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Nouvelle Chaire de toxicomanie à Longueuil

À la recherche de méthodes pour prévenir la toxicomanie sévère

Au centre, la professeure Élise Roy est entourée de Jean Cusson, directeur du centre de recherche de l'hôpital Charles-Lemoyne, d'André Fortin, vice-président de la Fondation Charles-Lemoyne, ainsi que de la rectrice Luce Samoisette et du doyen Réjean Hébert.
Au centre, la professeure Élise Roy est entourée de Jean Cusson, directeur du centre de recherche de l'hôpital Charles-Lemoyne, d'André Fortin, vice-président de la Fondation Charles-Lemoyne, ainsi que de la rectrice Luce Samoisette et du doyen Réjean Hébert.
Photo : Michel Caron

Pourquoi certaines personnes développent-elles un usage abusif ou dépendant de drogue ou d’alcool? Comment peut-on mieux prévenir les conséquences néfastes d’un tel usage? Une nouvelle chaire de recherche – la Chaire de toxicomanie – vient d’être créée afin de mieux comprendre la consommation inappropriée d’alcool, de drogues et de médicaments, de même que ses conséquences sur la santé.

L’Université de Sherbrooke, en partenariat avec le Centre de recherche de l’Hôpital Charles-LeMoyne, a lancé la Chaire de toxicomanie, le 24 février à Longueuil. La titulaire de cette nouvelle chaire, Élise Roy, mènera plusieurs études terrain, dont certaines auprès des usagers de la rue. La professeure est rattachée au Département des sciences de la santé communautaire de la Faculté de médecine et des sciences de la santé, au Campus de Longueuil.

L’équipe de recherche étudiera les causes de la consommation sévère et identifiera des méthodes d’intervention axées sur la prévention des conduites à risques. Elle s’intéressera en particulier au problème de surdose, à la consommation par injection de même qu’à la prévention reliée au VIH et à l’hépatite C. Les recherches porteront également sur des problématiques en émergence, dont l’usage inapproprié de médicaments psychotropes et le phénomène des surdoses accidentelles.

Une clientèle vulnérable et méconnue

La titulaire Élise Roy
La titulaire Élise Roy
Photo : Michel Caron

Pour la majorité des individus, la consommation de drogues est un phénomène transitoire. Toutefois, certaines personnes développent un problème sévère. Combiné à d’autres difficultés d’ordre personnel et social, ce contexte les entraîne vers une trajectoire de consommation plus ou moins longue, marquée par la marginalité et l’exclusion. Ces usagers sont exposés à des problèmes sociosanitaires, dont les coûts financiers et humains sont considérables. On pense notamment aux maladies transmissibles graves comme le VIH ou l’hépatite C, aux maladies mentales, aux surdoses de drogues, aux grossesses précoces et à risque, à la criminalité, à la violence ou encore à l’itinérance.

«Ces personnes sont particulièrement vulnérables, car elles ont souvent des difficultés à utiliser les services traditionnels, précise Élise Roy, également directrice du Service de toxicomanie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé. Elles ont besoin d’un continuum d’interventions pour tenter de prévenir le développement de la consommation problématique sévère et persistante et de ses méfaits.»

Cette conjoncture aboutit parfois à la mort précoce. Les travaux récents de la professeure Roy chez les jeunes de la rue ont montré que la consommation problématique dans ce contexte pouvait se transformer en un véritable cocktail mortel. Selon cette étude, le taux de mortalité observé chez ces jeunes était 11,4 fois plus élevé que chez les autres jeunes québécois du même âge. La toxicomanie et le contexte de la rue jouaient un rôle central alors que la consommation abusive d’alcool, l’injection de drogues et les épisodes d’itinérance, considérés individuellement, triplaient le risque de mortalité.

«Pour le Centre de recherche de l’Hôpital Charles-LeMoyne, la Chaire en toxicomanie est une nouvelle occasion pour les chercheurs, dont la professeure Roy, de manifester leur expertise et leur implication dans le développement d’interventions novatrices en santé, souligne Jean Cusson, directeur du Centre. La consommation de drogues, sévère et persistante, constitue une problématique qui génère de nombreuses difficultés à bien des égards, personnelles et sociales. Il convient de se doter de tous les moyens possibles pour mieux comprendre les processus impliqués dans un tel comportement et pour la mise en oeuvre de prises en charge mieux adaptées.»

Partenariat et transfert de connaissances

Issue d’un partenariat entre le milieu universitaire et celui de la santé et des services sociaux, la nouvelle Chaire de toxicomanie bénéficie d’un appui de 1 M$ sur cinq ans de la Fondation Hôpital Charles-LeMoyne et d’une contribution de 400 000 $ de la Faculté de médecine et des sciences de la santé.

«La Fondation Hôpital Charles-LeMoyne est fière d’appuyer financièrement ce grand projet, mentionne André Fortin, premier vice-président de la Fondation. La valorisation de la recherche est l’une des priorités de la Fondation, non seulement parce qu’elle figure parmi les créneaux d’excellence de notre hôpital, mais également parce qu’elle constitue l’une des expressions claires de l’impact positif de la médecine de haute spécialité dans notre communauté.»

La rectrice Luce Samoisette et le doyen Réjean Hébert
La rectrice Luce Samoisette et le doyen Réjean Hébert
Photo : Michel Caron

«Cette nouvelle chaire représente un extraordinaire tremplin pour la recherche et pour le développement de pratiques novatrices en toxicomanie, souligne la rectrice de l’Université de Sherbrooke, Luce Samoisette. Elle permettra, entre autres, de former une relève hautement qualifiée dans les domaines de la prévention et de l’intervention précoce en toxicomanie.»

Outre de solides collaborations avec des chercheuses et chercheurs reconnus en santé, en sciences du comportement et en éducation à la santé, la Chaire mise sur des partenariats bien établis avec les intervenants des milieux communautaire et institutionnel, qui participent à des échanges réguliers lors d’activités de recherche et de transfert des connaissances.