Un engagement renouvelé pour la prévention du décrochage scolaire au secondaire
Nouveau mandat de cinq ans pour la Chaire de recherche de la CSRS sur l’engagement, la persévérance et la réussite des élèves
Le décrochage scolaire est un problème complexe. Ce phénomène est deux fois plus élevé chez les garçons que chez les filles. Les conséquences pour les jeunes sont lourdes sur le plan personnel, car plusieurs décrocheurs présentent des inadaptations sociales telles que la délinquance et la dépression. Sur le plan économique, ceux-ci éprouvent de grandes difficultés à s’insérer dans le monde du travail, présentent un taux de chômage très élevé et recourent davantage à l’aide sociale et à l’assurance-emploi que les diplômés, selon Statistique Canada.
Afin de contrer cette problématique complexe et spécifique en Estrie, la Faculté d’éducation de l’Université de Sherbrooke et la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke (CSRS) renouvellent leur partenariat en prévention du décrochage scolaire dans les écoles secondaires publiques de Sherbrooke. Basés sur les résultats probants des cinq dernières années, les projets porteront prioritairement sur l’engagement des élèves face à leurs études et les actions à mettre en place pour favoriser cet engagement.
Grâce à des contributions totalisant 1,1 M$, les deux partenaires reconduisent la chaire lancée en 2007 pour un deuxième mandat de cinq ans sous le nom de Chaire de recherche de la CSRS sur l’engagement, la persévérance et la réussite des élèves. La professeure Anne Lessard, du Département d’études en adaptation scolaire et sociale, prend la direction des travaux, succédant ainsi au professeur Laurier Fortin.
La professeure Lessard travaillera en étroite collaboration avec les équipes des écoles secondaires de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, soit les écoles Mitchell-Montcalm, de la Montée, du Phare et du Triolet, ainsi qu’avec les écoles Val-du-Lac et Le Goéland. «Nous croyons qu’il est important de mettre en place les meilleures conditions issues à la fois de la recherche, de l’expertise de nos équipes-écoles et de celle des services éducatifs afin de favoriser la persévérance et la réussite de tous nos élèves», déclare Marie-Claude Lunardi, directrice générale adjointe aux affaires éducatives à la CSRS.
«Pour favoriser la persévérance scolaire chez les jeunes, il importe que les établissements d’enseignement travaillent de concert et unissent leurs efforts, souligne Jacques Beauvais, vice-recteur à la recherche de l’Université de Sherbrooke. Grâce à notre partenariat privilégié avec la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke, nos chercheuses et chercheurs peuvent identifier les meilleures pratiques en éducation, concevoir des programmes d’intervention innovants et avoir un impact direct sur le taux de diplomation.»
L’importance de la relation enseignant-élève
Depuis son lancement en 2007, la chaire a notamment conçu et déployé le projet Trait d’Union, un programme d’accompagnement personnalisé des élèves à risque qui a contribué à diminuer le taux de décrochage scolaire de 33,3 % en 2007 à 24,4 % en 2010 à la CSRS. En plus de consolider ce programme, la professeure Lessard et son équipe mettront l’accent sur le rôle du personnel enseignant dans l’engagement, la persévérance et la réussite des élèves. «Jusqu’ici, nos interventions étaient centrées sur l’élève, de manière précise pour chaque individu. Toutefois, les pratiques éducatives et la relation que développe l’enseignant avec les élèves offrent des avenues de prévention très intéressantes», indique la titulaire.
«Nous voulons faire ressortir les pratiques gagnantes, celles qui suscitent l’engagement et la réussite des élèves à risque, précise Anne Lessard. Comment créer un climat plus propice à l’apprentissage? Comment aussi favoriser une bonne relation entre l’enseignant et ses élèves et encourager leur engagement?»
Par exemple, un enseignant qui accueille les élèves à la porte, en les saluant par leur nom, peut créer un climat plus personnalisé. En élargissant son répertoire, il sollicitera davantage la participation des élèves en classe. «Offrir un bon encadrement et du soutien émotionnel en plus du soutien pédagogique est important pour la réussite de ces élèves», ajoute la titulaire de la chaire.
Au cours des cinq prochaines années, la recherche gravitera autour de trois grands axes. D’une part, l’équipe identifiera des pratiques pédagogiques suscitant l’engagement, la persévérance et la réussite des élèves, afin de développer un modèle de soutien et d’accompagnement pour le personnel enseignant. Deuxièmement, les programmes de prévention Trait d’Union et Pare-Chocs continueront pour l’ensemble des écoles participantes. Enfin, l’équipe développera des programmes spécifiques pour les élèves à haut risque de décrochage.
Un problème multidimensionnel
Le milieu socioéconomique et plusieurs contextes familiaux peuvent contribuer à augmenter le risque de décrochage scolaire chez l’élève. Mais certaines variables scolaires y contribuent tout autant, notamment les interactions négatives à l’école, le mauvais climat de la classe et le faible rendement scolaire.
Pour la professeure Lessard, même si les travaux de la chaire se concentrent sur le contexte scolaire, les interventions ont un impact à tous les points de vue. «Quand on outille un élève à la résolution de problème dans sa vie scolaire, celui-ci peut utiliser ces mêmes outils à la maison pour avoir une meilleure relation avec ses parents ou moins de conflit avec ses amis, mentionne Anne Lessard. L’impact des facteurs socioéconomiques défavorables est atténué.»