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Récipiendaires 2018

Prix de la meilleure thèse de doctorat

Kristine Plouffe-Malette - Lettres, sciences humaines et sociales

Moralité publique : pour une interprétation renouvelée de l’exception commerciale à l’Organisation mondiale du commerce par la jurisprudence des droits de la personne

Qu’ont en commun le mariage homosexuel, le lancer de nains, le don d’embryon et la chasse aux gros mammifères? Tous ces thèmes ont fait l’objet, par les pays, d’une mesure légale restrictive pour le commerce, et ce au nom de la moralité publique. Ces moyens sont contestés par les instances de droit international en droits humains, qui sont familières avec ces recours. Mais les organes de l’OMC – l’Organisation mondiale du commerce - sont nouvellement confrontés à cette mesure d’exception commerciale. Cela pose plusieurs lacunes d’interprétation et d’application : est-ce que les pays peuvent interdire des produits pour des raisons de moralité, tout en respectant leurs engagements internationaux en matière de commerce? Les États peuvent-ils limiter les droits et libertés des personnes au nom de la protection de la morale?

La thèse de Kristine Plouffe-Malette s’attaque à ces questions ô combien complexes. Ses travaux ont été réalisés sous la direction de la professeure Geneviève Dufour, experte du droit économique et international de la Faculté de droit. L’analyse de Kristine Plouffe-Malette est fignolée, exhaustive. Elle se base sur l’étude des modes opératoires et des décisions des juges qui pratiquent en droit international des droits de la personne. Cette démarche ambitieuse de Kristine marie les droits humains, le droit international économique ainsi que la moralité publique.  Aucun chercheur n’avait fait une telle analyse pluraliste jusqu’à ce jour.

Ses travaux engendrent des réflexions inédites. Mieux encore, ils proposent des solutions concrètes. Kristine présente, ni plus ni moins, une méthode renouvelée d’interprétation de la moralité publique par l’OMC.  

Gabriel Pigeon - Sciences naturelles et génie

De l’individu à la population : dynamique éco-évolutive et effets cohorte chez le mouflon d’Amérique

Le mouflon d’Amérique est un animal superbe, emblème des Rocheuses canadiennes. Il y a 500 ans les explorateurs décrivaient les cornes du mouflon comme « si grosses que c’était merveille à voir ». Malheureusement, depuis 10 ans, certaines populations semblent au bord de l’effondrement, même si c’est une espèce parfaitement adaptée aux pics enneigés. Gabriel Pigeon examine ce triste phénomène avec une profondeur exceptionnelle et une maîtrise impressionnante des connaissances. Ses travaux ont été dirigés par la professeure Fanie Pelletier, du Département de biologie.

Gabriel s’est intéressé à un aspect souvent négligé des études en dynamique des populations. En général les modèles classiques sous-tendent que tous les individus d’une population sont égaux. Gabriel a décidé plutôt de s’attarder aux facteurs qui distinguent les individus les uns des autres. Ses analyses combinent avec brio plusieurs approches issues de diverses disciplines. Elles démontrent que les différences individuelles ont des impacts majeurs sur les populations. Par exemple : la « chasse au trophée » - la chasse aux plus grosses cornes – fait en sorte que la longueur des cornes des béliers récoltés a diminué de plus de deux centimètres sur une période de quelques décennies seulement. Ce qui est très rapide pour un changement évolutif. 

Les travaux de Gabriel sont importants et éclairants. Ils aident à mieux comprendre l’impact des activités des hommes sur le taux de croissance des mouflons, leur succès reproducteur ou encore leur longévité. Ils montrent comment les différences entre individus influencent les chances de survie de populations entières, et leurs réponses aux changements environnementaux.

Frédéric Couture - Sciences de la santé

Étude des implications biochimiques et moléculaires sous-jacentes à la pharmacothérapie ciblée contre la proprotéine convertase PACE4 dans le cancer de la prostate

Frédéric Couture est diplômé du programme de doctorat en biochimie. Il laisse une empreinte indélébile dans le laboratoire où il a travaillé - celui du professeur Robert Day, à la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Frédéric a identifié un mécanisme biochimique majeur, au cœur de la progression du cancer de la prostate, une découverte qui pourrait changer des vies. Le cancer de la prostate est le cancer le plus répandu chez les hommes. Il touche un Canadien sur sept. Il y a quelques années, le groupe de Robert Day avait identifié l’enzyme PACE4, une protéine qui est surexprimée chez les individus atteints par la maladie. L’inhibition de la PACE4 empêche le cancer de progresser. Sauf que le mécanisme d’action restait mal compris. C’est ici que Frédéric Couture entre en scène.

Le flair et les efforts soutenus de Frédéric l’ont conduit vers une découverte inattendue : la protéine PACE4, en fait, a une petite sœur jumelle quasi identique! Cette forme alternative –on l’a baptisée PACE4-alternative – est le résultat d’une transformation interne de sa grande sœur. Mais contrairement à PACE4, qui se retrouve dans toutes les cellules du corps, la PACE4-alternative est exprimée uniquement dans les cellules cancéreuses. La forme alternative de PACE4 n’avait jamais été décrite dans la littérature. Cette percée a été publiée en octobre dernier dans Cancer Research. Elle a fait l’objet de 17 publications dans d’autres revues renommées. La découverte de Frédéric Couture est si prometteuse que l’équipe de Robert Day planche déjà sur des applications diagnostiques et thérapeutiques.