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Lien entre le congé de maternité et l’anxiété de séparation des tout-petits

Les travaux de Gabrielle Garon-Carrier sacrés Découverte de l’année 2023

La professeure Gabrielle Garon-Carrier vient de voir ses travaux de recherche se hisser en tête des découvertes les plus remarquables de 2023.
La professeure Gabrielle Garon-Carrier vient de voir ses travaux de recherche se hisser en tête des découvertes les plus remarquables de 2023.
Photo : Michel Caron

La pertinence et l’importance de la recherche de la professeure Gabrielle Garon-Carrier ne font plus aucun doute. Le jury l’a sélectionnée et le public a voté : c’est la découverte scientifique la plus remarquable de l’année 2023 selon le magazine Québec Science!

Depuis plus de 30 ans, le magazine Québec Science réunit un jury de scientifiques et de journalistes pour sélectionner les 10 découvertes québécoises les plus impressionnantes de la dernière année. Le public vote ensuite pour sa préférée en expliquant par écrit ce qui l'interpelle dans sa découverte préférée.

Le public a choisi cette année la découverte de Gabrielle Garon-Carrier, professeure à la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke. Sa recherche menée auprès de 1295 familles québécoises démontre les bienfaits d’un congé de maternité long sur la santé mentale des tout-petits, même si cela entraine une baisse temporaire des moyens financiers de la famille.

La première année de vie est un temps privilégié pour établir un lien d’attachement sécurisant entre le parent et l’enfant. Mais le congé parental idéal n’est pas possible pour plusieurs femmes, faute de moyens financiers. En étudiant l’association entre le congé de maternité et l’anxiété de séparation chez les tout-petits, la professeure Garon-Carrier et son équipe ont pu démontrer que, lorsque les mères retournent travailler rapidement, le risque que leurs enfants présentent ensuite un niveau d'anxiété de séparation est plus élevé que lorsque les mères prennent un plus long congé.

Revoyez notre reportage sur la recherche de la professeure Garon-Carrier, publié le 11 janvier 2024 lors de l’annonce de la sélection des 10 découvertes de l’année 2023.

Cette reconnaissance du public pour une recherche en sciences sociales a de quoi enthousiasmer la chercheuse.

À ma connaissance, c’est la première fois qu’une nouvelle en sciences sociales devient découverte de l’année, ce qui me rend très fière.

Professeure Gabrielle Garon-Carrier

Très ancrée dans les défis actuels de notre société, cette découverte est aussi précieuse pour éclairer les décisions dans les pays qui ne bénéficient pas d’un programme de congé parental comme celui en vigueur au Québec. Selon la rédactrice en chef de Québec Science, Marine Corniou, « ce type d’étude permet d’apporter des arguments scientifiques solides, qui étayent l’importance des congés de maternité pour le développement de l’enfant. »

Il est rare qu’une découverte en sciences sociales se hisse en tête du palmarès; je pense que cela reflète les préoccupations de la population et confirme la pertinence, pour un magazine comme le nôtre, de couvrir aussi ces enjeux.

Marine Corniou, rédactrice en chef du magazine Québec Science

Des conditions gagnantes

En plus du soutien de l’équipe de recherche dans la réflexion de son projet, la professeure Garon-Carrier souligne l’importance de conditions favorables pour mener une telle recherche.

La professeure Garon-Carrier, avec son équipe de recherche.
La professeure Garon-Carrier, avec son équipe de recherche.
Photo : Michel Caron

« La qualité des données de recherche utilisées pour cette étude ont permis de mener ce projet avec rigueur. L’étude s’est basée sur une enquête de l’Institut de la statistique du Québec, rendue possible grâce aux investissements provinciaux dans la recherche en sciences humaines. »

Mais, selon elle, c’est aussi l’écosystème de recherche à l’UdeS qui l’a aidé, d’une part en allégeant sa tâche professorale, lui permettant ainsi d’allouer plus de temps à la réalisation de ses travaux de recherche et, d’autre part, en contribuant au rayonnement et à la diffusion de ses travaux au grand public.

Le vice-recteur à la recherche et aux études supérieures, le professeur Jean-Pierre Perreault, se réjouit de ce succès, rappelant du coup la position avantageuse de l’UdeS comme acteur clé en recherche en raison de la pertinence de ses retombées pour les grands enjeux de la société.

Nous sommes extrêmement fiers de cette reconnaissance des travaux de la professeure Garon-Carrier. À l'UdeS, nous mettons en place les conditions gagnantes pour que nos recherches aient des impacts concrets sur la vie des personnes. C'est d'ailleurs cette vision qui nous a propulsés au top 10 des plus grandes universités de recherche canadiennes.

Professeur Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures

Poursuivre sur cette lancée

Cette reconnaissance de Québec Science a un impact certain sur la suite des travaux, selon la professeure Garon-Carrier.

J’ai prévu poursuivre cette étude en examinant de manière plus granulaire et raffinée la contribution du congé parental (incluant le congé paternel) à la santé mentale des parents et à la santé cognitive et mentale du jeune enfant.

Professeure Gabrielle Garon-Carrier

À court terme (printemps-été 2024), la professeure Garon-Carrier sera en mesure d’accéder aux données administratives du Régime québécois d’assurance parentale, couplées aux données de l’enquête Grandir au Québec (l’Étude longitudinale du développement des enfants du Québec – 2e édition), ce qui lui permettra de dresser un premier portrait des profils d’utilisateurs des congés parentaux (incluant un profil de non-utilisateurs).

Nul doute que nous restons aux aguets pour connaitre la suite…

L'équipe derrière cette découverte remarquable
Gabrielle Garon-Carrier, professeure au Département de psychoéducation de la Faculté d’éducation de l’UdeS, membre du GRISE et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la préparation à l’école, l’inclusion des populations vulnérables et l’adaptation sociale; Caroline Fitzpatrick, professeure au Département de l’enseignement au préscolaire et au primaire, membre du GRISE et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’utilisation des médias numériques par les enfants et le vivre-ensemble; Rachel Margolis, professeure au Département de sociologie de l’Université Western Ontario; et Arya Ansari, professeur en développement humain et sciences familiales au Département des sciences humaines de l’Université Ohio State.


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