Voyage d'études sur les sites historiques
Des étudiantes et des étudiants en histoire explorent le Pérou
Mai 2017. Une vingtaine d’étudiantes et d’étudiants au baccalauréat en histoire s’envolent vers le Pérou dans le cadre du cours Voyage d’études sur les sites historiques. Le professeur Maurice Demers, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse de l’Amérique latine, les accompagne. Après des mois de préparation, ils atterrissent enfin à Lima. Ils passent trois jours dans la capitale pour amorcer ce voyage, une bonne manière de s’acclimater au pays.
Sous le thème Autochtonie et métissage au pays des Incas, l’expérience de deux semaines proposée par le professeur Demers à ses étudiants est unique. « Entre le rêve et la réalité, l’exotisme séduisant et les inégalités repoussantes, les itinéraires touristiques et les chemins de traverse, le Pérou demeure mystérieux et regorge de richesses culturelles qui sont peu mises en valeur, explique-t-il. Le cours propose un regard critique sur les sites historiques mis en exergue par l’industrie touristique et explore, en parallèle, le Pérou multiculturel pour réfléchir sur la question de l’authenticité et ses usages en histoire. »
Le groupe découvre non seulement l’histoire autochtone du Pérou, mais aussi celle d’une nation métisse qui a été marquée par la rencontre et la conquête des peuples autochtones par les Espagnols ainsi que par la migration forcée de populations noires venues d’Afrique et par l’immigration importante de personnes provenant de l’Asie, de l’Europe et du Moyen-Orient.
« Ce voyage change la façon dont je veux approcher l’histoire dans le futur, confie Philippe Vallerand, un des étudiants du groupe. Il m’a permis de comprendre que l’étude théorique de concepts ne sera jamais suffisante pour pouvoir les comprendre pleinement. L’histoire ne doit pas se limiter à la simple lecture de livres. Il faut aller sur le terrain, il faut se rapprocher de notre sujet d’étude si on veut tenter de mieux le comprendre. Le voyage m’a permis à plusieurs reprises de mieux comprendre le Pérou, la mémoire et les croyances qui sont transmises entre les générations. Il m’a permis d’ouvrir mon esprit à de nouvelles perceptions et possibilités. »
Des lieux marquants, des rencontres déterminantes
Lors de son séjour à Lima, le groupe visite la cathédrale (datant du XVIe siècle), la Casa de Aliaga et le Convento de San Francisco. Il parcourt aussi le Musée Larco, le Musée de l’immigration japonaise au Pérou (au Centro Cultural Japonés) ainsi que le Musée national d’archéologie et d’histoire. Il assiste à une conférence de Ruth Magali Rosas Navarro à l’Université de Piura, " Les esclaves noirs et le tribunal de la Sainte inquisition à Lima (1570-1650) ".
« Il y a eu plusieurs moments forts durant le voyage, explique l’étudiante Marie-Laurence Raby. Pour moi, le top 3 des plus beaux moments est composé, premièrement, de la soirée à l’haciendas et du souper afro-péruvien à El Carmen, ensuite de la visite des îles flottantes et, finalement, du Machu Picchu. J’ai vraiment eu un coup de cœur pour les activités qui nous faisaient découvrir la culture et le quotidien des gens. Les visites de sites archéologiques et particulièrement du Machu Picchu m’ont aussi beaucoup marquée puisque c’était en quelque sorte un contact direct avec l’histoire et les civilisations disparues. »
Après Lima, les voyageurs visitent donc Chincha (rencontre avec l’historien de la ville, Santiago Perone, et avec un récipiendaire du Prix national de culture péruvienne, Rolando Palma), El Carmen, le désert d’Ica, Arequipa (ville entourée de volcans), Puno, le lac Titicaca, les îles flottantes des Uros, Taquile (où les habitants vivent encore selon les traditions héritées des Incas), Andahuaylillas, Saqsayhuaman (ruines datant de la période pré-inca), Cusco, la vallée sacrée des Incas et, finalement, le Machu Picchu, la création urbaine la plus stupéfiante de l’Empire inca selon l’UNESCO. Bref, un itinéraire exigeant, mais à faire rêver!
Ce voyage constitue une occasion extraordinaire pour ces historiennes et ces historiens en devenir de compléter leur formation par une expérience pratique originale, riche d’enseignements et de prises de conscience. « Il a été formateur, parce qu’il m’a fait découvrir une manière différente de voyager, avec un angle d’approche précis, dans ce cas-ci le métissage, partage Marie-Laurence Raby. Toutes les visites et la majorité des activités étaient reliées à cet angle, ce qui a créé une espèce d’immersion et m’a permis de vraiment saisir la complexité de la question du métissage au Pérou. »
Pour Philippe Vallerand, l’esprit de groupe est aussi déterminant. « D’autres moments forts de ce projet sont, à mon avis, les nuits de la poésie organisées au cours du voyage. Elles nous ont permis de découvrir des aspects insoupçonnés chez plusieurs camarades et d’exprimer les sentiments et les émotions ressentis suite aux nombreuses expériences que nous avons vécues. Nous avons pu constater comment elles nous ont rapprochés et faits grandir, nous ont permis de nous voir pour qui nous sommes au quotidien. »
Parions que grâce à ce voyage pédagogique, des amitiés durables se seront développées entre les membres du groupe. Des amitiés dont ils profiteront tout au long de leur parcours professionnel, de leur vie.