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Gagnant du Concours de vulgarisation scientifique

Quand la recherche renforce la sécurité de nos aînés

David Baril, étudiant au doctorat, chargé de cours et professionnel de recherche au sein du Centre d’études et de recherches sur les transitions et l’apprentissage (CÉRTA)
David Baril, étudiant au doctorat, chargé de cours et professionnel de recherche au sein du Centre d’études et de recherches sur les transitions et l’apprentissage (CÉRTA)
Photo : Michel Caron - UdeS

Violence physique, intimidation, infantilisation, détournement de fonds, isolement social forcé. Avec le vieillissement de la population québécoise, les multiples formes de la maltraitance touchent annuellement un nombre grandissant d’aînés. C’est pourquoi plusieurs mesures gouvernementales ont été mises en place ces dernières années. Pensons seulement à la Ligne Aide Abus Aînés et à l’adoption, en mai 2018, de la Loi visant à lutter contre la maltraitance envers les aînés.

Les contours flous de la maltraitance

La maltraitance des aînés est un problème difficile à déceler, principalement parce que les personnes maltraitées n’osent pas nécessairement porter plainte. Cela s’explique par le fort lien de confiance ou de dépendance qui existe généralement entre les aînés et la personne maltraitante. Dans d’autres cas, les aînés ignorent tout simplement qu’ils ont été maltraités! Les policiers, qui devraient pouvoir les aider, ne savent pas non plus toujours détecter les cas de maltraitance. La complexité du phénomène force les services de police à revoir leurs pratiques.

Un modèle d’intervention policière issu de la recherche

Un modèle d’intervention policière a vu le jour grâce à une recherche-action réalisée par la Chaire de recherche sur la maltraitance envers les personnes aînées de l’Université de Sherbrooke, de concert avec le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). À l’échelle mondiale, il s’agit du premier modèle d’intervention policière fondé sur la collaboration intersectorielle à être évalué scientifiquement. Trois années (2013-2016) ont été nécessaires pour l’élaborer, l’implanter et l’évaluer sur l’ensemble du territoire montréalais desservi par le SPVM.

À l’aide d’un sondage, d’entretiens individuels et de groupes focalisés, c’est un peu plus de 800 policiers et de 30 partenaires du SPVM qui ont été consultés. Qu’est-ce qui fait l’originalité de ce modèle? C’est l’importance qu’il accorde à la collaboration entre les services de police et d’autres organisations civiles ayant un rôle pivot dans le suivi des cas de maltraitance.

La création d’une structure de coordination policière

L’implantation de ce modèle a été l’occasion de mettre en place une structure de coordination spécifique aux interventions liées à la maltraitance. À l’image d’une grande toile, dans chaque poste de quartier, un policier est désigné en tant que responsable maltraitance-aînés. Ce policier intervient en priorité dans les cas de maltraitance et devient la référence en la matière auprès de ses collègues et des organisations civiles.

Des outils favorisant la collaboration

Une multitude d’outils ont aussi été développés pour faciliter l’intervention en collaboration. Les policiers ont accès à des documents qui définissent la maltraitance et qui indiquent la procédure à suivre, étape par étape, dans de tels cas. Des outils clés en main leur fournissent d’ailleurs la liste des partenaires locaux vers lesquels diriger les aînés maltraités. On voit aussi apparaître des interventions interdisciplinaires, où le policier est accompagné d’intervenants sociaux issus des liens de collaboration.

Un modèle aux multiples retombées

Finalement, l’implantation de ce nouveau modèle a favorisé le développement et le renforcement de liens de collaboration entre les services de police et d’autres organisations civiles. Il y a maintenant une meilleure compréhension de ce que peut faire concrètement chaque collaborateur.

L’union des forces policières et civiles rend aussi possibles une compréhension plus globale de la maltraitance et une intervention mieux adaptée aux besoins des aînés maltraités. La collaboration est ainsi la force de ce nouveau modèle d’intervention policière, qui permet à nos aînés de vivre plus en sécurité. Ce modèle trouvera-t-il écho dans d’autres services de police à travers le pays?

À propos de David Baril

Étudiant au doctorat, chargé de cours et professionnel de recherche au sein du Centre d’études et de recherches sur les transitions et l’apprentissage (CÉRTA), David Baril prépare une thèse sur le thème du rapport au travail des personnes peu scolarisées et peu qualifiées et à l’interrelation de ce rapport avec les contextes de vie et les normes sociales. Dirigés par Sylvain Bourdon, directeur du CÉRTA, ses travaux s’intéressent à la sociologie du travail et de la jeunesse, à la culture, aux normes et à la stratification sociale, ainsi qu’aux populations vulnérables. Ses plans pour la suite? « J’espère devenir professeur chercheur en éducation. Le concours m’a permis de me découvrir un intérêt sincère pour la vulgarisation, que je souhaite éventuellement réinvestir dans des projets plus personnels. »

À propos du concours

L’Université de Sherbrooke tient annuellement un Concours de vulgarisation scientifique, dont les objectifs sont de stimuler des vocations en vulgarisation scientifique et d’augmenter le rayonnement des travaux de recherche qui s’effectuent à l’Université, qu’ils soient de nature fondamentale ou appliquée.


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