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Santé et mieux-être des Premiers Peuples

Tracer de nouveaux chemins en santé autochtone : Regards croisés de trois leaders en action

Pre Sharon Hatcher, Dre Louise-Josée Gill et M. Guy Drouin
Pre Sharon Hatcher, Dre Louise-Josée Gill et M. Guy Drouin
Photo : Montage

Qu’ont en commun une médecin de famille innue pratiquant dans sa communauté, une professeure allochtone plaidant depuis 15 ans pour l’importance de la santé autochtone auprès de différentes instances québécoises et canadiennes et un coordonnateur engagé qui carbure aux défis? Ces personnes émergent comme modèles de rôles autochtone-allochtones et comme architectes du changement qui tracent la voie vers des pratiques plus inclusives et respectueuses en santé et mieux-être des Premiers Peuples.

Ensemble pour et avec les peuples autochtones

Dre Louise-Josée Gill, Pre Sharon Hatcher et M. Guy Drouin forment une équipe redoutable, mais il n’est pas question de travailler en vase clos, certainement pas. Ce trio veille en priorité à développer et à approfondir des relations de partenariat significatives avec les personnes et communautés autochtones en utilisant des approches fondées sur la cocréation et la sécurité culturelle.

D’ailleurs, depuis le printemps 2021, un groupe de concertation en santé autochtone a été créé à la Faculté de médecine et des sciences de la santé (FMSS). Il inclut des partenaires de différentes communautés à travers le Québec (Mashteuiatsh, Wôlinak, Odanak, Pessamit, Elsipogtog) et des actrices et acteurs (membres du corps professoral, personnes professionnelles, étudiantes et étudiants) de plusieurs programmes de la Faculté sur les différents campus et sites (Longueuil, Moncton, Saguenay, Sherbrooke).

Le mandat de ce groupe est de se concerter et d’explorer comment la FMSS va répondre aux besoins de santé des peuples autochtones, notamment en lien avec les recommandations de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada. Il vise également à développer conjointement une vision et une mission spécifique liée à la thématique. Deux sous-comités s'affairent aussi : Appui aux programmes et Leadership et partenariats.

Sensibilité et humilité

La thématique Santé et mieux-être des Premiers Peuples constitue un vaste thème auquel il est nécessaire de s’attarder avec sensibilité et humilité. À la FMSS, cela se traduit par une reconnaissance de l’unicité des Premières Nations, Inuit et Métis dans leur culture et leur autodétermination ainsi qu’une prise en compte des enjeux sociaux et de santé propres à leur réalité.

Les enjeux de grandes iniquités en santé pour les populations autochtones du Québec ne sont pas de l’histoire ancienne, ce sont des réalités très actuelles; c’est la vérité, aussi difficile qu’elle puisse paraître.

Pre Sharon Hatcher, directrice du Bureau de la responsabilité sociale et coresponsable de la thématique Santé et mieux-être des Premiers Peuples

Sharon Hatcher, professeure titulaire au Département de médecine de famille et de médecine d'urgence, exerce la médecine de famille depuis près de 40 ans. Pratiquant dans la région du Saguenay – Lac-Saint-Jean, elle profite d'une longue expérience auprès de personnes innues et atikamekws. Elle admet avoir commis des erreurs, appris, grandi et affirme essayer surtout d’appliquer en toute humilité les principes de décolonisation et de coconstruction avec les collègues et amis autochtones.

Pre Sharon Hatcher, Dre Louise-Josée Gill et M. Kévin Bacon ont mené une tournée des GMF-U à l'automne 2023, de Saguenay à Moncton, en passant par Sherbrooke et Longueuil, dans le but de former les résidentes et résidents en médecine de famille en sécurisation culturelle.
Pre Sharon Hatcher, Dre Louise-Josée Gill et M. Kévin Bacon ont mené une tournée des GMF-U à l'automne 2023, de Saguenay à Moncton, en passant par Sherbrooke et Longueuil, dans le but de former les résidentes et résidents en médecine de famille en sécurisation culturelle.
Photo : fournie

Originaire de la Première Nation des Pekuakamiulnauatsh, Dre Louise-Josée Gill croit que la santé et le mieux-être des Premiers Peuples impliquent qu'il faut se montrer plus créatifs et surtout plus attentifs aux besoins des patientes et patients autochtones. Selon elle, il faut apprendre à mieux connaître les différentes nations autochtones afin de posséder une pratique en santé adaptée.

Nous avons trop d'exemples de méconnaissance face aux Premiers Peuples dans le système de santé; il faut absolument que le vent change et que nos institutions d'enseignement favorisent l'enseignement des soins sécurisants pour tous. Je crois sincèrement ''qu'autochtoniser'' nos soins de santé sera bénéfique pour toutes les patientes et tous les patients, et non exclusivement pour les membres des Premiers Peuples.

Dre Louise-Josée Gill, médecin de famille au Centre de santé de Mashteuiatsh ainsi qu’à l’Hôpital de Roberval et professeure d'enseignement clinique au Saguenay – Lac-Saint-Jean

Dans son rôle d’agent de liaison et de coordonnateur aux affaires autochtones, M. Guy Drouin a le mandat de contribuer au bien-être et à la réussite des personnes étudiantes issues des Premières Nations et Inuit au sein de la FMSS.

Pour moi, la santé et le mieux-être des Premiers Peuples signifient de réveiller la part d’humanité en nous pour contribuer à la réconciliation et à la guérison. C’est inclure une vision et une approche sécurisantes dans le continuum de formation et de soins pour que toutes les personnes autochtones puissent évoluer dans des environnements exempts de préjugés!

Contribution à la réconciliation

D’abord et avant tout, il est nécessaire de reconnaître les effets pervers de l’historique de colonisation et de discrimination et du trauma transgénérationnel influençant directement les problématiques psychosociales et de santé des personnes et des communautés autochtones au Québec et au Canada.

Notre génération a la possibilité de travailler à la réparation du passé et de réaliser des avancées plus rapides pour le mieux-être des Premiers Peuples. C’est ça la réconciliation : l’avenir de toute notre société en dépend, j’en suis convaincue.

Sharon Hatcher

M. Guy Drouin discute avec Zélia, Karim et Tania, sous le regard intéressé de l'Aîné innu Grégoire Canapé, lors de la Mini-école de médecine et sciences de la santé tenue dans la communauté de Mashteuiatsh au Saguenay – Lac-Saint-Jean, à l'automne 2023, dans le but d'inciter les jeunes du secondaire à devenir des professionnelles et professionnels de la santé. 
M. Guy Drouin discute avec Zélia, Karim et Tania, sous le regard intéressé de l'Aîné innu Grégoire Canapé, lors de la Mini-école de médecine et sciences de la santé tenue dans la communauté de Mashteuiatsh au Saguenay – Lac-Saint-Jean, à l'automne 2023, dans le but d'inciter les jeunes du secondaire à devenir des professionnelles et professionnels de la santé. 
Photo : fournie

Pour Guy Drouin, conseiller en orientation, c’est une grande fierté de collaborer, dans une certaine mesure, à l’autodétermination des Premiers Peuples. C’est comme si toutes ses expériences professionnelles et personnelles l’avaient mené à ce poste de coordination. Teintée par son parcours de vie, par sa carrière de 25 ans de soutien auprès de clientèles diversifiées incluant des populations marginalisées et par ses 30 ans de bénévolat auprès de la jeunesse, son approche constructiviste est maintenant centrée sur le codéveloppement, sur la réflexivité et sur les microajustements comportementaux permettant de composer avec les forces et les limites et ainsi de favoriser le développement optimal de chaque individu. Avec détermination, il soutient :

Nous avons une opportunité unique de travailler à la réconciliation entre nos cultures! Œuvrer au bien-être des Premiers Peuples, c’est une façon de réparer l’histoire, mais également une occasion de développer notre humanisme!

Le plan d’action facultaire, en accord avec le plan d’action institutionnel pour et avec les peuples autochtones, vise notamment à former des professionnelles et professionnels de la santé détenant les compétences requises pour offrir des soins culturellement adaptés et sécuritaires aux personnes autochtones.

Étant moi-même innue et travaillant au sein de ma communauté, je constate les écarts entre la médecine que j'ai apprise et celle qui serait plus adaptée à mes patientes et patients. Il faut parfois déconstruire certaines pratiques pour devenir plus sécurisants. Je me fais un devoir que les futures générations de personnes diplômées soient plus outillées à une pratique sécurisante.

Louise-Josée Gill

Thématique à visée claire

Les objectifs des activités en lien avec la thématique Santé et mieux-être des Premiers Peuples du BRS ont pour but d’informer, de sensibiliser et de mobiliser toute la communauté facultaire, incluant les personnes étudiantes, professeures, chercheures, cliniciennes, professionnelles, gestionnaires et du personnel.

Toutes et tous devraient se sentir concernées et concernés, car l’histoire des Premiers Peuples de ce territoire est notre histoire aussi, à chacune et à chacun d’entre nous.

 Sharon Hatcher

Ultimement, le BRS souhaite soutenir les programmes pour que toutes les diplômées et tous les diplômés de la FMSS puissent acquérir suffisamment de compétences en sécurité culturelle pour ne pas contribuer à d’autres traumatismes pour les personnes autochtones qui consultent dans le système de santé et que plusieurs d’entre eux deviennent des personnes alliées et des agents de changement dans le processus de réconciliation.

Comme coresponsable de la thématique, je cherche à permettre aux personnes qui œuvrent et qui étudient à la Faculté de connaître nos belles cultures. La thématique se révèle plus large que la simple pratique en santé, elle touche une population entière de manière holistique, c'est-à-dire la santé, les savoirs ancestraux, l'histoire, etc.

Louise-Josée Gill

De toute évidence, ce dynamique trio travaille concrètement à inspirer la communauté facultaire, à créer des liens durables avec les communautés et les institutions autochtones, à soutenir les personnes étudiantes pour qu’elles atteignent leurs objectifs d’apprendre, de se développer professionnellement et de diplômer ainsi qu’à briser les préjugés et à former du personnel professionnel davantage bienveillant.

Le BRS est fier de pouvoir compter sur l’expertise, sur l’engagement et sur la vivacité de cette équipe pour tracer le chemin de la santé et du mieux-être des Premiers Peuples à la FMSS.

Le Bureau de la responsabilité sociale poursuit quatre objectifs pour la santé et le mieux-être des Premiers Peuples :

  • Favoriser une synergie entre les personnes alliées et concernées par les enjeux de santé et mieux-être des Premiers Peuples de la FMSS, et ce, dans une approche de coconstruction avec les personnes et communautés des Premiers Peuples.
  • Soutenir l’acquisition de connaissances et de compétences des membres de la FMSS en regard des enjeux de santé et mieux-être des Premiers Peuples, incluant la sécurisation culturelle.
  • Appuyer la participation de membres des communautés des Premières Nations et des Inuit à l’élaboration et à la prestation d’activités d’apprentissage concernant la sécurisation culturelle en santé.
  • Mobiliser et appuyer les équipes (programmes, recherche, gouvernance) pour inclure les enjeux de santé et mieux-être des Premiers Peuples dans leurs activités et parcours, afin de favoriser un environnement physique, académique, socioculturel et organisationnel culturellement sécuritaire au sein de la FMSS.