Aller au contenu

Philippe-Aubert Gauthier

Musicien, artiste et professeur de génie

Professeur de génie mécanique associé au Groupe d’acoustique de l’Université de Sherbrooke, Philippe-Aubert Gauthier est aussi un artiste. Il a réalisé plus de 40 œuvres, installations ou performances présentées au public dans plusieurs villes au Québec et ailleurs.

Muses : On dit de vous que vous faites des performances, de la composition générative, de la musique électronique, des installations. Comment définissez-vous votre démarche artistique?

Philippe-Aubert Gauthier : Je dirais que ça situe dans un triangle arts, sciences et technologie. Disons que je me sens assez confortable quand je navigue à travers les catégories.

Muses : Parlez-nous de vos premiers contacts avec les sons.

Philippe-Aubert Gauthier : Adolescent, j’ai étudié la basse électrique pendant plusieurs années. J’ai commencé à prendre des cours de basse parce que, avec des amis, il était question de reprendre des chansons de Metallica, même si je n’étais pas très fan. Mais mon professeur m’a vite détourné de ce but initial et m’a plutôt fait travailler des pièces de jazz et de jazz fusion où il y avait place à l’improvisation. C’est à ce moment que j’ai commencé à expérimenter et à découvrir toutes sortes de musiciens qui faisaient des recherches et des expériences acoustiques. Ce monde m’a tout de suite attiré. À 16 ans, lorsque j’ai eu mon permis de conduire, j’ai tout de suite roulé vers Victoriaville pour assister au Festival international de musique actuelle.

Muses : C’est donc par la musique que vous avez abordé l’acoustique…

Philippe-Aubert Gauthier : Pendant quelques années, je ne savais pas vraiment si je devais étudier en musique, en arts ou en sciences. J’aurais voulu tout faire! Je me suis dirigé vers le génie et l’acoustique puisque cela représentait un équilibre entre mes intérêts et je pouvais satisfaire mon désir d’aborder les sons autrement que d’un point de vue uniquement musical. Aussi, peut-être ai-je cru qu’il était plus facile des faire passer des idées du génie vers l’art que l’inverse. J’ai donc opté pour le génie. J’ai fait mon baccalauréat et ma maîtrise en génie mécanique à Laval, tout en continuant ma pratique artistique, en donnant des ateliers, en faisant des installations sonores, en collaborant avec des centres d’artistes…

Muses : Démarche artistique qui vous a petit à petit éloigné des sons et rapproché de l’image.

Philippe-Aubert Gauthier : Je ne dirais pas ça de cette façon. Les sons sont toujours là. Mais d’autres éléments se sont ajoutés. Je dirais que mon instrument s’est étendu. Des images, des dispositifs, de l’électronique se sont progressivement intégrées dans mes productions. En fait, j’essaie d’amener les gens qui voient ou entendent ce que je fais à réfléchir sur la place de la technologie dans nos vies et dans nos cultures. Par exemple, avec Tanya St-Pierre, on a créé La production fantôme - The Phantom Production, qui a été présentée à Sherbrooke, sur la rue Wellington Sud, en 2016. Il s’agit d’une installation où deux images en mouvement sont juxtaposées, une image filmée et une image de synthèse. Nous voulions attirer l’attention sur ce qui m’apparaît comme un paradoxe. Les gens qui produisent des images de synthèse essaient de faire des images qui se rapprochent de plus en plus de la réalité. Pourtant, ils imitent par des moyens numériques des éléments issus d’une technologie plus vieille, le cinéma, les lentilles, les caméras, pour que les gens trouvent les images réalistes, ou « photo-réalistes ».

Muses : Verra-t-on de nouvelles productions artistiques de Philippe-Aubert Gauthier bientôt ?

Philippe-Aubert Gauthier : La production fantôme - The Phantom Production fait partie d’une série de trois productions portant sur le rapport réalité/synthèse, série réalisée avec Tanya St-Pierre. La première, qu’on avait appelé Something is Happening, a été présentée en 2013 en Ontario puis à Mexico et à St-Jean-sur-Richelieu l’automne dernier. Tanya St-Pierre et moi travaillons sur une troisième production dont le titre de travail est Intertypes et qui sera présenté à la galerie d’art Foreman de l’Université Bishop’s en 2019. Nous remercions d’ailleurs le Conseil des arts et des lettres du Québec et la Ville de Sherbrooke pour leur soutien à ce projet. J’ai aussi été invité à participer à la série Électrochoc 2018, une série de concerts solos organisés par le Conservatoire de musique de Montréal dans le cadre des festivités de son 75e anniversaire.

Muses : Et vous trouvez le temps d’être professeur à travers tout ça ? La recherche, les cours, tout ça…

Philippe-Aubert Gauthier : Ça fait quand même plusieurs années que je suis ici à la Faculté de génie et tout le monde sait que suis aussi un artiste. J’ai toujours voulu avoir un pied dans les sciences et un pied dans les arts et je crois que l’université est l’endroit idéal pour cela. Avec les tendances actuelles en génie, alors qu’on parle de «start ups», d’innovations, de créativité, je suis persuadé que le monde des arts peut être une source d’inspiration pour les étudiantes et étudiants de génie. J’essaie donc, dans mes cours, d’amener mes étudiants à être créatifs, à explorer de nouvelles avenues.


Informations complémentaires