Portrait de l’étudiant entrepreneur Kevin Neil
Développer une bactérie policière pour lutter contre la résistance aux antibiotiques
La résistance bactérienne aux antibiotiques menace de transformer des infections bénignes en maladies mortelles. Pour répondre à cette menace de plus en plus importante, des biologistes cherchent des solutions de rechange à l’utilisation des antibiotiques conventionnels. C’est le cas de Kevin Neil, étudiant au doctorat en biologie au laboratoire du professeur Sébastien Rodrigue, qui travaille sur une technologie permettant de combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques. Cette technologie brevetée a été à la base de la création de la compagnie TATUM bioscience.
« Nous développons ce que nous appelons la "bacterial COP (COnjugative Probiotic)" ou la police bactérienne pour répondre à ce besoin grandissant de pallier la résistance aux antibiotiques, explique Kevin Neil. Grâce à de récents progrès en biologie synthétique, nous sommes maintenant en mesure de programmer des organismes vivants pour leur faire faire des tâches précises. Nous avons donc programmé notre police bactérienne pour trouver les bactéries résistantes aux antibiotiques et les éliminer sélectivement. »
L’équipe de recherche a déjà démontré l’efficacité de sa technologie chez la souris, où les scientifiques ont réussi à éliminer 98 % des bactéries résistantes aux antibiotiques ciblées avec une seule dose de bactérie policière. À terme, un tel outil pourrait servir à revitaliser des antibiotiques préexistants, éliminer des pathogènes ou même modifier le microbiote intestinal.
La technologie développée lors du projet doctoral de Kevin sera valorisée par TATUM bioscience, une compagnie qu’il a cofondée avec son directeur de thèse, Pr Rodrigue, et son associé, Jean-François Millau, lui-même ayant également terminé des études postdoctorales au Département de biologie.
Un parcours d’études accéléré
Le parcours de recherche de Kevin Neil s’est fait de façon accélérée, et ce, à tous les niveaux. Il a d’abord profité d’un programme de DEC-bac accéléré en étudiant au Cégep de Sherbrooke en technique de laboratoire en biotechnologies. Dès son deuxième stage au baccalauréat en biologie, il commence à travailler sur le projet de recherche qui mènera vers un brevet technologique. Il fait alors un passage accéléré à la maîtrise, qui se transforme en voie accélérée vers le doctorat. « On m’a présenté à Jean-François, qui est entrepreneur dans l’âme, assez tôt dans le processus, relate le biologiste. Nous avons commencé à évaluer avec l’ACET le potentiel de notre nouvelle technologie, puis on a évalué avec TransferTech si c’était brevetable. Les commentaires positifs se sont accumulés et c’est là que nous nous sommes réellement lancés en affaire. »
L’entrepreneuriat
« C’est très formateur d’avoir pu vivre cette grosse aventure pendant mes études, conclut Kevin Neil. Nous avons été accompagnés pendant tout le processus pour la création de la compagnie et le brevet. En retour, je suis très content du fait que notre compagnie pourra créer de bons emplois en recherche à Sherbrooke. » Kevin se joindra à temps plein à TATUM bioscience à la fin de ses études doctorales.
Les applications possibles de la « acterial COP » étant considérables, TATUM bioscience procède à des études de marché qui permettront de définir lesquelles de ces avenues seraient les plus propices au développement de l’entreprise. La compagnie utilisera la technologie pour créer des médicaments de prescriptions pour traiter des infections bactériennes non seulement chez l’humain, mais possiblement aussi chez les animaux.
À propos de l’ACET – Banque Nationale
Mis sur pied en 2011 par l’Université de Sherbrooke en partenariat avec les gouvernements provincial et fédéral et le milieu des affaires, l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET) Banque Nationale accompagne et facilite la création d’entreprises innovantes en offrant des fonds et du mentorat aux futures entrepreneures et futurs entrepreneurs.
À propos de TransferTech Sherbrooke
TransferTech Sherbrooke développe des liens entre les entreprises de haute technologie et les professeures et professeurs de l’Université de Sherbrooke et ses centres de recherche affiliés. TransferTech contribue ainsi au développement et à la valorisation des technologies issues de l’Université de Sherbrooke.