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Un projet scolaire qui fait boule de neige

Stagiaire dans une classe du primaire, Loïc Fauteux-Goulet stimule l’esprit d’entreprise des élèves

Loïc Fauteux-Goulet
Loïc Fauteux-Goulet

Photo : Michel Caron

Les Boules est un village de l’Est du Québec qui fait partie de la municipalité de Métis-sur-Mer. L’an dernier, une nouvelle entreprise y a vu le jour. Elle propose des ensembles de balles de jonglerie pour un prix inférieur à ce qui se trouve généralement sur le marché. En quelques mois, «Les boules de Les Boules» ont distribué quelques centaines d’ensembles. Là où l’histoire devient étonnante, c’est que ce sont des élèves d’une classe de l’école primaire du village qui ont retroussé leurs manches, et relevé le défi de créer leur propre entreprise. Les élèves et leurs enseignants – dont Loïc Fauteux-Goulet, un étudiant stagiaire de la Faculté d’éducation – ont d’ailleurs remporté un prix national l’été dernier, dans le cadre du Concours québécois en entrepreneuriat.

Petite école

Photo : Michel Caron

Loïc Fauteux-Goulet est étudiant en dernière année du baccalauréat en enseignement au préscolaire et au primaire. Il raconte l’aventure de la classe avec un enthousiasme communicatif. Et on va de surprise en surprise. Il a été reçu en stage l’an dernier au sein d’une classe de 12 élèves, de triple niveau, soit de la 4e à la 6e année.

«Dans ma recherche de stage, j’avais signalé mon intérêt pour ce type de projet pédagogique interdisciplinaire qui va vers une approche orientante, dit-il. L’enseignant de la classe, Philippe Cavanagh, souhaitait déployer un projet d’entreprise en vue de financer un projet scolaire au cours duquel les élèves se rendraient visiter une école francophone du Yukon, en 2016.» Les deux pédagogues se sont découvert des atomes crochus. L’étudiant de l’UdeS pouvait aussi compter sur des expériences précédentes, ayant participé au démarrage de trois entreprises avant de s’inscrire à l’Université.

De A à Z

Les élèves ont choisi de fabriquer des balles de jonglerie pour faire écho à une activité de cirque qui se déroulait en classe d’éducation physique. Les jeunes ont vu le côté ludique du produit, ainsi que la possibilité de le distribuer dans d’autres écoles. Pour les enseignants, le thème importait peu. «L’objectif était plutôt de faire vivre une expérience authentique aux élèves, pour les amener à apprendre tout en développant leurs aptitudes. Des comités ont été formés pour veiller aux différentes facettes de l’entreprise», raconte Loïc Fauteux-Goulet.

Rapidement, les élèves ont choisi des tâches qui rejoignaient leur personnalité. «Par exemple, un élève plus réservé mais fort en mathématiques a choisi de joindre le comité d’administration. Un élève plus volubile souhaitait se consacrer davantage aux ventes et à des tâches qui l’amenaient à prendre la parole en public. Un autre élève a conçu la signature graphique de l’entreprise en utilisant Photoshop. Cela dépassait largement le travail demandé aux élèves, mais ils étaient très motivés à le faire. D’autres élèves ont passé des heures à la maison à concevoir le produit et à optimiser la masse volumique des balles», poursuit l’étudiant.

Sable et riz

Les jeunes entrepreneurs n’avaient pas à percer de grands secrets industriels pour produire leurs balles. La fabrication, relativement simple, requiert des ballons de latex, du sable et du riz. «Ils ont toutefois eu la chance de découvrir les étapes de démarrage d’une entreprise à travers des gestes bien concrets, comme d’appeler au bureau de poste pour savoir combien coûte l’expédition d’un colis, dit l'étudiant. De fil en aiguille, ils ont aussi cherché à acheter les matières premières au meilleur coût, afin de dégager un plus grand profit.»

En quelques mois, grâce à deux points de distribution et aux commandes par Internet, les jeunes avaient produit et distribué environ 500 balles de jonglerie.

Pédagogie alternative

Le succès de ce projet entrepreneurial est le reflet de la réussite des élèves en classe. «À travers un tel projet interdisciplinaire, les élèves ont pu concrétiser des apprentissages dans plusieurs matières, dit Loïc Fauteux-Goulet. En français écrit, ils ont dû rédiger les textes du site web; en communication orale, ils avaient à contacter des fournisseurs. La comptabilité faisait appel aux mathématiques; la création d’un logo pouvait être rattachée aux arts. De plus, le fait de susciter l’esprit d’entreprise et des qualités comme le leadership apparaissaient comme des aspects très formateurs pour les jeunes. Ils ont pu prendre conscience des moyens dont ils disposent pour créer eux-mêmes des opportunités.» Cette donnée prenait une dimension particulière puisqu’un important employeur de la région avait mis la clé sous la porte, quelques mois auparavant.

La grande ville

Les élèves débordaient de fierté lorsqu’ils ont appris que leur projet était en lice pour des prix prestigieux, et l’obtention d’un prix national a été un accomplissement marquant pour plusieurs élèves. «La remise des prix avait lieu à Québec et certains des enfants n’avaient pas encore eu la chance de quitter leur région et de visiter la grande ville, dit l'étudiant. Il fallait voir leurs yeux briller lors de notre séjour là-bas.»

Et le projet est là pour durer, puisque l’enseignant Philippe Cavanagh continue l’aventure qui permettra aux élèves de découvrir encore des horizons lointains. Bien que son stage soit terminé, Loïc Fauteux-Goulet a lui aussi mérité sa place avec le groupe qui se rendra au Yukon en 2016 avec les jeunes entrepreneurs des Boules.


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