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Un prototype étudiant dans le désert du Maroc

Les étudiants du projet Sirocco conçoivent un véhicule pour participer au Rallye Aïcha des gazelles

Un aperçu du véhicule sans la carrosserie complète.
Un aperçu du véhicule sans la carrosserie complète.
Photo : Sirocco

Imaginez passer neuf jours dans le désert du Sahara, avec pour seuls points de repère une carte, une boussole et le paysage. S’ajoute à cela que le véhicule dans lequel vous prenez place est issu d’une toute nouvelle conception. Tout un défi? Il s’agit de ce que deux étudiantes en génie mécanique réaliseront en participant au 23e Rallye Aïcha des gazelles, qui se tiendra au Maroc du 16 au 30 mars 2013. Les deux étudiantes prendront part à la course à bord d’un véhicule prototype créé dans le cadre de leur projet de fin d’études.

L’idée de concevoir un véhicule prototype pour participer au Rallye Aïcha des gazelles est surtout venue des étudiantes Véronique Nault et Joannie Lapointe, qui songeaient déjà au projet à l’été 2010. Elles ont partagé leur idée avec d’autres étudiants et ont ainsi formé une équipe pour débuter la conception en janvier 2011.

Anthony Bolduc, membre de l’équipe qui s’occupe entre autres de l’ergonomie du véhicule, de la carrosserie et du support technique, a d’abord été attiré par l’ampleur du projet et par «le fait que ça soit un projet aussi complet du côté technique et qui a tellement de facettes différentes. C’est un projet qui permet de se dépasser, car on va à une compétition», soutient-il.

Un rallye particulier

L’équipage qui pilotera le bolide, Véronique Nault et Kasandra Reix-Thériault.
L’équipage qui pilotera le bolide, Véronique Nault et Kasandra Reix-Thériault.
Photo : Sirocco

Kasandra Reix-Thériault et Véronique Nault forment l’équipage du véhicule, assumant respectivement les fonctions de pilote et de navigatrice. Le Rallye Aïcha des gazelles est une compétition uniquement ouverte aux femmes. Une des particularités de cette course est que les participantes n’ont pas de chemin préétabli à suivre. Celles-ci reçoivent chaque jour un carnet de route qui indique les coordonnées des divers points de contrôle à rejoindre. Le but de la course est de rejoindre un maximum de points de contrôle en parcourant le moins de kilomètres possible.

Un véhicule unique

Une équipe de huit personnes, composée de cinq gars et trois filles, s’affaire à terminer le véhicule à temps pour l’exposition Mécagéniale du 5 décembre. Le prototype a été spécialement conçu pour le terrain très accidenté du rallye.

L’équipe devait prendre en compte certains critères afin que le véhicule puisse être admissible. Avec ses 1049 cc, le moteur du prototype ne dépasse pas les 1050 cc permis! Les jantes des roues ont un diamètre de 14 pouces conformément aux exigences. Une largeur maximale du véhicule était également un critère à considérer. Plusieurs normes de sécurité ont aussi été prises en compte : l’équipe s’est basée sur les normes de sécurité de compétitions étudiantes existantes telles que Baja SAE et Formule SAE. «Ce sont des normes calculées et efficaces», souligne Anthony Bolduc.

Le prototype des étudiants de génie mécanique se démarquera des autres véhicules présents à la compétition. «On est l’une des premières équipes en 23 ans du rallye à faire notre véhicule spécifiquement pour cette compétition», affirme Anthony Bolduc.

L’équipe du projet Sirocco.
L’équipe du projet Sirocco.
Photo : Sirocco

Le prototype Sirocco se distingue sur deux points principaux. D’abord sa capacité de franchissement est meilleure que celle des véhicules actuellement sur le marché. La garde au sol de Sirocco est de 15 pouces plutôt que les 12 à 13 pouces des véhicules existants, mentionne Véronique Nault, participante au rallye et coordonnatrice administrative du projet.

Le deuxième point fort du prototype conçu par les étudiants est son ratio masse/puissance. «Pour la masse qu’on a, il y a beaucoup plus d’énergie, ce qui permet de se propulser plus rapidement avec davantage de matériel sur le véhicule», soutient l’étudiante.

Pour l’équipe, toutefois, la priorité fondamentale demeure la fiabilité du véhicule. «On a identifié les pièces qui étaient à risque chez les autres participantes et on s’est assuré que ces pièces-là ne brisent pas une fois dans le désert», souligne Véronique Nault. Grâce à toutes ces spécifications, notamment, l’équipe espère terminer la course parmi les cinq premières. «La principale attente, c’est que le véhicule termine la course», indique l’étudiante.

Un parcours ardu

L’aventure à laquelle goûteront les deux jeunes femmes comporte toutefois son lot de difficultés. L’aspect psychologique sera un point très important de la compétition.

«Ce sera très exigeant sur le plan de la fatigue. On se lève à 4 h 30 le matin et on fait entre 12 et 14 heures de conduite par jour. Il faut être capable de bien gérer sa fatigue et de bien gérer son stress afin d’être attentives pour ne pas avoir d’accident, explique par expérience la navigatrice du véhicule Sirocco. C’est très difficile de toujours rester concentrée.»

Les deux étudiantes ont participé à une formation au Nevada en octobre pour y apprendre des techniques d’orientation et de conduite dans le désert. Elles ont donc déjà un avant-goût de ce qui les attend.

Faire valoir la science

Mis à part la participation au rallye, l'équipe de Sirocco a également décidé de s’impliquer sur le plan humain. Elle s’est fixé l’objectif de faire la promotion et de valoriser la science au quotidien auprès des jeunes et tout particulièrement auprès des femmes. L'équipe a donc organisé plusieurs activités de vulgarisation et de sensibilisation auprès des jeunes de la région, notamment en collaborant avec le Centre du loisir scientifique de l’Estrie. Elle a été marraine de l’événement Les filles et la science : un duo électrisant! en 2012, un événement qui rassemble des jeunes filles du secondaire pour leur faire découvrir les diverses professions du domaine des sciences.

Le projet Sirocco a déjà remporté de nombreux prix dont une bourse de 5000 $ remise par l’Alliance pour la santé étudiante du Québec et une bourse de 3000 $ pour la première place du concours Génie-Al du Centre québécois de recherche et de développement de l’aluminium. S’ajoutent à cela des bourses en provenance de trois ministères.

Pour les suites du projet après le Rallye Aïcha des gazelles, l’équipe compte remercier ses nombreux commanditaires qui lui ont permis d’amasser les 65 000 $ nécessaires au projet en organisant un événement les rassemblant et en participant à divers salons avec le véhicule. Participer à des rallyes organisés au Québec pourrait aussi faire partie des projets futurs de l'équipe Sirocco. Au cours de la compétition, en mars, il sera possible de suivre l’évolution de l’équipage en direct sur le site Internet du Rallye Aïcha des gazelles.

L’équipe tiendra une journée Shooting Sirocco le 8 décembre au Salon étudiant de génie afin de recueillir des fonds pour leur participation au rallye dont les coûts s’élèvent à 20 000 $. On pourra y admirer le prototype et se faire prendre en photo par un photographe professionnel.


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