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Quelques tendances en lettres et sciences humaines en 2017

La nouvelle année est déjà bien amorcée. Déjà un peu plus d’un mois est passé. Mais, qu’est-ce que les onze autres nous réservent? Quelles nouveautés nous attendent? Plus précisément, nous avions envie de nous questionner sur les tendances en lettres et sciences humaines. En 2017, que verrons-nous (peut-être) se développer ou gagner en importance dans les diverses disciplines des lettres et sciences humaines? Quelques spécialistes nous donnent leurs avis.

 

Les drones au service de l'environnement 

Par Jérôme Théau, professeur en géomatique appliquée Les drones au service de l'environnement

L’explosion récente de la disponibilité de systèmes de télédétection sans pilote (drones équipés de capteurs) ouvre de nombreuses opportunités d’acquisition de données environnementales (ex. : forêt, conservation, agriculture, neige, mines). Cette nouvelle technologie permet de transposer les outils habituellement embarqués sur les plateformes classiques (ex. : satellite) vers des systèmes beaucoup plus flexibles d’utilisation. Ces systèmes sans pilote ouvrent ainsi la porte à une nouvelle génération de données environnementales grâce aux capacités de vol qu’ils permettent, aussi bien temporelles (ex. : haute répétitivité, déploiement rapide) que spatiales (ex. : survols à très basse altitude, vols stationnaires). Malgré des limitations non négligeables, liées notamment à la réglementation aérienne et aux coûts associés à leur opération, ces systèmes constituent une tendance forte dans le domaine de la géomatique appliquée à l’environnement.

 

Diversité des représentations dans la société

Par Isabelle Boisclair, professeure et responsable des études supérieures en lettres et communications

Les études littéraires ont été renouvelées au tournant des années 1990 par les cultural studies. Ce courant aborde les textes et autres objets culturels au prisme des notions de pouvoir, d’identité et de représentation, posant qu’ils traduisent des rapports humains autant qu’ils les modélisent. Aussi, les représentations du féminin et du masculin, de même que celles relatives aux identités racisées, mises en relation avec le sexe et l’appartenance ethnique des créateurs, sont questionnées avec de plus en plus d’acuité. Ainsi entend-on de plus en plus s’élever des voix de femmes – jusqu’à Hollywood – pour réclamer une plus grande parité tant devant la caméra que derrière; on entend aussi réclamer une plus grande diversité dans les représentations des différents groupes composant la société, pour en arriver à une représentation plus juste de notre monde, moins stéréotypée également.

 

Crise de l’information, multiplication des modes de communication et accès à l’information

Par Dany Baillargeon, professeur et responsable du baccalauréat en communication appliquée

La discipline des communications englobe de nombreuses facettes entourant la façon dont sont produits et reçus les messages circulant dans l’espace public, de même que la façon dont les organisations existent par et à travers la communication. Pour 2017, la place de la communication dans l’espace démocratique occupera un pan important de la recherche : fausses nouvelles, « faits alternatifs », dissémination d’opinions radicales, la recherche portant sur les médias socionumériques et le journalisme sera au premier plan. Dans un contexte où se réalise avec autant d’acuité « l’ère post-factuelle », plusieurs enjeux touchant la littératie numérique feront fréquemment surface, et ce, sur fond de l’industrie journalistique en pleine crise, de l’emprise des algorithmes de moteurs de recherche inclinant l’accès à l’information, ébranlant encore plus le « 4e pouvoir ». Cette situation vient engendrer, de façon transversale, beaucoup d’enjeux touchant la professionnalisation des communicateurs – éthique, déontologie, responsabilité sociale, imputabilité –, et, par le fait même, la façon dont les organisations communiquent, à l’interne comme à l’externe.

 

Femmes immigrantes, femmes autochtones et femmes québécoises : les féminismes en dialogue

Par Michèle Vatz Laaroussi, professeure en travail social et en médiation interculturelle

Notre équipe interculturelle et intergénérationnelle mène actuellement un projet de recherche action médiation, inclusive et participative, avec des femmes de différents groupes sociaux, dont plusieurs vivent la stigmatisation et la marginalisation, comme les femmes immigrantes, les femmes autochtones, les femmes des communautés noires et les femmes musulmanes, pour aller vers la construction d’espaces de dialogue entre les femmes de toutes origines, cultures et religions, les intervenantes et les divers féminismes québécois. Ce projet ouvre de nouvelles avenues avec la méthodologie de recherche médiation et, en s’appuyant sur des médias artistiques, pour favoriser le dialogue et la production de nouveaux savoirs concernant le pluralisme des courants féministes au Québec et leurs possibles convergences. Des productions collectives et un transfert international de la méthodologie sont en cours et permettront des avancées originales dans les domaines de l’interculturalité et de l’intersectionnalité et, en particulier, sur leur mise en pratique, ce dont nos sociétés ont grand besoin en ces temps troublés. Ces questions de médiation interculturelle, d’utilisation des arts dans la recherche-action et de dialogue public sont au cœur des nouvelles tendances en recherche sociale contemporaine.

 

Les études politiques : un point de bascule

Par Isabelle Lacroix, professeure et directrice de l’École de politique appliquée

Même si la science politique est une jeune discipline, elle a aussi connu son lot de soubresauts. Traversée par différentes approches, elle a connu un développement en phase avec nos sociétés qui lui ont bien souvent imposé un rythme d’adaptation accéléré, par exemple lors d’importants conflits armés. Bien que certains plaident déjà pour une remise en question des habitudes disciplinaires, l’élection américaine du 8 novembre dernier aura contribué à cette réflexion. Alors que les outils et méthodes de la science politique ont montré certaines limites, on peut croire que les politologues en arrivent à ce point de bascule qui amènera, encore une fois, une évolution théorique et méthodologique de leurs façons de faire et de leurs postulats de travail. Il s’agit d’un temps riche en réflexion pour la discipline, un moment déterminant qui présage une science politique renouvelée.