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Prix Recherche et création

L’attribution du Prix de la recherche et de la création récompense le caractère original des travaux de recherche ou de la création du, de la ou des récipiendaires, et vise à souligner une découverte, une publication scientifique ou une œuvre de création significative qu’elles ou qu’ils ont publiée au cours de l’année civile précédant le concours.

Ce prix est remis au cours de la Célébration de la recherche et des études supérieures. Trois prix sont décernés, sur une base annuelle, à des professeures ou professeurs de l’Université. Les prix peuvent être attribués à un individu ou à une équipe.

Lauréats 2023

Richard Leduc et Pierre-Luc Boudreault

Médecine et sciences de la santé

Combattre l’ennemi sur son terrain

Face à la pandémie de COVID-19 en 2020, plusieurs équipes de recherche ont voulu développer des stratégies pour nous protéger de l’infection, limiter la transmission ou offrir des options de traitement. C’est dans ce contexte que trois chercheurs de l’Institut de pharmacologie de Sherbrooke, les professeurs Richard Leduc, Pierre-Luc Boudreault et feu Éric Marsault , en collaboration avec des équipes de recherche de University of British Columbia et de Cornell University, ont voulu innover.

Plutôt que de conférer une immunité à l’organisme comme le font les vaccins, l’approche de l’équipe visait à bloquer directement l’entrée du virus dans les cellules de l’hôte en ciblant une de ses protéines et non le virus lui-même comme la grande majorité des antiviraux sur le marché actuellement. L’avantage est énorme : pouvoir s’affranchir des risques associés à la mutation du virus.

En mars 2022, l’équipe a démontré que le traitement au N-0385, une molécule bioactive capable d’inhiber l’activité enzymatique de la protéase TMPRSS2, réduisait l’infection à la COVID-19. Pour la première fois, une molécule dirigée contre une enzyme humaine s’est avérée efficace pour combattre l’infection par le SRAS-CoV-2, ouvrant ainsi la voie au développement de traitements pour lutter contre la COVID-19.

Il faut le mentionner, cette extraordinaire découverte, publiée dans la très prestigieuse revue scientifique Nature, s’est concrétisée dans le difficile contexte du confinement, pendant lequel l’équipe a dû composer avec des pénuries de matériel et des ressources humaines limitées, en plus de subir l’immense perte d’un membre de l’équipe, le professeur Éric Marsault.

Stefanos Kourtis

Sciences naturelles et génie

Déjouer les pièges de la quantique

L’état quantique d‘une particule peut être lié à celui d’une autre particule, quelle que soit la distance qui les sépare. C’est l’intrication quantique. En fait, l’intrication entre différentes parties d’un système est une corrélation qui n’existe pas dans notre conception classique du monde. Par exemple, la mesure d’une partie d’un système intriqué peut influencer instantanément l’état d’une autre partie du système à très grande distance. Ajoutons ici la règle de Born qui stipule qu’une mesure d’un système dans un état de superposition quantique réduit ce même état à une configuration non quantique. En outre, une mesure partielle d’un sous-ensemble des composants d’un système quantique diminue le caractère quantique d’un état quantique. Comment ces mesures partielles d’un état quantique influencent-elles son intrication?

C’est une réponse à cette question qui a motivé les recherches récentes du professeur Stefanos Kourtis. Grâce à son expertise multidisciplinaire en physique quantique et en systèmes complexes, il a formulé une théorie de l’intrication sous mesures partielles d’un système quantique. Cette théorie a été ensuite vérifiée expérimentalement en utilisant des ordinateurs quantiques.

En plus de faire l’objet de deux publications scientifiques prestigieuses (Nature et Physical Review Letters), élaborées dans le cadre du doctorat de Jeremy Côté qui travaille sous la supervision du professeur Kourtis, ces travaux représentent un grand pas en avant dans la compréhension et la manipulation de cette propriété fascinante qu’est l’intrication quantique. Qui sait ce qu’il nous réserve pour la suite?

Josée Vincent et Marie-Pier Luneau

Sciences humaines et sociales

Raconter l’histoire en fouillant celles des livres

Support privilégié de la connaissance et de l’émancipation, le livre sous ses multiples formes doit son existence à des gens aux métiers spécialisés, souvent des touche-à-tout, dont les trajectoires sont aussi fascinantes que méconnues.

Ce sont quelque 400 parcours, de la Nouvelle-France à nos jours, qui sont racontés dans le Dictionnaire historique des gens du livre au Québec, un ouvrage phare pour résumer l’histoire du livre au Québec et surtout celle des personnes et institutions qui l’ont façonnée. Or pour sortir de l’ombre ces femmes et ces hommes passionnés, les professeures Josée Vincent et Marie-Pier Luneau ont dirigé un projet herculéen : deux décennies de travail, une armée de chercheurs et chercheuses, des collaborations multiples, une collecte de données historiques aussi impressionnante que pertinente.

À travers les parcours des gens du livre, c’est littéralement l’histoire du Québec qui se déploie. Ce dictionnaire permet une formidable avancée des savoirs, tant sur le plan national qu’international, en histoire du livre et de l’édition, domaine où l’Université de Sherbrooke s’est taillé une place de chef de file.  Par cette réalisation hors du commun, les deux professeures ouvrent aussi la voie à de nouvelles thématiques de recherche, comme la place des femmes et des groupes sociaux minorisés dans le milieu du livre.