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Implication des usagers et des proches dans la formation en travail social

Je suis une personne, pas une maladie

Le partage de l’expérience unique vécue par une personne qui a réussi à cheminer jusqu’au rétablissement devant une équipe professionnelle ou une cohorte d’étudiantes et d’étudiants, produit non seulement des changements de pratique chez les intervenants, mais modifie également la conception qu’ils ont des problèmes de santé mentale.
Le partage de l’expérience unique vécue par une personne qui a réussi à cheminer jusqu’au rétablissement devant une équipe professionnelle ou une cohorte d’étudiantes et d’étudiants, produit non seulement des changements de pratique chez les intervenants, mais modifie également la conception qu’ils ont des problèmes de santé mentale.

Photo : Fournie

Le Plan d’action de santé mentale 2015-2020 a entraîné de nombreuses avancées, dont la diffusion et l’implantation progressive de l’approche orientée vers le rétablissement, l’élaboration et la mise en œuvre de l’offre de services de première ligne en santé mentale ainsi que la mise en place du soutien et du suivi dans la communauté. Cet article présente une des mesures mises de l’avant : la « primauté de la personne ».

Ce principe implique de tenir compte du point de vue et des capacités de la personne utilisatrice de services en santé mentale, tout en favorisant sa participation dans les services psychosociaux publics ou communautaires. Les lieux de participation des personnes utilisatrices dans le réseau et dans les universités se sont multipliés au cours des dernières années au Québec : tables de concertation régionales et provinciales, conseils d’administration, comités d’usagers, laboratoires d’apprentissage universitaire, etc.

De plus, la philosophie du rétablissement a ouvert la voie à la combinaison du savoir expérientiel de la personne usagère au savoir professionnel des intervenants1. Dans cette optique, j’en suis venue, comme travailleuse sociale et chargée de cours à l’École de travail social, à considérer l’apport de la personne utilisatrice de services comme une ressource inestimable d’expertise de la prestation des soins et des services psychosociaux, mais aussi comme un élément important dans la formation des étudiantes et des étudiants universitaires.

Depuis deux ans, j’invite dans mes cours des personnes à venir partager leur vécu expérientiel des services qu’ils reçoivent du réseau de la santé et des services sociaux et des organismes communautaires. Leurs conférences en classe sont d’abord des occasions pour elles de témoigner de leur vécu, cheminement et rétablissement en santé mentale. Surtout, ces activités donnent du sens et font émerger un sentiment de fierté chez ces personnes en leur permettant d’être elles-mêmes, avec leurs forces, dans une société dans laquelle elles veulent être partie prenante.

Ces conférences de personnes utilisatrices de services sont plus que des mesures pédagogiques qui permettent de transposer la théorie à des situations de vie. Le partage de l’expérience unique vécue par une personne qui a réussi à cheminer jusqu’au rétablissement devant une équipe professionnelle ou une cohorte d’étudiantes et d’étudiants, produit non seulement des changements de pratique chez les intervenants, mais modifie également la conception qu’ils ont des problèmes de santé mentale2. Ces témoignages valident donc la pertinence des services multidisciplinaires en santé mentale, développent bienveillance et compassion chez les étudiants universitaires et contribuent à la lutte pour contrer la stigmatisation et la discrimination.

Les étudiantes et les étudiants ayant bénéficié de ces conférences et moi-même souhaitons remercier les conférenciers Mario et Johanne, qui partagent depuis deux ans leur vécu, leurs expériences. Votre courage et votre authenticité donnent un sens à la primauté de la personne usagère dans le réseau de la santé et des services sociaux.

1 et 2  Quintal, M.-L. et al (2013) Je suis une personne, pas une maladie!. La maladie mentale : l’espoir d’un mieux-être. Performance Édition. Pages 142 et 144.

Cet article a été rédigé en collaboration avec Dominik Latulippe, étudiant en travail social à l’Université de Sherbrooke.


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