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Enquête menée par l’Université de Sherbrooke sur la santé psychologique des 12 à 25 ans

La santé mentale des jeunes toujours fragile

La santé psychologique des adolescentes serait particulièrement fragile depuis la pandémie.Photo : Michel Caron - UdeS
La santé psychologique des adolescentes serait particulièrement fragile depuis la pandémie.
Photo : Michel Caron - UdeS

Comment vont nos jeunes? Sont-ils heureux et heureuses? À vrai dire, la situation est fragile, nous apprennent les plus récentes données de l’Enquête sur la santé psychologique des 12-25 ans, menée par la professeure Mélissa Généreux et quatre personnes étudiantes au doctorat.

Les données ont été récoltées en janvier dernier auprès de 17 708 personnes âgées de 12 à 25 ans, dont 15 104 du secondaire et 2509 du cégep ou de l’université, et provenant des régions de l’Estrie, des Laurentides, de la Mauricie-Centre-du-Québec et de la Montérégie.

Les résultats révèlent que, bien que la santé mentale des jeunes semble s’être quelque peu améliorée au cours de la dernière année, elle demeure toujours moins bonne qu’avant la pandémie. En effet, celle-ci est qualifiée de « passable à mauvaise » chez 28 % des jeunes dans les écoles publiques (contre 25 % avant la pandémie) et chez 24 % des jeunes dans les écoles privées (contre 20 % avant la pandémie).

Cette enquête est résultat du travail de quatre externes du doctorat en médecine de l’UdeS, qui ont mené ce projet dans le cadre de leur formation et sous la supervision de la professeure Généreux. Elle a été réalisée avec contribution de la Direction de santé publique et a été rendue possible grâce à la collaboration de la Fondation Jeune en tête et R3USSIR Estrie.

Santé mentale : portrait sombre chez les filles

Mélissa Généreux est professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS et médecin-conseil à la Direction Santé publique du CIUSSS de l’Estrie – CHUS.
Mélissa Généreux est professeure à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’UdeS et médecin-conseil à la Direction Santé publique du CIUSSS de l’Estrie – CHUS.
Photo : UdeS

Alors que 37 % des jeunes du secondaire et 52 % des jeunes qui fréquentent le cégep ou l’université rapportent des symptômes modérés à sévères d’anxiété ou de dépression, ce sont les filles qui retiennent l’attention, puisque ces symptômes se retrouvent chez 52 % d’entre elles au secondaire et 56 % d’entre elles au cégep et à l’université.

Ces symptômes sont importants, puisque le quart des jeunes, peu importe leur niveau de scolarité, a eu des idées noires au cours des deux dernières semaines. Ces idées sont rapportées plus d’un jour sur deux chez 10 % des personnes répondantes et sont trois fois plus fréquentes chez les filles que chez les garçons au secondaire.

Un lien avec l’anxiété et la dépression a également pu être établi chez les jeunes du secondaire ayant un faible attrait pour l’école, des données similaires à celles récoltées en 2022.

Consommer pour s’apaiser

De manière générale, le vapotage semble moins présent aujourd’hui qu’en 2022 dans les écoles secondaires. On note toutefois de grands écarts entre les écoles publiques et privées en ce qui concerne l’alcool, le cannabis et le vapotage (incluant le vapotage de cannabis). Le besoin de se relaxer est la principale raison évoquée par les personnes répondantes. Les jeunes du secondaire qui vapotent sont près de deux fois plus susceptibles de rapporter des symptômes anxieux ou dépressifs.

Le temps d’écran au banc des accusés

Les réseaux sociaux occupent toujours une place importante dans la vie des jeunes, qui y passent pour la plupart au moins 4 h par jour. Cette activité nuit au sommeil et à la perception de l’apparence chez un grand nombre de filles fréquentant l’école secondaire.

Le difficile équilibre travail-études

De plus en plus de jeunes occupent un emploi à temps partiel en même temps qu’ils vont à
l’école. Ce sont même 54 % des étudiantes et étudiants de 1re secondaire et 57 % de celles et ceux de 2e secondaire qui ont un emploi. Plusieurs répondantes et répondants indiquent travailler plus de 15 heures par semaine. Ces jeunes sont un peu plus nombreux que les autres à rapporter un sentiment d’anxiété ou des symptômes de dépression.

Parmi les stratégies rapportées par les personnes répondantes au secondaire, qui aideraient le plus à maintenir ou à améliorer la santé psychologique, on note les activités sportives, le plein air, les coins de détente, le soutien scolaire et le soutien au cheminement scolaire et professionnel.

Quant aux jeunes fréquentant le cégep ou l’université, les liens significatifs dans le milieu scolaire, le soutien au cheminement scolaire et professionnel, les coins de détente, le soutien psychosocial individuel et le plein air seraient des éléments clés.

Des pistes de solution pour les écoles et les parents

Pour soutenir ces jeunes, les milieux scolaires et communautaires sont interpellés pour créer des environnements favorisant le bien-être, cultiver la bienveillance, renforcer le lien de confiance entre les jeunes et les adultes et mettre en œuvre, par exemple, des actions en prévention des troubles mentaux.

Les milieux familiaux doivent être davantage impliqués, ces derniers pouvant contribuer à la santé psychologique des jeunes par l’intégration du dialogue sur les sujets précédemment mentionnés et l’encadrement du temps passé devant l’écran ou au travail.

Méthodologie
Cette étude a été menée auprès de 17 708 personnes âgées de 12 à 25 ans, provenant de 64 écoles secondaires, centres de formation professionnelle, de formation générale aux adultes, cégeps et universités des régions de l’Estrie, des Laurentides, de la Mauricie–Centre-du-Québec et de la Montérégie.

Plus de la moitié (57,3 %) des répondantes et répondants au secondaire proviennent d’une école privée, alors qu’en réalité, ce sont d’environ 15 à 20 % des élèves qui fréquentent une école privée. Une telle surreprésentation du privé est aussi notée dans l’enquête de 2022.