De l’isolement à la vie de communauté : l’expérience du Village UdeS
Photo : Frédérique Richard, étudiante
Arriver dans un nouvel environnement universitaire est toujours une aventure, mais pour un étudiant international, c’est souvent un véritable choc. Mon arrivée à l’Université de Sherbrooke n’a pas échappé à cette règle : entre solitude, perte de repères et pression académique, mes premiers mois furent teintés de doutes. Pourtant, à travers ces difficultés, une lumière a émergé : le Village UdeS, qui a transformé mon parcours et mon expérience de vie.
L’isolement et la solitude
L’un des plus grands défis, c’était ce silence intérieur au milieu du bruit. Imaginez une salle remplie de visages, et pourtant, je me sentais effacé. Tout le monde parlait, riait, se pressait… et moi, j’avais l’impression d’être transparent. Parfois, je me disais que si je disparaissais soudainement, personne ne s’en rendrait compte avant plusieurs jours. La vitesse à laquelle mes camarades s’éclipsaient après le cours me fascinait presque : la salle se vidait plus vite que mon frigo en fin de mois.
Cette solitude était lourde, presque étouffante, et me donnait le sentiment que je devais lutter simplement pour « exister ».
Gyno Wilfrane Mikala Mikala, étudiant à l'École de gestion
La confusion et la perte de repères
Le campus, magnifique… mais cruel. À mes yeux, c’était un labyrinthe géant construit pour tester ma patience et mon sens de l’orientation inexistant. Je marchais parfois avec l’assurance de quelqu’un qui sait où il va, alors qu’en réalité je me perdais pour la cinquième fois de la journée. Sur le site Web, on nous vendait une multitude de services pour aider les étudiants, mais sur le terrain, j’avais l’impression de participer à une chasse au trésor sans carte. Demander mon chemin? Impossible : la peur d’être jugé me paralysait. Résultat : j’avançais, perdu dans un décor immense, beau et terrifiant à la fois, avec l’impression de jouer à cache-cache avec moi-même.
Le système éducatif et la pression académique
Et puis il y avait le système académique… une véritable claque. La cote R, les méthodes d’enseignement totalement différentes, les travaux d’équipe qui me faisaient parfois sentir comme « l’intrus » de service, et ce volume de lectures qui s’empilait comme une montagne sans fin. Chaque soir, je me retrouvais seul devant mes textes, à me demander si je réussirais à survivre à cette tempête d’exigences. Le stress de bien performer devenait mon colocataire invisible : il m’accompagnait partout, même dans mes rares moments de répit. Parfois, je me surprenais à rire de désespoir : « Quelle belle idée d’être venu ici! ». Mais derrière ce rire nerveux, il y avait la peur d’échouer, la peur de ne pas être à la hauteur, et ce poids constant de devoir tout prouver.
Le Village UdeS : une renaissance
Indépendamment de ces blocages rencontrés à ma première session d’automne, j’ai choisi, à l’hiver, de sortir de mes sentiers battus et de tenter une nouvelle expérience : le Village UdeS. Si je devais le définir en une seule phrase, je dirais qu’il s’agit d’un milieu inclusif et bienveillant, qui favorise réellement l’intégration de chaque étudiant et étudiante.
Dès mes premières visites, j’ai senti que quelque chose changeait en moi. Là où régnait auparavant l’isolement, j’ai découvert un espace vivant où l’humain passe avant tout. Le Village m’a permis de briser ma solitude : je me suis rendu compte que je me faisais du souci bien plus qu’il ne fallait. Très vite, j’ai éprouvé un véritable sentiment d’appartenance. J’avais hâte de retrouver chaque jeudi des visages familiers, des sourires, des conversations qui réchauffaient le cœur.
Les activités organisées m’ont aussi surpris par leur côté ludique et interactif. Je pense notamment à un rallye où, en moins d’une heure, j’ai pu découvrir plusieurs services de soutien sur le campus : les Services à la vie étudiante, le réseau d’Aides à la vie étudiante, les services de soutien à l’apprentissage, sans oublier les services de santé et de bien-être. Ce n’était pas une présentation formelle, mais une aventure collective où l’on riait, échangeait et apprenait ensemble.
Enfin, ce qui m’a profondément marqué, ce sont les interactions humaines. Les étudiantes et étudiants québécois m’ont aidé à mieux comprendre les subtilités du système éducatif, tandis que les personnes de l'international partageaient avec moi soit leurs expériences, soit leurs doutes similaires. Ces échanges m’ont libéré d’un poids : j’ai compris que mes difficultés n’étaient pas une faiblesse personnelle, mais une étape normale. Avec cette conviction, j’ai poursuivi ma session avec plus de courage et de sérénité.
Gyno Wilfrane Mikala Mikala, étudiant en management public et développement local
