La création technologique au cœur du génie mécanique
Un nouveau cheminement au doctorat qui ouvre des perspectives dans le domaine de l’innovation
Photo : Isabelle Jetté
Le Département de génie mécanique de la Faculté de génie a lancé en janvier 2025 un cheminement dans le nouveau programme de doctorat avec une possibilité de faire un passage accéléré depuis le baccalauréat. Novateur, il propose une approche différente de la recherche afin de mieux répondre aux besoins de l’industrie québécoise en pleine évolution et d’une génération en quête d’ouverture et de défis créatifs.
Un travail collectif au service de la transition
L’idée de repenser la formation doctorale en génie mécanique remonte à 2006 avec l’idée d’intégrer la résolution de problèmes comme point central. Ce n’est qu’en 2018 que l’équipe du département a réellement débuté les discussions.
Nous étions tous animés par la même volonté de faire évoluer les choses afin de mieux accompagner et former la relève. Nous avions identifié deux problèmes majeurs à résoudre : d’un côté la durée des études au doctorat et d’un autre les écarts entre la formation et les réels besoins d'un marché du travail en constante évolution. Toute l’équipe est très heureuse de voir ce projet se concrétiser après autant d’efforts et de réflexions!
Patrice Masson, professeur et directeur du Département de génie mécanique, Faculté de génie
Une dizaine de professeurs et professeures du département ont œuvré ensemble pour repenser la formation offerte afin de conjuguer les besoins de la communauté étudiante et du milieu industriel, en tenant compte des façons de faire à l’international. Le but était de mettre tout le monde sur un pied d’égalité en offrant les mêmes chances, quel que soit le pays d’origine, d’obtenir un doctorat dans un délai convenable et avec des débouchés sur le marché du travail.
Deux profils pour répondre à deux types d’expertise
Dans un monde où prime la surspécialisation, le Québec a un important besoin d'experts qui maitrisent l’innovation de façon plus générale, tout en étant capables de combiner des expertises de domaines différents pour résoudre des problèmes complexes et créer de nouvelles technologies pour les groupes d’innovations émergents. L’idée n’était donc pas de remplacer un doctorat par un autre, mais d’offrir un parcours alternatif qui s’adresserait à un type de personnes ayant des aspirations professionnelles différentes.
Mathieu Picard, professeur en génie mécanique et créateur du nouveau cheminement en création technologique, Faculté de génie
Photo : Michel Caron - UdeS
Le doctorat en génie mécanique s’articule désormais autour de deux parcours :
- Le cheminement en « expertise disciplinaire » : dans une forme plus conventionnelle, il permet de former des experts dans un domaine précis et répond encore aujourd’hui à de nombreux besoins en entreprise. Il s’adresse à des gens passionnés qui ont à cœur de faire de la recherche pour répondre à un problème spécifique.
- Le nouveau cheminement en « création technologique » : il répond aux besoins d’étudiants et étudiantes sensibles à la créativité, au travail d’équipe, à la résolution de problèmes et qui souhaitent devenir experts d’un domaine plutôt que d’un sujet spécifique. En offrant un cadre novateur et une approche pédagogique transversale, ce cheminement permet d’acquérir les compétences pour piloter divers projets et services de recherche et développement au sein d’entreprises en s’adressant à des personnes qui ne se seraient peut-être pas naturellement tournées vers des études supérieures.
Comment former autrement dans un contexte en constante évolution
Nous voulions créer un espace d’échanges multidisciplinaires. Les étudiants et étudiantes qui s’inscrivent à ce cheminement viennent d’horizons très différents, ils peuvent tout aussi bien arriver directement du baccalauréat, comme avoir travaillé plusieurs années en industrie avant de décider de revenir à l’université. Cela crée des échanges intéressants et une transmission de savoirs, d’approches et de points de vue qui leur permet de s’ouvrir à de nouvelles façons d’envisager la résolution de problèmes et l’ingénierie en général.
Alexandra Naisby, coordonnatrice académique, Faculté de génie
Photo : Fournie
Trois nouvelles approches :
- Le processus de définition du projet de recherche : Jusqu’à récemment, il dépendait en majeure partie de la direction de thèse, sans cadre temporel précis. Désormais, le département encadre cette étape de manière structurée : dès la première session, la personne identifie le problème qu’elle souhaite explorer et, au fil de l’année, en affine les contours à travers un accompagnement collectif.
- Le format : Le nouveau programme mise sur l’effet de cohorte, une nouveauté au 3e cycle. En travaillant ensemble, les doctorants et doctorantes développent des compétences transversales, échangent sur leurs expériences et apprennent à collaborer dans un contexte multidisciplinaire et interculturel qui constitue qui constitue un reflet fidèle du milieu industriel d’aujourd’hui.
- L’apprentissage : Alors qu’un seul cours était auparavant obligatoire au doctorat, les deux cheminements comptent maintenant 15 crédits. En création technologique, ils sont répartis autour d’activités pédagogiques d’intégration (API) couvrant trois grandes sphères du génie mécanique (thermofluide, matériaux et fabrication, mécatronique).
Ces cours, coanimés par plusieurs professeurs de spécialités différentes, visent à développer la capacité à faire des liens entre les concepts, à résoudre des problèmes complexes et à travailler en équipe, des habiletés essentielles pour les futurs leaders en innovation.
Une nouvelle culture de la recherche appliquée
Ce nouveau doctorat s’inscrit dans une volonté claire de former une nouvelle génération en lien avec les besoins du marché du travail tout en répondant à une triple problématique de la recherche en général : la durée des études variable, les perspectives d’emploi incertaines et l’isolement vécu par certaines personnes.
Le nouveau passage accéléré du baccalauréat au doctorat permet également d’uniformiser les chances des étudiants et étudiantes québécois qui se voyaient souvent obtenir leurs doctorats plus âgés que ceux d’autres pays en raison de la durée des études secondaires variables d’un pays à l’autre.
Cette nouvelle approche vient bousculer les codes établis tout en répondant à une demande pressante de l’industrie : 85 % des diplômés au doctorat en génie mécanique se dirigent vers le domaine industriel. Tout en maintenant l’excellence pédagogique qui fait sa réputation, l’équipe enseignante souligne :
Nous voulons démystifier le doctorat et en faire une voie attrayante pour celles et ceux qui souhaitent se dépasser, créer et diriger des projets d’envergure.
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