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Arianne Arshinoff-Foss

Nids de poules

Sherbrooke est reconnue pour ses nids de poules. Ces trous, formés par nos activités humaines et au nom d'un développement urbain qui ne cesse de croitre, ne rappellent que vaguement l’origine étymologique de l’expression. Un nid de poule, soit un bain de terre effectué par la poule, forme une dépression dans le sol. Ce creux n’est pas sans rappeler les trous présents sur toutes les routes. Ces nids de poules sont si nombreux sur nos réseaux routiers qu’on s’y habitue et qu'on cesse de les remarquer.

Autant dire que ces grandes fissures de la route intègrent notre paysage urbain et seraient, en grande partie, sans conséquences. Avec exception, bien sûr, pour les cyclistes pour qui un moment d’inattention sur le pavé peut résulter en accident mortel. L’invisible pour l’un devient le focus central pour l’autre.

Mon projet, Nids de poules, est une observation ludique de l’état des routes sherbrookoises. Mon processus créatif se situe à mi-chemin entre une démarche environnementale, soit celle de l’impact de nos actions industrielles et commerciales sur cette planète qui nous soutient, et une expérience performative.

Mon processus, rendre visible l’invisible, a consisté en un remplissage de quatre différents nids de poules trouvés sur ma route à partir de mon quartier résidentiel dans le nord de Sherbrooke en descendant vers le centre-ville. J’ai rempli ces trous de paille avec un œuf de poule pour jouer avec le vocabulaire et illustrer un jeu de mots, et j’y ai affiché une version miniature de la pancarte utilisée par les autorités avertissant une chaussée cahoteuse. Travaillant en plein jour, j’espérais initier des conversations, mais j’ai seulement attiré des regards méfiants. Ma recherche de ces nids de poules s’est effectuée en vélo afin d’intégrer et vivre pleinement l’expérience.