Lancement de la revue Le Climatoscope
Enjeux climatiques et avancées scientifiques
À l’approche des élections fédérales, les changements climatiques sont au cœur du débat public. Alors que plusieurs sortent dans les rues afin d’exprimer leurs craintes face à l’avenir de la planète, comment la science et la recherche envisagent-elles cet enjeu de taille?
Pour tenter de répondre à cette question et mettre en lumière la recherche sur le climat, une équipe de professeures et de professeurs de l’Université de Sherbrooke a lancé le 25 septembre dernier le premier numéro du Climatoscope, une revue de vulgarisation scientifique francophone portant sur les changements climatiques et s’adressant à un lectorat averti, mais non expert.
Pour la professeure responsable de la revue, Annie Chaloux, Le Climatoscope est le fruit d'un travail de longue haleine, qui deviendra sans conteste un outil de sensibilisation important. Dans un contexte où les fausses nouvelles voyagent plus vite que les faits scientifiques, la revue permettra de palier une partie de cet enjeu.
Nous observions depuis un certain temps un décalage entre l’état des connaissances scientifiques sur les changements climatiques et ce qui est véhiculé dans l’espace public sur cette problématique d’une importance sans précédent.
Annie Chaloux, professeure responsable de la revue
Cette dernière, qui signe un texte dans Le Climatoscope au sujet de la politique étrangère canadienne en matière de climat, constate également que, parmi les nombreuses publications et les rapports scientifiques écrits chaque année sur la question, très peu cherchent à vulgariser les recherches et les travaux scientifiques. Ainsi, l'équipe du Climatoscope a eu l’idée de créer un espace qui permettrait de rendre accessibles au plus grand nombre les savoirs sur les changements climatiques développés dans le cadre de recherches universitaires.
Craintes face à l'avenir
Bien que la publication de cet ouvrage soit un premier pas vers l'avant, la professeure Chaloux ne cache pas ses craintes face au peu d'actions politiques mises en place.
Il y a la possibilité que les actions nécessaires pour infléchir les tendances mondiales soient prises trop tard ou bien encore que, même si certaines décisions sont prises, elles demeurent trop frileuses pour répondre aux véritables problèmes des changements climatiques.
Même si les politiques et les lois tardent à venir, la professeure Chaloux est d'avis que l'action individuelle peut faire une différence si des actions sont prises dès maintenant par un grand nombre de gens. On pense, par exemple, à la voiture et à la mentalité que les citoyennes et les citoyens entretiennent sur le sujet des transports au Québec.
« Les transports sont sans conteste un des plus importants responsables d’émissions de gaz à effet de serre. C'est également un secteur où une quantité impressionnante de solutions peuvent être à notre portée. Il faut, pour cela, changer notre façon de percevoir nos déplacements, en favorisant notamment les transports actifs et collectifs, mais aussi revoir notre étalement urbain, en freinant l’expansion de nos villes pour densifier intelligemment celles-ci », explique la spécialiste en politiques environnementales.
L'importance de la recherche sur les changements climatiques
Malgré un pronostic plutôt sombre, Annie Chaloux est loin de perdre espoir.
Beaucoup de choses ont changé en 10 ans. Pensons notamment à la voiture électrique ou à l’alimentation (véganisme, végétarisme ou flexitarisme). Je pense que, si nous offrons des solutions tangibles, concrètes et accessibles, en plus de sensibiliser la population aux enjeux, nous parviendrons à infléchir la tendance mondiale.
Alors que certains discours climatosceptiques semblent s'infiltrer dans l’espace public, il apparaît nécessaire de permettre aux citoyens et citoyennes de mieux s’informer sur les défis ou les enjeux entourant les changements climatiques. « Les impacts sont connus, réels et importants, mais des solutions existent aussi pour contribuer à atténuer nos émissions de gaz à effet de serre et à nous adapter aux changements climatiques. La recherche dans le domaine doit se poursuivre et, surtout, être prise en compte dans les actions politiques futures. »