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Percée dans le traitement des maladies inflammatoires

Les résolvines : 30 fois plus puissantes que les oméga-3

Depuis plusieurs années, la science s’intéresse aux bénéfices des oméga-3 sur l’être humain. Certains chercheurs explorent les effets de ces acides gras sur la mémoire, tandis que d’autres étudient leur capacité à réduire les douleurs et les démangeaisons causées par l’inflammation. Le professeur-chercheur Eric Rousseau, quant à lui, scrute le rôle anti-inflammatoire de leurs cousines les résolvines. Et pour cause : elles seraient 30 fois plus puissantes que les oméga-3.

Les personnes atteintes de maladies inflammatoires se voient souvent proposer par leur médecin des corticostéroïdes, qui doivent atteindre le noyau des cellules pour bien agir. Bien qu’efficaces, ces médicaments engendrent des effets secondaires souvent désagréables. Or, des scientifiques pensent que plusieurs maladies inflammatoires chroniques telles que l’asthme, les rhumatismes ou le psoriasis pourraient être traitées par les résolvines, des molécules dérivées des gras oméga-3.

Éric Rousseau fait partie de ces scientifiques. Biophysicien et professeur-chercheur au Département d’obstétrique-gynécologie à la Faculté de médecine et des sciences de la santé et au Centre de recherche du CHUS, son attention se porte précisément sur les résolvines. Son équipe utilise les outils de la physique pour comprendre les phénomènes physiologiques cellulaires liés à certaines problématiques de santé. Également électrophysiologiste de formation, il travaille à l’échelle des molécules, dans l’infiniment petit.

Qu’est-ce que les oméga-3?
Étudiés à partir des années 1970, les gras polyinsaturés oméga-3 participent à une multitude de processus vitaux : la fabrication et l'intégrité des membranes cellulaires, le bon fonctionnement des systèmes cardiovasculaire, cérébral, hormonal et inflammatoire, etc. Bien qu’ils soient nécessaires à notre organisme, le corps n’en produit que très peu. Les oméga-3 doivent donc être ajoutés à notre alimentation – les huiles de poisson et de krill en contiennent considérablement. On peut aussi ingérer des oméga-3 en suppléments, sous formes de capsules. Inoffensifs et sécuritaires pour la santé, ils peuvent être donnés aux femmes enceintes et même aux bébés.

Les résolvines, cousines des oméga-3

Le maquereau est l’un des poissons les plus riches en oméga-3. Une portion de 100 g fournit plus de deux fois la recommandation journalière.
Le maquereau est l’un des poissons les plus riches en oméga-3. Une portion de 100 g fournit plus de deux fois la recommandation journalière.
Photo : © Hans Hillewaert, via Wikimedia Commons

« Les résolvines sont des composés hautement bioactifs, explique le professeur-chercheur Rousseau. Ils résultent de la transformation des monoacylglycérides d’oméga-3, des molécules sécuritaires et facilement absorbées par l’organisme. À leur tour ces molécules deviennent des oméga-3 intracellulaires, puis des résolvines. Nos études démontrent qu’en agissant sur des récepteurs cellulaires très spécifiques, les résolvines peuvent éteindre l’inflammation, qu’elle soit aigüe ou chronique.»

Parce qu’elles sont produites dans les organes atteints par l’inflammation, les résolvines ont une action calmante 30 fois plus puissante que les gras oméga-3.

Le professeur-chercheur Éric Rousseau.
Le professeur-chercheur Éric Rousseau.
Photo : Robert Dumont

«Elles sont baptisées ainsi parce qu’elles résolvent l’inflammation, précise M. Rousseau. Elles s’accrochent à la surface des cellules du sang et des cellules des muscles lisses, dans lesquelles elles diminuent grandement les marqueurs de l’inflammation.»

Son équipe a découvert que c’est en situation d’inflammation que les résolvines agissent avec le plus d’efficacité. Arrimées à la paroi des cellules, elles diminuent l’ensemble des réactions inflammatoires, souvent douloureuses, et rétablissent les tissus à leur état normal.

En route vers la recherche clinique

Les personnes asthmatiques ou atteintes de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPCO) pourraient bénéficier grandement de l’action des résolvines. Molécules naturelles, elles pourraient être prises pour des traitements considérablement plus efficaces. «Si on arrive à réduire l’inflammation des bronchioles, on arrivera aussi à réduire les exacerbations qui, souvent, nécessitent une visite à l’hôpital», ajoute Éric Rousseau.

Ces découvertes ont fait l’objet de deux publications scientifiques en décembre 2016 et ces recherches ont été réalisées avec la collaboration première de la doctorante Rayan Khaddaj Mallat. L'équipe se prépare à mener les premières recherches cliniques en collaboration avec des chercheurs cliniciens du Centre de recherche du CHUS.


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