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Enquête internationale sur l’influence des stratégies de communication en santé publique en contexte de pandémie

COVID-19 : la confiance des Canadiens envers les autorités se compare avantageusement à sept autres pays

Sherbrooke, le 14 septembre 2020 – Même si les personnes opposées au port du masque et les adeptes des théories conspirationnistes sont bien visibles dans l’espace public, une enquête internationale dirigée par l’Université de Sherbrooke révèle que les Canadiennes et les Canadiens affichent un niveau de confiance plutôt élevé envers les diverses autorités impliquées dans la gestion de la pandémie actuelle. Ce niveau de confiance se révèle plus grand qu’aux États-Unis, mais aussi plus grand, d’une manière générale, qu’en Angleterre, en Suisse, à Hong Kong, aux Philippines, en Nouvelle-Zélande et en Belgique.

« Nos données indiquent que 89,2 % de la population canadienne fait confiance aux experts en santé publique, autant à l’égard des médecins et des scientifiques que des organisations nationales et internationales, explique la professeure Marie-Ève Carignan, l’une des instigatrices de ce projet de recherche, spécialiste de la communication de crise. Ces résultats sont rassurants, ces experts étant les mieux informés à propos du coronavirus et des actions à mettre en place pour le contrer. À titre comparatif, 78,7 % des Belges, 76,9 % des Américains et 68,2 % des Hongkongais font confiance aux experts en santé publique. »

Le gouvernement canadien a la confiance de la population

En ce qui concerne la confiance envers les gouvernements dans la gestion de la pandémie, les résultats du sondage indiquent que 78,3 % des Canadiennes et des Canadiens ont confiance en leur gouvernement, se positionnant tout juste derrière les Néo-Zélandais (83 %). En comparaison, seulement 49,3 % des Américains et 48,4 % des Belges ont confiance en leur gouvernement. Un autre sondage international sera mené au cours des prochaines semaines, les résultats indiqueront si ce niveau de confiance a fluctué au cours de l’été, à l’approche d’une deuxième vague potentielle.

La confiance envers les politiciens était également à l’étude dans ce sondage. On dénote des proportions plus basses à cet égard, alors que 59,9 % de la population canadienne indique leur faire confiance. Cet écart de confiance à l’égard des gouvernements et des politiciens est comparable dans tous les autres pays visés par le sondage.

Ce sondage a été mené auprès de 8 800 personnes, dont 1 500 Canadiennes et Canadiens, au début du mois de juin dernier. Il s’inscrit dans le cadre d’un important projet de recherche sur la réponse psychologique et comportementale face à la pandémie et sur l’influence des stratégies de communication et du discours dans les médias, piloté par une équipe de l’Université de Sherbrooke.

Moins d’adeptes des théories conspirationnistes au Canada

Les répondantes et les répondants ont aussi été invités à indiquer leur niveau d’accord par rapport à cinq énoncés relatifs à la COVID-19, fréquemment véhiculés :

  • le gouvernement cache des informations concernant le coronavirus.
  • le virus a été créé intentionnellement en laboratoire.
  • le virus a, en réalité, été créé par accident en laboratoire.
  • l’industrie pharmaceutique est impliquée dans la propagation du virus.
  • le virus est, en fait, lié à la technologie 5 G.

En combinant les niveaux d’accord alloués à ces différents énoncés pour créer un indice d’adhésion aux théories conspirationnistes, l’équipe de recherche a pu constater que les répondants canadiens adhèrent moins aux énoncés conspirationnistes que dans la plupart des autres pays. En fait, seulement 17,7 % des répondants présentent une adhésion à l’indice conspirationniste, ce qui fait du Canada le deuxième pays (après la Belgique) où les répondants sont les plus sceptiques face à ces théories. À titre comparatif, les pays où les répondants adhèrent le plus à l’indice conspirationniste sont les Philippines (47,7 %), l’Angleterre (35,9 %) et les États-Unis (34,7 %).

« Bien que nous soyons préoccupés par l’adhésion très rapide à certaines idées conspirationnistes en lien avec la COVID-19 et par la présence de ce phénomène au Canada et au Québec, ces nouvelles données révèlent que la situation semble plus préoccupante ailleurs dans le monde. Nos prochaines analyses nous permettront de valider ces résultats et de voir si cette tendance se maintient avec la naissance de mouvements anti-masques et libertariens qui ont été fortement exposés médiatiquement au cours des derniers mois, indique la professeure Carignan, également directrice du pôle Média de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violents, qui s’intéresse aussi à ces questions. Comme nos études préliminaires ont révélé que l’adhésion aux thèses complotistes était particulièrement marquée chez les plus jeunes répondants, nous entreprenons en ce moment même en parallèle avec la Chaire un nouveau projet qui nous permettra de mieux comprendre l’étendue du phénomène chez les jeunes Canadiens. »

Autre élément intéressant révélé par le sondage : les répondants ayant le plus fort sentiment d’insécurité face au coronavirus sont aussi ceux qui adhèrent le plus aux théories du complot. De même, plus une personne indique des niveaux d’accord élevés envers les énoncés conspirationnistes présentés dans ce sondage, moins elle se montre favorable à recevoir un vaccin contre la COVID-19.

« Nos données sur la propension des répondants à recevoir un vaccin éprouvé et homologué par la FDA pour la prévention de la COVID-19, si un tel vaccin était rendu disponible, nous permettent de voir un lien significatif entre l’adhésion aux énoncés conspirationnistes et le refus de recevoir un tel vaccin. Sans être surprenantes, ces données confirment la méfiance de ces répondants envers les autorités publiques et les mesures sanitaires en place », rappelle la spécialiste en communication de l’Université de Sherbrooke.

En général, les répondants canadiens seraient prêts à recevoir un vaccin dans une proportion de 71,4 % (12,5 % s’y opposeraient et 16,1 % se sont dits incertains ou ont préféré ne pas répondre). Ces chiffres font de la population canadienne la deuxième sur le plan de la propension à recevoir un vaccin contre la COVID-19, tout juste derrière l’Angleterre (73,1 %).

Les fausses nouvelles ont mauvaise presse

Au même titre que les théories conspirationnistes, les fausses nouvelles rencontrent aussi un faible niveau d’adhésion au pays. En combinant les réponses pour créer un indice fausses nouvelles, les chercheurs ont constaté que seulement 11,5 % des répondants canadiens adhèrent à cet indice.

« Les Canadiens semblent généralement avoir bien identifié les énoncés erronés que nous leur avons présentés, mentionne la professeure Marie-Ève Carignan. Néanmoins, un nombre important estime que le virus infecte principalement les personnes de plus de 55 ans. C’est préoccupant puisque ces répondants pourraient être moins enclins à se protéger, ne s’estimant pas dans la population à risque. »

Les énoncés présentés dans le sondage étaient les suivants :

  • le virus n’est pas transmis dans les pays chauds.
  • le virus infecte les personnes de plus de 55 ans.
  • le virus n’est pas plus dangereux que la grippe saisonnière.
  • les températures de plus de 25 degrés Celsius préviennent le virus.
  • le virus se transmet par les piqures de moustique.
  • la pulvérisation d’alcool ou de chlore sur tout le corps tue le virus.

À titre comparatif, les pays où les répondants adhèrent le plus à l’indice fausses nouvelles sont les Philippines (37,6 %), les États-Unis (26,8 %) et l’Angleterre (25,9 %).

À propos du projet de recherche

Une équipe multidisciplinaire de l’Université de Sherbrooke mène une analyse comparative internationale de l’influence des stratégies de communication et des discours dans les médias sur la réponse psychologique et comportementale des populations face à la COVID-19. Cette équipe est composée des professeurs Gabriel Blouin-Genest (politique), Marie-Eve Carignan (communication), Olivier Champagne-Poirier (communication), Marc D. David (communication), Mélissa Généreux (santé publique) et Mathieu Roy (santé publique), complétée par des chercheuses et des chercheurs internationaux provenant de sept autres pays.

L’objectif principal du projet est d’analyser la perception et l’interprétation des messages de santé publique (Organisation mondiale de la santé et gouvernements) et d’autres sources d’information (médias et autres) par les citoyennes et les citoyens ainsi que les effets psychosociaux de la crise de la COVID-19 sur ceux-ci.

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Renseignements :

Geneviève Lussier, conseillère en relations médias
Service des communications | Université de Sherbrooke
819 212-3813 | medias@USherbrooke.ca