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Journées de la persévérance scolaire 2023

Favoriser la réussite des personnes étudiantes avec troubles d'apprentissage spécifiques

Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante en pédagogie à la Faculté d’éducation
Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante en pédagogie à la Faculté d’éducation
Photo : Michel Caron UdeS

La persévérance scolaire est une préoccupation de premier ordre pour notre société. C’est depuis 2018 que Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante en pédagogie à la Faculté d’éducation, se penche sur le sujet, plus particulièrement concernant les étudiantes et étudiants présentant des troubles d'apprentissage spécifiques (ETAS). La doctorante compte déposer son projet de thèse à la fin de cette session et nous en dévoile les grandes lignes.

Dirigée par le professeur Jean Gabin Ntebutse et la professeure Nadia Rousseau, Nkiruka Nonye Enyindah étudie les rapports entre les stratégies d’apprentissage et les technologies d'apprentissage favorisant la persévérance scolaire des ETAS universitaires. Pour sa thèse, le concept de persévérance est ce qui implique la poursuite du programme d’études par la personne étudiante jusqu’à sa diplomation.

La portée de notre recherche est de comprendre le lien entre l'utilisation des technologies d'aide et des stratégies d'apprentissage pour favoriser la persévérance des ETAS en s'appuyant sur un modèle conceptuel qui reconnaît la structure et la fonction de la mémoire des ETAS ainsi que de créer un modèle intégratif de la persévérance académique pour les ETAS. 

Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante en pédagogie

Stratégies d’apprentissage et technologies d’aide

Spécifiquement, la doctorante veut cibler les stratégies d’apprentissage utilisées par les ÉTA qui persévèrent jusqu’à l’obtention de leur diplôme et identifier les technologies d’aide souvent utilisées par ceux-ci. Ainsi, elle pourra analyser les rapports entre l’utilisation de stratégies d’apprentissage et les technologies d’aide sur la persévérance académique des ÉTA.

Pour utiliser efficacement les technologies d'aide à la persévérance scolaire, les personnes étudiantes doivent adopter des stratégies d'apprentissage efficaces. C’est en partie pourquoi Nkiruka Nonye Enyindah a pris la décision de travailler sur le sujet.

Connaissances limitées au Québec

Les connaissances sont limitées au Québec par rapport à la situation des personnes étudiantes universitaires ayant des troubles d'apprentissage, en ce qui a trait à la validation des stratégies d’apprentissage et des technologies d’aide utilisées pour soutenir la persévérance aux études des ETAS.

« Au Québec, à notre connaissance, il y a très peu d'études qui considèrent le fonctionnement de mémoire des ETAS face aux stratégies. En plus, les déterminants de la persévérance souvent utilisés comme facteurs pour évaluer la persévérance scolaire semblent se baser sur les modèles créés pour les étudiants sans incapacités, négligeant ainsi certains éléments pertinents aux ETAS. Dans beaucoup de recherches scientifiques à notre connaissance, ces éléments sont souvent ignorés », déplore la doctorante.

L'analyse documentaire réalisée au cours de cette recherche a soulevé de nombreuses questions : « Pourquoi recourir au modèle (psychologie cognitive) jugé inadéquat pour le traitement de l'information pour examiner, enseigner et apprendre les stratégies d'apprentissage aux ETAS? Ne cherchons-nous pas à normaliser ce groupe d'étudiants? Serait-ce un indice du taux élevé d'abandon scolaire parmi eux, malgré les soutiens, les accommodements ou autres stratégies mis en place par les universités? »

Qu’est-ce que les troubles d'apprentissage spécifiques?

Les troubles d'apprentissage spécifiques sont les troubles associés « à un domaine particulier, comme la compréhension du langage oral, le raisonnement, l’expression orale, l’écriture, l’orthographe ou les calculs mathématiques. On peut ici penser à la dyslexie, à la dysorthographie et à la dyscalculie ». Donc, il s’agit de dysfonctionnements isolés, sans déficience intellectuelle globale.

En d’autres termes, les troubles d'apprentissage spécifiques sont donc des troubles qu’une personne étudiante peut présenter dans les apprentissages scolaires : dans le domaine du langage, de la lecture, de l’écriture, de l’orthographe et du calcul, et ces difficultés durables et résistantes vécues par l’étudiant ne peuvent être attribuées à un retard intellectuel, pas plus qu’à un handicap sensoriel ou à des conditions défavorables concernant l’environnement. La mise en place de différents modes d’encadrement (accommodement pédagogique, technologie d’aide, plan d’enseignement individualisé [PEI], etc.) devient nécessaire pour l’adaptation de la personne et sa rééducation dans son apprentissage.

Dans le cadre de notre recherche, nous nous focalisons sur les troubles d’apprentissage en lecture (dyslexie), en écriture (dysorthographie) et en calculs mathématiques (dyscalculie).

Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante

Plus d’une partie des fonctions cognitives de l’individu peuvent être affectées par ces troubles; c’est ce que l’on appelle la comorbidité, et ce, conformément à la définition proposée par l’Individuals with Disabilities Education Improvement Act [IDEA] comme étant un trouble d’un ou de plusieurs des processus psychologiques de base impliqués dans la compréhension ou l’utilisation du langage parlé ou écrit, et qui se manifeste par une déficience de la capacité d’écouter, de penser, de parler, d’écrire, d’épeler ou de faire des calculs mathématiques. Il s’agit donc du dysfonctionnement d’au moins deux troubles cognitifs combinés étant donné que, selon certaines études scientifiques, la majorité des ETAS ne souffrent pas d’un seul trouble. Cela se distingue d’autres types de troubles d’apprentissage, par exemple les troubles d’apprentissage verbal, perceptuel et général.

Les retombées de la recherche

Du point de vue scientifique, cette recherche permettra, dans un premier temps, d’étudier les stratégies d’apprentissage sous l’angle d’un modèle qui tient compte de la structure cognitive défectueuse du système de traitement de l’information des ETAS. À la connaissance de Nkiruka Nonye Enyindah, cette étude sera la première au Québec. 

Dans un deuxième lieu, elle permettra de créer un modèle intégratif de la persévérance et de l’abandon scolaires des ETAS. Les recherches actuelles sur ce concept tentent de se baser sur les modèles contemporains qui ne tiennent  pas en compte certains enjeux des ETAS.

Les résultats de cette étude contribueront grandement à améliorer nos connaissances sur les facilitateurs et les obstacles à la persévérance et à l’abandon scolaires des étudiants universitaires souffrant des troubles d'apprentissage spécifiques, ce qui pourrait aider à réduire les abandons scolaires parmi cette population. À long terme, les connaissances vont favoriser les recherches futures qui s’articuleront autour de facteurs de persévérance et d’abandon scolaires des ETAS dans nos universités.

Nkiruka Nonye Enyindah, doctorante 

Quant à la pertinence sociale, la présente recherche contribuera à la réduction de l’inégalité socioprofessionnelle existant entre les personnes présentant des ETAS et celles sans incapacités en milieu de travail, et de mieux appréhender l’influence des études universitaires des ETAS sur leurs vies professionnelles.

Journées de la persévérance scolaire 

Dans le cadre des Journées de la persévérance scolaire du 13 au 17 février 2023, la Faculté d’éducation se joint au mouvement de sensibilisation et de mobilisation soulignant l’importance de s’engager auprès des jeunes et de les encourager dans leurs efforts vers la réussite. Sous le thème « Bien entourés, les jeunes peuvent PERSÉVÉRER », cette édition met à l’honneur l’entourage des jeunes pour reconnaître son apport primordial dans la motivation, la résilience et la confiance en soi de chaque jeune.


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