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Deux étudiants remportent un prix de 25 000 $

Réduire notre empreinte écologique : de l’utopie à la réalité

Mariane Maltais-Guilbault et Nicolas Vincent et le véhicule dédié au ramassage du compost à l'UdeS
Mariane Maltais-Guilbault et Nicolas Vincent et le véhicule dédié au ramassage du compost à l'UdeS
Photo : Michel Caron

Des transports en commun plus efficaces, une ferme verticale pouvant nourrir 50 000 personnes, la production d’énergie dans chaque foyer, la réduction des eaux de ruissellement, des productions industrielles complémentaires : ce sont là autant de propositions qui pourraient aider les habitants des villes canadiennes à réduire considérablement leur empreinte écologique. Ces mêmes propositions ont aussi permis à Mariane Maltais-Guilbault et à Nicolas Vincent, candidats à la maîtrise en environnement, de remporter un prix de 25 000 $ d’un concours organisé par la Fondation TD des amis de l'environnement.

Cibler les villes

Dans le cadre du concours, les participants devaient produire un essai fournissant des principes en vue de réduire l’empreinte écologique du Canada. «Il est apparu qu’une solution intéressante était de cibler les villes, puisque 65 % de la population canadienne vit dans des régions métropolitaines», dit Mariane Maltais-Guilbault. Le document collige des données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat et des données relatives à la réalité canadienne. Les auteurs proposent plusieurs initiatives ambitieuses qui pourraient être mises en place dans des villes de 100 000 habitants.

«Nous avons privilégié l’approche du backcasting, qui consiste à fixer des objectifs pratiquement utopistes au départ, mais qui sont très clairs en bout de ligne. Nous proposons des étapes en amont, afin d’évoluer vers l’atteinte des objectifs», explique Nicolas Vincent. Ainsi, à mesure que certaines étapes sont franchies, l’atteinte d’un objectif initialement très ambitieux devient de plus en plus réalisable, ajoutent les deux étudiants.

Des idées, de la ferme à l’usine

Les propositions formulées dans le document touchent cinq secteurs : l’alimentation, le transport, l’énergie, l’industrie et l’eau.

Dans le premier secteur, on présente une ferme verticale, qui compterait quelques étages où logeraient autant de serres destinées à la production maraîchère. Un énorme capteur solaire et un système d’éclairage comprenant de la fibre optique viendrait permettre la culture.

«En concentrant la production dans un bâtiment, on élimine le transport de denrées, on augmente les rendements, et on libère des terres agricoles qui peuvent ainsi capter plus de carbone et réduire les émissions de gaz», dit Nicolas Vincent. N’eut été de la récession, ce projet était sur le point de voir le jour à Surrey, en Colombie-Britannique, ajoute Mariane Maltais-Guilbault.

En matière de transport, l’objectif ultime serait d’éliminer la voiture en ville, sauf pour les livraisons, les services d’urgence et les transports en commun. À cet égard, les étudiants proposent de prendre exemple sur le très performant système d’autobus de Curitiba, au Brésil. Depuis plus de 50 ans, plusieurs mesures ont été déployées là-bas pour optimiser l’efficacité du réseau.

«Le réseau s’inspire du principe d’un métro où les utilisateurs acquittent leurs droit de passage à l’entrée et peuvent profiter de leur accès tant qu’ils n’en sortent pas. Les autobus roulent sur des circuits réservés et le déploiement de nouvelles lignes est considérablement moins cher que l’infrastructure d’un métro», dit Nicolas Vincent.

Au chapitre de l’énergie, certaines propositions touchent à la décentralisation de la production. «Au lieu de recevoir notre énergie de centrales comme celles de la Baie-James, les citoyens peuvent produire de l’énergie chez eux (solaire, géothermique ou éolienne) et même vendre une partie de l’énergie qu’ils génèrent», dit Mariane Maltais-Guilbault.

Un développement industriel mieux intégré est aussi envisagé pour réduire les déchets ou récupérer de l’énergie. Par exemple, une fonderie de cuivre émettant du souffre – un polluant potentiel – pourrait alimenter une usine produisant de l’acide sulfurique, utiles à d’autres compagnies. Autre exemple, une usine qui opère des mécanismes de refroidissement pourrait fournir l’eau chaude qu’elle rejette à une autre installation qui en tirerait profit.

Enfin, en ce qui concerne l’eau, certaines idées sont avancées pour diminuer les eaux de ruissellement, afin de réduire la pression sur les usines d’épuration, dont l’opération deviendrait moins coûteuse et plus efficace.

Dans quelle mesure les idées avancées sont-elles viables? «Avec l’approche de backcasting, il est possible de commencer avec des objectif modestes (l’achat d’autobus, par exemple), à condition de garder une cible claire à long terme», expliquent les deux étudiants. Ils ajoutent toutefois que la réalité politique fait en sorte que bien souvent, les décideurs hésitent à s’engager sur des projets au delà d’un échéancier de quatre ans!

Un appui inespéré

Pour les deux étudiants, le prix remporté est un appui inespéré dans la poursuite de leur programme d’études. Bien que la participation au concours se soit faite en marge de leur cheminement, cette réalisation sera une belle carte de visite pour leur future carrière. Si Mariane a un profil professionnel en communications, Nicolas pour sa part est ingénieur junior. Mais dans le cadre de leur maîtrise, ils sont appelés à développer des compétences en gestion de projet en environnement.

De plus, ils poursuivront leur 2e année d’études à Troyes en France, pour se spécialiser en écoconception et en écologie industrielle. Ce coup de pouce financier est très positif à l’aube d’une année d’études à l’étranger.