L'UdeS fièrement représentée
Une chargée de cours sélectionnée par la Croix-Rouge pour un projet pilote pancanadien
Alors que le monde entier vibre encore au son de la détresse haïtienne depuis les évènements du 12 janvier 2010, les âmes missionnaires sont toujours aussi nombreuses à vouloir prêter main-forte aux sinistrés. Vicky Chainey, chargée de cours à forfait à l'École de politique appliquée, n'y fait pas exception. L'excellence de sa candidature a été reconnue lors d'un projet pilote de la Croix-Rouge canadienne en Haïti.
Coordonnatrice de trois simulations SOS Catastrophe pour l'École de politique appliquée et bénévole pour la Croix-Rouge depuis quatre ans, Vicky Chainey a été la seule candidate féminine à représenter le Québec lors de cette mission d'aide humanitaire. Du 12 septembre au 12 octobre, elle s'est vu confier le poste de responsable de projet en gestion des risques et désastres. Somme toute, six candidats recrutés à travers le pays ont été sélectionnés pour réaliser des mandats distincts dans le cadre de ce projet.
De la prévention à la réalité
Concrètement, le mandat de Vicky Chainey consistait à mettre en œuvre les mesures de mitigation en cas de sinistre pour la population du Sud-Est d'Haïti. La situation étant devenue très précaire depuis le tremblement de terre, elle affirme que ce type d'intervention est un moyen efficace pour amoindrir les impacts d'une seconde catastrophe naturelle. Ironie du sort, les mesures mises en place par la jeune femme ont dû être appliquées quelques jours après son départ en raison de l'ouragan Thomas.
Attristée par les évènements, elle avoue être grandement soulagée d'avoir pu mener sa mission à terme : «Jamais je n'aurais pu imaginer que la nature s'acharnerait coup sur coup sur un peuple si ébranlé! Heureusement, ils pourront user des outils que nous avons mis à leur disposition lors de notre mission. Je me rassure en pensant aux nombreuses actions préventives que nous avons effectuées, notamment aux toitures que nous avons solidifiées pour éviter que les débris emportés par les rafales de vent ou le courant des eaux ne blessent quelqu'un sur leur passage.»
Trois villes, trois réalités
Les secousses du séisme ont laissé derrière elles un paysage hétéroclite qui confronte les habitants à des réalités bien différentes. Dans la capitale de Port-au-Prince, la situation est pénible : les deux millions d'habitants qui logeaient dans les édifices se retrouvent en grande partie confinés dans le même périmètre!
«Les parcs sont les seuls sites à ne pas être envahis par les décombres urbains; les tentes y sont toutes érigées, sans la moindre perte d'espace», affirme-t-elle. Dans des conditions sanitaires aussi précaires, les habitants de Port-au-Prince sont très vulnérables face à l'épidémie de choléra qui a pris naissance au nord du pays.
À Léogâne, l'épicentre du séisme, 90 % des maisons ont été littéralement rasées. «Les organismes humanitaires tentent de mettre en place des abris temporaires fabriqués de matériaux solides, mais certains ne sont pas habités en permanence parce que les Haïtiens demeurent très anxieux; ils sont terrifiés à l'idée que tout s'effondre de nouveau», explique la chargée de cours.
À Jacmel, les autorités estiment que le tiers des familles ont perdu leur maison lors du séisme. Située de l'autre côté de l'île, la ville repose sur un relief montagneux et les routes en terre battue compliquent les déplacements. «La moindre précipitation de pluie alerte les habitants, explique Vicky Chainey, car elle peut provoquer systématiquement une inondation. Je me souviens d'une expédition où nous avons pris 4 heures et demie pour franchir une distance de 83 km. La voiture restait coincée dans les chemins boueux et nous devions traverser des rivières dont le niveau d'eau avait dépassé la portière en moins d'une heure.
Un peuple pointé du doigt
Malgré les nombreuses manifestations de compassion à l'égard du peuple haïtien, celui-ci est souvent l'objet de mépris, prisonnier de l'image d'un peuple lâche et corrompu. Selon Vicky Chainey, il faut abolir ce mythe : «Le peuple haïtien a la ferme volonté de se rebâtir et il a amplement fait preuve de ténacité jusqu'à maintenant pour que nous puissions continuer d'entretenir un tel jugement! Dans les médias, la situation semble stagnante, mais elle avance, lentement certes, mais elle avance», dit-elle.
Après le plan B, un plan C
Le pays doit composer avec des infrastructures inefficaces et un climat imprévisible, ce qui ralentit significativement le processus de restructuration : importation par voie navigable, pannes d'électricité fréquentes, accès routiers limités, etc. «Ne jamais planifier à long terme, c'est une chose que j'ai apprise lors de mon séjour! Je suis arrivée en Haïti la tête pleine de projets structurés, mais j'ai rapidement réalisé à quel point nous sommes constamment butés à des imprévus de taille. Il reste beaucoup à faire, mais il faut prendre un jour à la fois», conclut-elle.