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Cri du coeur de trois biologistes

«Le Canada doit faire ses devoirs de citoyen de la planète»

Photo : Fanie Pelletier

Dans une lettre ouverte publiée le vendredi 2 mars dans Science, le biologiste Marco Festa-Bianchet exhorte les gouvernements à sauver les régions sauvages du Canada non protégées. Ces espaces canadiens constituent 24% des terres sauvages de la planète.

L'augmentation de la demande mondiale pour les ressources du Canada érode le caractère sauvage du pays, ses écosystèmes intacts ainsi que la riche diversité des grands mammifères. Pour respecter ses engagements de 2020 envers la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, le Canada doit protéger 17% de sa superficie terrestre et 10% de sa superficie marine; actuellement, seulement 10% et 1%, respectivement, sont protégés. Pourtant les sondages montrent que 87% des Canadiens supportent une protection accrue du paysage.

Le biologiste de l'UdeS Marco Festa-Bianchet.
Le biologiste de l'UdeS Marco Festa-Bianchet.
Photo : MIchel Caron

C’est avec ces mots que le spécialiste du mouflon d’Amérique ouvre son plaidoyer, qu’il signe avec ses collègues Clayton Lamb et Mark Boyce de l’Université de l’Alberta. Leur cri du cœur appuie celui d’un solide groupe de 116 députés canadiens qui, dans une longue missive diffusée le 8 janvier, réclament du ministre des Finances, Bill Morneau, un financement historique de 1,4 milliard de dollars pour préserver la biodiversité exceptionnelle du Canada entre 2018 et 2020, avec 470 millions de dollars par année pour soutenir les efforts après 2020.

Tous trois experts de l’écologie animale, Lamb, Boyce et Festa-Bianchet vont cependant plus loin que les 116 députés canadiens. Ils réclament également les efforts nécessaires pour la protection des écosystèmes et de leurs habitants qui se trouvent à l’extérieur des aires protégées que sont les parcs de conservation.

Même si le Canada remplit son engagement de protéger 17% de sa zone terrestre, la conservation de la faune échouera si le Canada néglige les 83% restants, qui resteront non protégés. Dans l'Ouest canadien, 35% du paysage géré par les provinces a été touché par l'activité industrielle. Ces effets compromettent progressivement la persistance de nombreuses espèces bien aimées du grand public notamment le grizzli, le caribou, le wapiti, le carcajou et la chèvre de montagne.

La fragmentation et la destruction des forêts, la multiplication des accès routiers - qui facilitent le braconnage - de même que la multiplication des sentiers de motoneige ne sont que quelques exemples des activités humaines qui ne cessent de déconstruire les milieux naturels à l’extérieur des aires protégées.

Encore plus que des investissements, il semble que seul un changement de culture puisse faire la différence sur le terrain. «Au Québec, on voit très bien ce manque d’intérêt pour la protection des ressources, affirme Marco Festa-Bianchet. On a vu récemment le sort que comptait réserver Québec aux caribous forestiers, qu’on voulait envoyer mourir dans un zoo. Même chose avec le bassin versant de la rivière Magpie, située sur la Côte-Nord, que le gouvernement provincial hésite à protéger. On constate des coupures au sein des agences de conservation dans presque toutes les provinces canadiennes.»


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