Colloque international du CrRDG
Penser le droit pour les générations futures : dialogue interdisciplinaire
Les 2 et 3 octobre derniers, la Faculté de droit de l’Université de Sherbrooke a accueilli un événement d’envergure : le colloque Penser le droit pour les générations futures : dialogue interdisciplinaire. Sous la direction scientifique de la professeure Edith Vézina, directrice du programme de maîtrise en droit notarial, ce colloque a réuni des expertes et des experts du Québec, du Canada, de France, d’Argentine, de Belgique et de Nouvelle-Calédonie.
Soutenu par le Fonds d’études notariales (FEN), le Centre de recherche sur la régulation et le droit de la gouvernance (CrRDG), le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) et la Faculté de droit, l’événement s’inscrivait dans le cadre d’un vaste projet de recherche, dirigé par Me Vézina, consacré au droit des générations futures. Pendant deux jours, chercheuses et chercheurs, praticiennes et praticiens, étudiantes et étudiants ont débattu des enjeux juridiques, environnementaux et éthiques liés à la protection des droits des générations à venir. La diversité et la qualité des interventions ont confirmé le rayonnement international de cette rencontre.
Ce colloque riche d’échanges a réuni des chercheuses et chercheurs émergents et établis de plusieurs disciplines, tous animés par une même préoccupation : l’avenir de l’humain et de son environnement. Les savoirs ancestraux des Premières Nations comme les dernières découvertes scientifiques y ont été mis à contribution.
Photo : Jessica Garneau, collaboratrice
À travers six panels thématiques, les conférencières et conférenciers ont abordé des sujets allant de la protection de l’environnement à la gouvernance démocratique, en passant par la gestion des ressources naturelles, les politiques agroalimentaires, la dette souveraine, la santé, la protection des patrimoines naturel et culturel ainsi que le droit spatial. La conférence d’ouverture, intitulée Le droit des générations futures, un droit au carrefour des civilisations?, prononcée par Émilie Gaillard, experte reconnue en la matière, a posé les bases d’une réflexion profonde sur le rôle du droit dans la construction d’un avenir durable.
L’événement a également mis en valeur la richesse des savoirs autochtones, qui placent depuis toujours les générations futures au cœur de leurs traditions. Les interventions ont mis en évidence la nécessité de tisser des liens entre disciplines, cultures et générations afin d’enrichir la réflexion sur les transformations nécessaires du droit pour mieux prendre en compte les intérêts des générations présentes et futures. La diversité des perspectives a permis d’aborder les enjeux contemporains sous un angle interdisciplinaire et comparatif, ouvrant la voie à une approche holistique du droit.
Le colloque a également permis d’établir un état des lieux de la recherche sur le droit des générations futures, d’en définir les contours conceptuels, les enjeux normatifs et les perspectives d’évolution dans un contexte de transition écologique, sociale et intergénérationnelle.
Le colloque a contribué à créer une réelle synergie entre ses participants. Des projets communs et des collaborations futures sont déjà en gestation. Il est important de donner une tribune a des chercheurs émergents, étudiants de maîtrise et de doctorat, dans un projet traitant de justice intergénérationnelle. Le colloque nous a permis de réunir plusieurs générations de chercheurs préoccupés pour l’avenir et les échanges n’en étaient que plus riches.
Pre Edith Vézina
Photo : Jessica Garneau, collaboratrice
Les participantes et participants ont salué l’ambiance à la fois productive et conviviale. « J’appréhendais énormément cette expérience, mais elle fut si enrichissante que j’en oublie presque tout le stress qui l’a précédée! », confie Alessandra Harissi Dagher, conférencière étudiante. Ioan Negrutiu, conférencier international, a pour sa part souligné des synergies remarquables.
J’ai eu plaisir à voir à quel point il était encore possible de venir secouer le « droit positif » à divers égards. Ce coup de pied dans la fourmilière traduit le dynamisme et la vivacité des idées et concepts neufs qui traversent l’étude du droit au sein de l’UdeS. C’était vraiment rafraichissant.
Alain De Neve, conférencier invité
L’entrée du monde dans l’ère de l’anthropocène soulève des questions qui transcendent les âges et les disciplines et les pistes de solutions appellent une approche holistique des problèmes à résoudre. S’il s’agissait d’une occasion parfaite de décloisonner le droit afin de mieux appréhender l’avenir, les résultats en ont dépassé les espérances, car une réelle synergie des savoirs et des vouloirs en a émergé. Si les réflexions sur l’avenir de la planète et de l’humanité sont souvent anxiogènes, de tels échanges sont un puissant antidote et une vague d’espoir face aux défis environnementaux et sociaux qui marquent notre époque. Nous avons tous entendu l’adage disant que « le droit mène à tout », mais le contraire est tout aussi vrai… « tout mène au droit », souligne Me Vézina. Et si le droit, par ses fonctions punitives, réparatrices, mais également promotionnelles, traçait le chemin?
La professeure Vézina a pu compter sur le soutien des professeurs Stéphane Bernatchez et Marie-Eve Couture Ménard, de Hervé Gonnord, docteur en droit et chercheur postdoctoral, de Stéphanie Carle, à la coordination, ainsi que sur la collaboration de la Pre Josiane Rioux-Collin (UQAM) et d'Édith Guilhermont.