en refusant plusieurs propositions de tireurs de rickshaws – des véhicules typiquement asiatiques tirés par un vélo – avant de trouver un bon restaurant. Une toute première expérience avec la nourriture abondamment pimentée de l'Inde m'accueillait. Comme je m'y attendais, les plats indiens sont toujours assaisonnés d'épices piquantes mais non moins succulentes. De par l'influence de la religion, les Indiens sont majoritairement végétariens. Ce qui constituait un grand défi pour moi qui suis un grand amateur de viande.
Le quotidien…
Ce qui m'a le plus interpellé, c'est la spiritualité des gens. La méditation y est à sa place. Originaire de l'Inde, le yoga est pratiqué par de nombreuses personnes comme religion ou encore comme simple exercice de relaxation. Partout on trouve des centres de méditation. À tous les coins de rue s'érigent également des édifices religieux consacrés aux nombreux dieux.
J'ai été étonné d'apprendre d'un fameux auteur indien appelé Aravind Adiga, dans son ouvrage The White Tiger, que de par son caractère séculaire, l'Inde possède 36 millions de divinités. On retrouve beaucoup de personnages divins et d'idoles et les signes religieux sont partout. Chacun essaie de vivre et de montrer sa conviction spirituelle par sa tenue vestimentaire et par de fréquents gestes symboliques.
Néanmoins, mis à part la religion, tous partagent certains caractères communs. Les Indiens se rendent serviables, ils sont constamment souriants et à l'affût des moindres besoins des étrangers. Ils sont également avides de découvrir d'autres cultures. Parfois même balbutiant l'anglais, ils désirent converser et connaître Madagascar, le Québec et le Canada. Ils discutent avec une humilité et une simplicité telles qu'ils nous font oublier que l'Inde est une puissance internationale en émergence et qui comptera d'ici peu parmi les grands acteurs internationaux.
Le gouvernement indien entreprend des efforts louables pour l'intégration des minorités vulnérables : femmes, enfants lésés, castes et classes inférieures. C'est même l'un des piliers sur lesquels le régime fonde sa politique de développement. Les enfants sont protégés de tout abus, et le droit des personnes vulnérables et des femmes y est promu. Même les rames de métro possèdent un compartiment spécial pour les femmes, histoire de les encourager à prendre une plus grande place dans la société.
Dans tout ce décor, j'accorde néanmoins la priorité à l'atteinte des objectifs académiques de mon stage. Entre autres, je donne des conférences et des séminaires sur les enjeux internationaux à des étudiants à la maîtrise en management et en gestion des affaires (MBA), je fais des recherches sur l'application des Objectifs du millénaire pour le développement en Inde et j'observe, par l'intermédiaire de mon implication dans les activités académiques, les différentes approches d'un gestionnaire dans un contexte international global.
À l'issue du stage, vers le mois de février, j'entends revenir au Québec en ayant rempli les exigences pour l'obtention de mon diplôme. Je retiendrai surtout de l'Inde la joie de vivre en toute circonstance et qu'il faut avoir une meilleure attention pour l'instant présent et pour autrui. Je ne manquerai pas ma petite méditation en position de lotus avant de dormir. Par-dessus tout, je reviendrai à Sherbrooke avec la conviction que dans la vie quotidienne, une bonne dose de patience est toujours profitable.
Si j'avais le talent et les compétences pour écrire, je pourrais faire de cette aventure indienne un best-seller, car bien au-delà de la beauté du pays et de ses sites touristiques – dont le Taj Mahal, Pink City et bien d'autres temples et sanctuaires – l'Inde renferme une culture extraordinaire qui peut combler les cinq sens. Seule une visite assez prolongée du pays pourrait permettre de découvrir et d'apprécier cette culture.