Jean Nicolas et Esteban Chornet, professeurs émérites
La Faculté de génie honore deux grands bâtisseurs
La Faculté de génie a honoré deux de ses grands bâtisseurs lors de la dernière collation des grades de l’Université de Sherbrooke, les professeurs Jean Nicolas et Esteban Chornet. En effet, le doyen, le professeur Gérard Lachiver, les a élevés au rang de professeur émérite pendant la cérémonie facultaire en présence des étudiants de la 50e promotion et de leurs invités. L’ingénieur en mécanique Jean Nicolas et l’ingénieur chimiste Esteban Chornet ont obtenu cette grande distinction après une carrière où l’excellence en enseignement a été reconnue et primée plus d’une fois autant à l’échelle locale qu’internationale.
Jean Nicolas, un synonyme d’excellence
Sommité mondialement reconnue en acoustique, Jean Nicolas a permis à l’Université de Sherbrooke de bénéficier du plus important laboratoire de recherche en ce domaine au pays et en Amérique du Nord, le Groupe d’acoustique et vibrations de l’Université de Sherbrooke (GAUS). Une équipe de 60 personnes gravite autour de cette entité créée au début des années 1980.
Après avoir obtenu le Prix 3M pour l’excellence en ensei- gnement au Canada en mars 2010, le professeur Jean Nicolas a reçu le titre de professeur émérite afin de souligner ses grandes qualités de pédagogue et son engagement à améliorer l’enseignement universitaire et l’enseignement du génie. L’École polytechnique de Montréal et l’Institut national des sciences appliquées de Lyon le consultent régulièrement pour son expertise remarquable dans la for- mation des chercheurs.
À cet égard, il a grandement contribué à une refonte pédagogique majeure en génie mécanique, le programme de for-mation par compétences pour les ingénieurs, une première en Amérique du Nord. Ce qui lui a valu le prix d’excellence en enseignement de l’Université de Sherbrooke en 2001 avec des collègues de son département.
Le professeur émérite Nicolas se définit comme un visionnaire, un passionné et un homme engagé auprès de ses étu- diants. Après avoir complété ses études en ingénierie en France, il est venu s’établir à Sherbrooke en 1970 pour oc- cuper un poste d’ingénieur dans une entreprise avant de devenir professeur au Département de génie mécanique en 1979 où il a œuvré pendant plus de 30 ans.
D’autre part, il a reçu plusieurs distinctions dont la Médaille des gouverneurs en 1982, le prix Bazinet en 1991 et le prix de l’Association des étudiantes et étudiants en génie en 1994. Jean Nicolas a également obtenu le prix Carrière institutionnelle de l’Association de la recherche industrielle du Québec (2004) et le grade de chevalier de l’ordre des Palmes académiques françaises (2006).
Esteban Chornet : professeur, chercheur, entrepreneur et visionnaire
Originaire de Majorque, une île au large de l'Espagne, le professeur Chornet obtient un diplôme de génie industriel de l'Université polytechnique de Barcelone. Il poursuit ses études doctorales à l'Université Lehigh de Pennsylvanie, avant de rejoindre le corps professoral de l'Université de Sherbrooke en 1970.
« L'Université de Sherbrooke était réellement une institution montante, explique-t-il. Elle réunissait beaucoup de gens qui n'étaient pas nés au Canada dans les secteurs du génie, de la science et de la médecine. Cette hybridation faisait de Sherbrooke une ville où il faisait bon vivre, travailler et innover ».
Pendant cette époque, les questions énergétiques étaient déjà une importante source de préoccupations au Canada même si on pensait moins à l'environnement. Quand l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a fermé le robinet durant la crise énergétique de 1973, il y a eu d'énormes difficultés d'approvisionnement et c’est à ce moment-là qu’Esteban Chornet a orienté ses recherches vers le développement d'énergies alternatives. « Mon intuition me disait que ce serait un problème récurrent », précise-t-il.
Visionnaire, Esteban Chornet a connu une carrière académique exceptionnelle. Professeur associé depuis septembre 2007, l'ingénieur chimiste consacre ses énergies au développement d’entreprises qu'il a fondées, Enerkem Technologies et Fractal Systems, dont l’objectif principal est de réduire les émissions de gaz à effet de serre en utilisant les déchets des sites d'enfouissement pour les transformer en biocarburants (éthanol).
En 2008, il est le lauréat du prix Green Fuels de l’Association canadienne des carburants renouvelables. En 2006, il est élu membre de la Société royale du Canada. En 2004, il est le lauréat du prix du Québec Lionel-Boulet, la plus haute distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine de la recherche et du développement en milieu industriel. De plus, en 1984, il est le récipiendaire de la prestigieuse bourse Steacie du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada remise à des scientifiques et des ingénieurs exceptionnels afin de favoriser l'avancement de leur carrière.
Titulaire de la Chaire industrielle en éthanol cellulosique et biocarburants de 2e génération, Esteban Chornet développe des énergies alternatives vertes. Le partenariat entre l'UdeS et Enerkem Technologies lui permet de valider la recherche fondamentale et l’application concrète. « Je dirige actuellement des étudiants aux cycles supérieurs, dit-il. Ils ont accès à notre usine de démonstration de production d'éthanol cellulosique de Westbury et à notre usine pilote de Sherbrooke. Les concepts et les preuves théoriques qu'ils élaborent à l'Université peuvent donc être appliqués concrètement ».
Selon le professeur, l'éthanol fabriqué à partir de déchets agricoles et de résidus de bois ainsi que de la portion non recyclable des déchets urbains sera plus efficace en termes d'énergie, et économiquement aussi favorable que l'éthanol traditionnel issu de l'amidon du maïs ou du blé. « Nous allons régler deux problèmes : la diminution de la pollution et des émissions de gaz à effet de serre ainsi que l'approvisionnement en énergie. Tout cela en plus de créer un nouveau secteur d'affaires », s'exclame-t-il. Leader mondial dans le domaine, Enerkem Technologies dispose en effet d'un marché qui dépasse largement les frontières du Québec.