Téléassistance en traumatologie : Prix d'excellence du CHUS
L'expert virtuel à la rescousse des salles d'urgence
Le projet Téléassistance en salle d'urgence (TASU) dirigé par les professeurs François Michaud et Patrice Masson de la Faculté de génie de l'Université de Sherbrooke et chercheurs à l’'Institut interdisciplinaire d'innovation technologique (3IT), a obtenu le Prix d'excellence du Conseil d'administration du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) la catégorie créativité et innovation – prix d'équipe. Ce projet a été initié en 2002 dans le cadre d'un cours visant le contrôle à distance d'une caméra, avec transmission de l'image. En 2007, Renald Lemieux et Christian Bellemare du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS) ont demandé à l'équipe du 3IT de former un partenariat avec eux et de développer un appareil de téléassistance en salle d'urgence pour faciliter la prise en charge des cas graves en traumatologie.
«Renald Lemieux du CHUS en a entendu parler et a fait part du besoin de permettre à un spécialiste d'assister à distance un médecin qui doit intervenir dans un cas de trauma en lui fournissant une image de ce qui se passe en salle de traumatologie, et la possibilité d'interagir vocalement», explique le professeur Masson du Département de génie mécanique.
Cette technologie repose sur un concept fondamental, soit celui de permettre à un expert virtuel d'aider le médecin traitant, responsable de l'équipe de traumatologie, comme s'il était avec lui dans la salle d'urgence. «Pour y arriver, le système doit permettre de communiquer verbalement entre l'expert virtuel et le médecin traitant, de voir l'ensemble des éléments dans la salle d'urgence, c'est-à-dire le patient, l'équipe traitante, la disposition du matériel, et de visualiser de manière précise l'exécution d'une technique, d'un geste ou d'une structure anatomique», ajoute Christian Bellemare, coordonnateur de l'Unité d'évaluation des technologies et des modes d'intervention en santé du CHUS. Il faut toutefois garder une image sur la zone d'intervention en tout temps pour que le système puisse faire face à toute éventualité lorsque plusieurs intervenants gravitent autour de la civière. Par conséquent, une technologie mobile et contrôlable à distance a été développée afin que les caméras puissent être manipulées par l'expert virtuel afin de reproduire son déplacement autour de la civière tout en observant le patient en continu.
Les médecins voient dans la téléassistance en traumatologie une opportunité d'obtenir l'assistance en temps réel d'un spécialiste à distance qui peut les conseiller au besoin sur les techniques de réanimation exécutées sur des patients polytraumatisés. Innovateur, ce système utilise deux caméras mobiles permettant ainsi d'ajuster le point de vue selon les obstacles qui peuvent obstruer le champ de vision dans une salle de traumatologie. L'entreprise Vigilent s'est montrée intéressée à procéder à la commercialisation du système à la suite d'un transfert technologique.
D'autre part, le Centre hospitalier Brome-Missisquoi-Perkins est actuellement le théâtre des tests cliniques pour évaluer la performance du système en environnement clinique contrôlé et pour évaluer l'apport du système sur le déroulement d'une intervention en traumatologie. Même s'il est en phase d'évaluation clinique, la recherche se poursuit. «L'intérêt pour les chercheurs est de disposer maintenant d'une plate-forme physique qui permet de récolter les commentaires des utilisateurs (médecins) et de faire évoluer les composantes logicielles du système pour maximiser les performances», conclut le professeur Masson.