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Profession d'avenir

La traduction au temps de ChatGPT

Photo : Université de Sherbrooke

Le monde de la traduction professionnelle est en constante évolution, influencé notamment par les avancées technologiques. On observe pourtant certains mythes tenaces concernant cette profession, le plus récent étant lié au développement de l’intelligence artificielle (IA) et à l’arrivée d’outils comme ChatGPT. Et si on déboulonnait quelques mythes?

Mythe 1 - La traduction automatique peut remplacer les traducteurs humains

Réalité - Les traductrices et traducteurs professionnels utilisent au quotidien les outils de traduction automatique, mais bien que ceux-ci se soient grandement améliorés, ils ne peuvent pas encore égaler la précision et la finesse d’une traduction humaine, surtout pour des textes complexes ou nécessitant une compréhension culturelle profonde. Les intelligences artificielles, par exemple, sont des algorithmes puissants dotés de fonctions de rédaction efficaces, mais elles ne sont que cela. L’esprit critique, le goût, la sensibilité et l’intention sont choses humaines.

D’ailleurs, même en admettant que les IA génératives sachent produire un texte traduit bien rédigé, il reste que toute traduction − qu’elle soit exécutée par un humain ou une machine − doit être vérifiée pour que l’on puisse détecter d’éventuelles erreurs et maladresses.

L’outil ChatGPT lui-même affiche cette mise en garde : ChatGPT can make mistakes. Consider checking important information.

Or, on estime que le volume global de mots traduits chaque année se chiffre en milliards. Relire des milliards de mots (sans parler de faire les vérifications nécessaires quant aux faits) exigerait déjà des ressources humaines importantes.

Citons à ce sujet le président sortant de l’Ordre des traducteurs, terminologues et interprètes agréés du Québec, Donald Barabé, qui ne craint pas de voir ce métier disparaître. « Dans le monde, la demande en traduction a doublé tous les 7 ans depuis 1995. C’est phénoménal! L’IA est un outil qui nous aide avec des tâches répétitives. Mais le volume de textes à traduire est si élevé, et l’importance d’une supervision humaine est si cruciale, que je crois que la demande en traducteurs va perdurer pendant des décennies. » (La Presse, 7 juin 2023).

Mythe 2 - La traduction est un domaine en déclin à cause de la mondialisation

Réalité - Au contraire, la mondialisation et l’augmentation des échanges internationaux ont accru la demande pour des traductions de qualité.

Mythe 3 - La traduction ne concerne que la littérature

Réalité - La traduction couvre un large éventail de domaines, y compris la localisation de logiciels, la traduction audiovisuelle, la traduction juridique et médicale, et même l’interprétation. Elle offre une variété de parcours de carrière et de spécialisations.

Mythe 4 - La traduction est un tout petit marché dans lequel il est difficile de gagner sa vie

Réalité - En 2024, la taille du marché des services linguistiques est estimée à environ 77 G$ US. Le plus gros employeur du secteur au Canada reste le gouvernement fédéral. Le salaire médian en 2024 dans le secteur de la traduction est d’environ 51 000 $ au Canada, mais on peut dépasser 70 000 $ selon les secteurs et les employeurs. Le revenu des travailleurs indépendants n’est pas limité par ces chiffres.

En conclusion, la traduction professionnelle est un choix de carrière d’avenir, celui d’un avenir en pleine évolution où les traducteurs et traductrices continueront de mettre à profit leurs compétences communicationnelles pour exploiter efficacement des outils puissants.

AnneMarie Taravella, trad. a., est traductrice agréée et responsable par intérim des programmes de premier cycle en traduction à l’Université de Sherbrooke, qui comptent un baccalauréat en traduction professionnelle (comportant un ou plusieurs stages) et un certificat en traduction.


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