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Maximisation de la performance sportive

Les athlètes peuvent se fier à leur soif pour s'hydrater

La méta-analyse du professeur Éric Goulet, de la Faculté d'éducation physique et sportive, tient compte des conditions vécues par les athlètes sur le terrain.
La méta-analyse du professeur Éric Goulet, de la Faculté d'éducation physique et sportive, tient compte des conditions vécues par les athlètes sur le terrain.
Photo : Michel Caron

Le professeur Éric Goulet a démontré par méta-analyse que la déshydratation n'a pas d'effet négatif sur la performance, contrairement à la croyance populaire. Publiée dans le British Journal of Sports Medicine, l'étude du professeur de la Faculté d'éducation physique et sportive révèle que pour maximiser leur performance, les athlètes d'endurance n'auraient pas besoin de programmer leur prise de liquides, tel qu'il est recommandé depuis une vingtaine d'années. Ils devraient plutôt se fier à leur perception de la soif pour s'hydrater.

Des résultats qui ébranlent les recommandations en vigueur

Les résultats du professeur Goulet viennent remettre en question les recommandations en vigueur, soutenues par l'American College of Sports Medicine et le Gatorade Sports Science Institute, qui suggèrent aux athlètes de programmer la prise de liquide pendant l'exercice pour ne pas perdre plus de 2 % de leur poids corporel.

L'analyse du physiologiste de l'exercice montre aussi que les athlètes buvant selon les signaux de leur soif maximisent leur performance. «Il est faux de croire qu'une fois la soif ressentie, la performance a déjà commencé à diminuer. Les athlètes devraient plutôt boire à leur soif», résume le chercheur.

Tenir compte des conditions réelles de performance des athlètes

Pour arriver à ces constats, le chercheur a entrepris une méta-analyse ne ciblant que les études possédant une validité externe importante. Il explique son choix : «Les recommandations actuelles en hydratation sportive sont basées en partie sur des études où les sujets ont maintenu un effort fixe jusqu'à épuisement, ne permettant pas au corps de s'adapter. Ces conditions sont bien différentes de celles vécues par les athlètes sur le terrain.»

Questionnant la validité de ce type d'études pour émettre des recommandations aux athlètes, le professeur Goulet a uniquement analysé des études de type contre-la-montre. «Ces protocoles se rapprochent le plus des conditions réelles des athlètes, dont le but ultime est de parcourir une distance le plus rapidement possible», explique le chercheur, lui-même athlète en triathlon sur longue distance.

Afin de bien contextualiser les effets de la déshydratation et de la soif sur la performance, le professeur Goulet a de plus pris en compte la variation normale de la performance d'un athlète et la magnitude de l'effet de traitement.

La première méta-analyse sur le sujet

Selon le professeur Tim Noakes, une sommité dans le domaine de l'hydratation sportive, l'article d'Éric Goulet deviendra une des plus importantes publications de la littérature sur l'hydratation sportive. «Le professeur Goulet a eu la vision d'entreprendre une étude dont nous avions grandement besoin. Ses résultats appuient ce que plusieurs chercheurs supposaient depuis longtemps», ajoute le chercheur de l'Université de Cape Town.

Cette méta-analyse, financée par la Faculté d'éducation physique et sportive, comprend 13 études répondant à des critères stricts et réalisées par des chercheurs d'Angleterre, d'Australie, d'Afrique du Sud et des États-Unis.

«Certaines données nous échappent encore, et les conclusions de la méta-analyse doivent être interprétées dans ce contexte. Par exemple, aucune étude utilisant des protocoles de type contre-la-montre n'a encore vérifié les effets d'une déshydratation de plus de 4 % du poids corporel, testé des athlètes sur une durée de plus de 2 h 30 ou évalué des coureurs à pied», explique le professeur Goulet.

«Les études futures devraient inclure un groupe contrôle où les sujets boiront selon les signaux de leur soif, dans un contexte d'exercice s'approchant le plus près possible des conditions réelles auxquelles les athlètes font face sur le terrain», conclut-il.