Développer des outils de gestion adaptés aux coopératives

L’Université de Sherbrooke vient de lancer la Chaire en gestion et gouvernance des coopératives et des mutuelles pour accélérer la recherche dans ce domaine et en utiliser les résultats sur le terrain comme dans les cours.

Le Québec est un chef de file du coopératisme : 3300 entreprises coopératives et 39 mutuelles, 8,8 millions de membres, 90 000 emplois et plus de 22 milliards de chiffres d’affaires. «Les coopératives et les mutuelles sont des modèles entrepreneuriaux reconnus et des véhicules significatifs de notre développement social et économique, souligne le titulaire de la Chaire, Michel Lafleur. Mais les professionnels de ce milieu manquent d’outils de gestion adaptés à leur réalité et aux bouleversements actuels de notre monde. Par de nouvelles recherches, la Chaire contribuera à l’avancement des connaissances et des pratiques du domaine coopératif.»

La Chaire en gestion et gouvernance répond aux attentes des coopératives et des mutuelles sur deux plans, celui de leurs valeurs humanistes et celui de leurs défis spécifiques. L’équipe de recherche entend donc non seulement aider les coopérateurs et mutualistes à améliorer leur efficacité au sein de leurs entreprises, mais aussi à actualiser leur potentiel de transformation sociale.

Coopérer en partenariat

Le lancement de la chaire a eu lieu le 31 mai, notamment en présence du 1^er vice-président de la Coop fédérée, Ghislain Cloutier, de la vice-présidente aux relations avec les membres d’Agropur coopérative, Lorraine Bédard, et du directeur régional du développement des affaires de Co-operators, Marc Duplantie. Le professeur associé Claude Béland, bien connu du mouvement coopératif, était également présent.

Créée à la Faculté d’administration, cette chaire bénéficie d’un appui direct du milieu, par des investissements de 750 000 $ sur cinq ans. Agropur coopérative (250 000 $), la Coop fédérée et ses coopératives membres (250 000 $), le groupe Co-operators (125 000 $) et la Fédération des coopératives funéraires du Québec (25 000 $) comptent parmi les partenaires.

Le vice-recteur à la recherche, Jacques Beauvais, se réjouit que le mouvement coopératif et mutualiste continue de choisir Sherbrooke «comme levier universitaire pour renforcer sa capacité de prise en charge et de changement vers une société plus juste et équitable. Ce sont d’ailleurs les représentants du mouvement qui détermineront les priorités de cette nouvelle Chaire».

«Ces recherches permettront de relever les défis qui attendent le mouvement coopératif et mutualiste et le monde en général», déclare Lorraine Bédard, présidente du conseil d’orientation de l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS), au nom de tous les partenaires. «Trop souvent, les modèles de gestion ignorent l’identité coopérative : un modèle durable, au cœur des collectivités, basé sur des valeurs d’équité, de démocratie et de solidarité. En nous proposant des connaissances renouvelées, les chercheurs de la Chaire participent à notre pérennité et à notre développement.»

Des fondations solides

La Chaire permettra de solidifier l’équipe en place ancrée à l’IRECUS et de recruter de nouveaux chercheurs et chercheuses. «Nos récents travaux sur l’identité, l’éducation et les stratégies coopératives et mutualistes mobilisent toutes nos ressources, résume le professeur Lafleur. En même temps, les chercheurs ouvrent de nouvelles pistes de recherche telles que la création de richesse et la transmission des valeurs dans les politiques opérationnelles. Des pans d’approfondissement théorique et pratique s’ouvrent à nous, en collaboration avec nos partenaires. À court et à moyen terme, les résultats viendront bonifier les programmes d’éducation de l’IRECUS au bénéfice de la génération actuelle et de la prochaine.»

Plus spécifiquement, la Chaire vise à mieux cerner l’identité des coopératives et des mutuelles ainsi que leurs liens avec le développement durable, afin de concevoir des outils de gestion propres à cette identité. Elle diffusera les résultats de ses travaux auprès de la communauté scientifique et transférera ses connaissances vers les milieux de pratique. Elle contribuera aussi à la formation de coopérateurs et mutualistes hautement qualifiés.

Michel Lafleur : au service du mouvement coopératif

Le titulaire de la Chaire, Michel Lafleur, est professeur au Département de management et de gestion des ressources humaines de l’UdeS et directeur de l’IRECUS. Il a joué un rôle clé dans la sélection de l’IRECUS par l’Agence canadienne de développement international, en 2002, pour élaborer des modèles d’intercoopération plus efficaces aux niveaux économique, social et environnemental, en collaboration avec 22 universités de 15 pays des Amériques. Il a également su mettre l’IRECUS au service de l’ensemble du mouvement coopératif et mutualiste québécois.