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Résultats de l’enquête québécoise sur la réponse psychologique et comportementale à la pandémie de COVID-19 – 5e phase

La fatigue pandémique : un phénomène maintenant quantifié grâce à une équipe de l’Université de Sherbrooke

Sherbrooke, le 25 octobre 2021 – Les données de l’enquête sur la réponse psychologique et comportementale à la pandémie de COVID-19 démontrent qu’une fatigue pandémique s’est installée dans de nombreux foyers québécois. C’est ce que révèlent les résultats d’une enquête menée par une équipe interdisciplinaire de l’Université de Sherbrooke auprès de 10 368 Québécoises et Québécois, entre le 1er et le 17 octobre 2021. Cette enquête révèle aussi que seulement 54 % des parents ont l’intention ferme de faire vacciner leur enfant de 0-11 ans.

La fatigue pandémique

Réaction normale et attendue en contexte d’adversité chronique, la fatigue pandémique se traduit par un sentiment de fatigue générale, une démotivation, un sentiment de laisser-aller, une marginalisation, allant jusqu’au sentiment de désespoir.

L’enquête révèle deux dimensions à cette fatigue : la fatigue informationnelle (ex. : être épuisé d’entendre parler de la COVID-19) et la fatigue comportementale (ex. : être épuisé de devoir fournir des efforts pour lutter contre la COVID-19). En somme, la fatigue pandémique vient mettre « des mots » sur une problématique que nous vivons de manière grandissante au Québec et ailleurs dans le monde.

Ce phénomène, bien réel et maintenant quantifiable, devrait orienter les politiques, les stratégies de communication et les mesures sanitaires, au même titre que les données sur la situation épidémiologique (nombre des cas, d’hospitalisations, etc.).

Faits saillants liés à la fatigue pandémique

  • La moitié des adultes souffre de fatigue pandémique (50 %).
  • La fatigue pandémique liée à la surabondance d’information est plus importante (65 %) que celle liée aux efforts demandés pour lutter contre la COVID-19 (36 %).
  • Certains groupes affichent des niveaux plus élevés de fatigue pandémique :
    • Les jeunes de 18-34 ans : 64 %
    • Les parents d’enfants de 0-11 ans : 59 %
    • Les personnes moins éduquées : 55 %
    • Les personnes vivant en milieu rural : 55 %
    • Les étudiants : 60 %
    • Les travailleurs, en particulier ceux en présentiel :
      • Présentiel : 61 %
      • Mixte : 54 %
      • Télétravail : 48 %
    • Certaines catégories d’emploi :
      • Ouvriers : 65 %
      • Ventes : 60 %
      • Administratif de haut niveau : 56 %
      • Services : 55 %
  • Les conséquences de la fatigue pandémique sont nombreuses :
    • Environ deux fois plus de problèmes psychologiques :
      • Anxiété probable (18 % contre 9 %).
      • Dépression probable (23 % contre 12 %).
      • Troubles du sommeil (24 % contre 16 %).
      • Troubles de concentration (14 % contre 7 %).
    • Environ deux fois plus d’intention de ne pas adhérer aux mesures sanitaires incluant porter le masque, respecter la distanciation et limiter les rassemblements privés (26 % contre 12 %).
    • Environ deux fois plus d’intention de ne pas se tenir informé sur la COVID-19 (43 % contre 19 %).
    • Environ deux fois plus de refus ou d’hésitation à faire vacciner son enfant de 0-11 ans (58 % contre 27 %).

Certaines données obtenues peuvent paraître surprenantes, par exemple le fait que le retour au travail en présentiel soit associé à de plus hauts niveaux de fatigue pandémique. Il est possible que les travailleurs de retour « au bureau », tout comme les étudiants de retour en classe, soient touchés plus directement par les nombreuses mesures sanitaires (censées être temporaires) qu’ils doivent continuer de respecter quotidiennement, ce qui expliquerait leur fatigue pandémique.

L’importance de la fatigue pandémique liée à la surabondance d’information (65 %) suggère que de diffuser un niveau optimal (plutôt que maximal) d’information et mettre de l’avant les solutions plutôt que les problèmes permettraient de prévenir la fatigue pandémique et de favoriser une meilleure adhésion aux mesures sanitaires. De nombreux écrits scientifiques appuient cette donnée.

Faits saillants liés à l’intention de vaccination des enfants de 0-11 ans

  • 1 400 parents d’enfants de 0-11 ans ont été questionnés à ce sujet.
  • Globalement, 54 % des parents ont l’intention « ferme » de faire vacciner leur(s) enfant(s) de 0-11 ans.
    • Oui : 54 %
    • Oui, seulement si mon enfant le veut : 7 %
    • Non : 18 %
    • Incertain : 21 %
  • Certains groupes sont moins nombreux à avoir l’intention de faire vacciner leur(s) enfant(s) de 0-11 ans :
    • Les parents de 18-34 ans : 45 % (refus 23 %).
    • Les mères : 51 % (refus 19 %).
    • Les parents d’enfants de 0-4 ans : 48 % (refus 21 %).
    • Les parents moins éduqués : 40 % (refus 29 %).
    • Les parents vivant en milieu rural : 39 % (refus 30 %).
    • Les parents immigrants : 45 % (refus 24 %).
    • Les parents souffrant de fatigue pandémique : 42 % (refus 25 %).
    • Les parents non vaccinés : 2 % (refus 83 %).
  • Il est à noter que même chez les parents vaccinés (ayant reçu au moins une dose), seuls 60 % ont l’intention ferme de faire vacciner leur enfant (refus 11 %).

Un lien a été observé entre la fatigue pandémique et la faible intention de faire vacciner son enfant, ce qui suggère que la fatigue pandémique rendrait certains parents plus sensibles aux idées simplistes ou fausses (n’ayant plus l’énergie de se tenir informé et de contre-valider certains faits). Ceci les amènerait à adhérer plus facilement à une vision complotiste, notamment quant au vaccin contre la COVID-19. Selon nos données, la vision complotiste est trois à quatre fois plus fréquente chez les adultes souffrant de fatigue pandémique que chez les autres adultes (41 % contre 12 %).

Il est primordial que la population et les autorités soient informées des moyens de lutter contre la fatigue pandémique. En luttant contre la fatigue pandémique, les impacts psychosociaux de la pandémie pourraient être réduits, ainsi que la transmission du virus grâce à une meilleure adhésion à la vaccination et aux mesures sanitaires. L’Organisation mondiale de la Santé est claire à ce sujet : la lutte à la fatigue pandémique nécessite un changement d’approche de la part de tous.

À propos de cette enquête

Cette enquête s’inscrit dans le cadre d’un projet de recherche plus large s’intitulant « L’influence des stratégies de communication et du discours médiatique sur la réponse psychologique et comportementale à la pandémie de COVID-19 : une étude internationale ». À l’Université de Sherbrooke, l’équipe est composée (en ordre alphabétique) du Pr Gabriel Blouin-Genest, de la Pre Marie-Eve Carignan, du Pr Olivier Champagne-Poirier, de la Dre Mélissa Généreux et du Pr Mathieu Roy, complétée par des chercheuses et chercheurs internationaux en communication stratégique, épidémiologie, information et journalisme, médecine, politique, psychologie, santé publique, etc., provenant de huit pays.

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Renseignements et entrevues avec Dre Mélissa Généreux :

Geneviève Lussier, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
819 821-8000, poste 65472 | medias@USherbrooke.ca


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