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Micro-résidence du sculpteur François Mathieu au Studio de création

Concevoir des formes différemment en délaissant ses outils habituels

François Mathieu, sculpteur et bricoleur du monde des arts, a réalisé l’hiver dernier au Studio de création – Fondation Huguette et Jean-Louis Fontaine une micro-résidence de quatre jours en collaboration avec la Galerie d’art Antoine-Sirois de l’Université de Sherbrooke pour se confronter à des contextes de travail alternatifs et se retrouver dans quelque chose de nouveau. « La différence dans ma pratique artistique n’est peut-être pas spectaculaire après cette courte résidence mais elle m’est très précieuse aujourd’hui et pour ce qui s’en vient », annonce fièrement l’artiste beauceron.

Dans la manière qu’il appréhende les processus artistiques, le bricoleur en résidence accorde une grande importance au facteur humain, et à cet égard, le personnel du Studio a compris ce qu’il cherchait même si c’est plutôt difficile à expliquer. « C’est la première fois qu’on me demande d’avoir des mauvais résultats d’un point de vue technique avec une impression 3D plutôt que de les améliorer à la place », explique l’étudiant en génie robotique et mentor au Studio de création, Maxime Desmarais-Laporte, qui a participé à cette micro-résidence. Le prototypage rapide où on se soucie peu de tous les détails techniques se rapproche grandement d’un tel processus artistique où ce qui est imparfait est ce qui est voulu au final, ce qui permet d’avancer plus rapidement dans la conception d’une œuvre sculpturale en 3D, par exemple.

Tous les artistes ont une démarche singulière et le bricoleur de St-Sylvestre de Lotbinière, celui-là même qui a signé Le souffre des dieux, l’œuvre d’art qui orne depuis 1999 le cœur de la Faculté de génie, se démarque dans sa pratique en recherchant ce qui fait qu’on constate qu’un objet a été fait. Il aime explorer la genèse de l’objet, sa matière, sa provenance et les problèmes qui ont été résolus pour arriver à amener cet objet-là où il est.

Julien Lamarche, ingénieur au Studio de création, a accepté l’offre de résidence de la part de la Galerie d’art avec enthousiasme puisqu’en plus d’accueillir un nouveau membre, François Mathieu partagera une nouvelle expertise, de nouveaux savoirs à la communauté de créateurs du Studio de création. « Depuis que François se trouve dans l’atelier, les personnes étudiantes lui posent des questions sur sa démarche, et il se nourrit également du processus complètement inverse qu’elles lui enseignent en ingénierie, comme la conception par ordinateur qui le captive particulièrement », souligne l’ingénieur Julien Lamarche.

Cette micro-résidence d’un artiste au Studio comporte de grands bénéfices pour toutes les parties prenantes dont cette relation artiste et personnes étudiantes qui échangent des savoirs et des pratiques. Il est particulièrement déroutant de se faire dire par un artiste que l’impression 3D est un procédé de fabrication qu’il aimerait intégrer à sa pratique artistique sans véritablement savoir au préalable ce qu’il estime pouvoir réaliser avec cet outil. « Ces processus créatifs proviennent d’endroits complètement différents et de nouvelles idées émergent et s’entrechoquent au Studio par ces rencontres, ces nouvelles expériences de partage », ajoute Julien Lamarche, diplômé en génie mécanique de l’UdeS.

L’artiste jongle avec les sphères dans son atelier à St-Sylvestre de Lotbinière, une forme abstraite qu’il moule avec des matériaux inattendus, que ce soit des dômes, des coupoles ou autres objets ronds. En fréquentant le Studio, l’artiste souhaitait imprimer des pièces en 3D. Mais, il a surtout développé de nouvelles intuitions qui imprègneront ses prochaines œuvres.

Par exemple, de quelle manière pourrait-il programmer une machine low-tech chez lui qui le remplacerait en tant que sculpteur? En réalisant qu’il ne pourrait créer une machine aussi complexe que celle du Studio, François Mathieu a pris conscience qu’une seule forme se prête à l’automatisation à l’intérieur de ses limites. « Ce n’est plus moi qui tourne autour de la pièce en devenir, c’est désormais en tournant dans ma machine que mes formes deviennent rondes », ajoute le bricoleur en micro-résidence au Studio de création. Avec l’impression 3D d’une sphère en devenir, il doit programmer des erreurs et autres irrégularités parce qu’il n’y en aura aucune s’il ne les introduit pas.

La Galerie d’art Antoine-Sirois élargit son mandat

En faisant équipe avec le Studio de création et sa communauté de créateurs-ingénieurs, la Galerie d’art de l’UdeS ouvre de nouveaux corridors de collaboration bénéfiques pour l’un et pour l’autre. « Pour notre part, il est important de mentionner que la production d’une œuvre coûte que coûte ne doit pas être inéluctable, mais ce qui nous importe le plus, c’est le processus qui mène à la création d’une œuvre. La démarche de l’artiste François Mathieu s’inscrit dans cette optique. Le vernissage du 20 novembre démontrera des signes de ces divers processus de création », soutient Caroline Loncol Daigneault, directrice artistique et conservatrice de la Galerie d’art Antoine-Sirois de l’Université de Sherbrooke.

La nouvelle directrice désire ouvrir le mandat de la galerie à la recherche et à la création plutôt que seulement à la diffusion. À cet égard, les œuvres du sculpteur François Mathieu s’inscrivent dans cette perspective puisqu’elles racontent leur genèse, les processus faisant partie intrinsèque de sa pratique.

Ce qui arrive

Exposition à la galerie d’art Antoine-Sirois

Du 20 novembre 2021 au 29 janvier 2022

Vernissage : le samedi 20 novembre 2021 à 11 h

RSVP : galerie@usherbrooke.ca



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