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Lancement de l’Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue à Sherbrooke

Dans une Voie lactée près de chez nous

Simulation de ce à quoi pourrait ressembler la vue de la Voie lactée au-dessus de Sherbrooke, à partir d'une photo originale de Johanne Roby et de Rémi Boucher.
Simulation de ce à quoi pourrait ressembler la vue de la Voie lactée au-dessus de Sherbrooke, à partir d'une photo originale de Johanne Roby et de Rémi Boucher.
Photo : Fournie

Majestueuses, les pluies d’étoiles filantes illuminent chaque année les belles nuits du mois d’août. Et bientôt, il semble que ce ne sera pas demander la lune que d’assister au spectacle directement en ville. Observer la Voie lactée et ses somptuosités en plein cœur du Sherbrooke nocturne, c’est désormais une mission que rend possible une équipe de recherche multidisciplinaire collégiale et universitaire, en lançant au parc du Mont-Bellevue l’une des toutes premières oasis mondiales de nuit étoilée en milieu urbain.

En plus de permettre aux citadines et citadins d’être aux premières loges du ciel étoilé, le projet vise à réduire la pollution lumineuse en milieu urbain et ainsi protéger la biodiversité et la santé humaine de ses effets délétères.

L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet de future réserve naturelle universitaire du parc du Mont-Bellevue, qui souhaite décrocher la certification Urban Night Sky Places de l’International Dark-Sky Association, et ainsi briller à titre de site urbain de nuit étoilée.

Le parc du Mont-Bellevue est l’hôte d’un écosystème et d’une biodiversité remarquables, que l’on souhaite protéger par la désignation de réserve naturelle, et aussi en mettant en place une zone d’intégrité nocturne pour lutter contre les impacts néfastes de la pollution lumineuse.

Professeure Denyse Rémillard, rectrice adjointe et vice-rectrice à l’administration et au développement durable à l’UdeS

Mandaté par l’Université de Sherbrooke et la Ville de Sherbrooke, propriétaires du parc du Mont-Bellevue, le groupe de recherche sur la pollution lumineuse du Cégep de Sherbrooke mène depuis 2019 des travaux de recherche interdisciplinaire visant à obtenir cette accréditation.

Une collaboration originale de recherche collège-université

La Voie lactée, photographiée à partir du mont Hood, dans l'État de l'Oregon.
La Voie lactée, photographiée à partir du mont Hood, dans l'État de l'Oregon.
Photo : Michel Caron - UdeS

Des étudiantes et étudiants du Cégep et de l’Université de Sherbrooke sont au cœur des projets du groupe de recherche sur la pollution lumineuse liés à la création de l'Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue.

Collectes de données terrain, cartographie de la lumière, recension de l’éclairage avoisinant, élaboration de plans de conversion d’éclairage, établissement d’un corridor noir, sensibilisation des commerces et des résidences autour de pratiques d’éclairage respectueuses de l’environnement nocturne… toutes et tous ont été impliqués dans les étapes des différents projets.

À la barre du groupe de recherche sur la pollution lumineuse, Martin Aubé et Johanne Roby, respectivement enseignant en physique et enseignante en chimie, également rattachés à l’UdeS à titre de professeur associé et professeure associée aux départements de Géomatique appliquée et de Génie électrique et génie informatique, ont encadré les activités menées par les étudiantes et étudiants.

Reconnus à la fois pour leur expertise dans le domaine de la pollution lumineuse, mais aussi en matière d’innovation pédagogique, les deux spécialistes ont misé sur des formules comme le mentorat et l'apprentissage par projets dans le cadre de cette démarche originale.

Ce projet est multidisciplinaire et inter-ordres d’enseignement. Des équipes d’étudiantes et étudiants universitaires travaillent avec des étudiantes et étudiants du collégial, auprès de qui elles agissent comme mentores. L'acquisition de connaissances et de compétences passe par les contacts et les échanges. C’est stimulant, de part et d’autre.

Professeur Jean-Pierre Perreault, vice-recteur à la recherche et aux études supérieures à l'UdeS

Candidat au doctorat en télédétection à l’UdeS, Alexandre Simoneau a mené des travaux de cartographie de la pollution lumineuse et de modélisation de l'effet des actions de protection sur la qualité du ciel.

En collaboration avec les étudiantes et étudiants au collégial, nos recherches ont permis d'identifier les zones de la ville qui contribuent le plus à la pollution lumineuse au mont Bellevue, et ainsi là où il faut agir en priorité pour maximiser les retombées des actions effectuées.

Alexandre Simoneau, étudiant au doctorat en télédétection à l'UdeS

L’intégrité nocturne, salutaire pour la biodiversité…

La pollution lumineuse s’avère néfaste pour différentes espèces fauniques, qui ont besoin de noirceur pour se déplacer. Dans cette perspective, le groupe de recherche a souhaité créer un corridor noir pour la faune, entre le mont Bellevue et la rivière Magog.

La lumière artificielle la nuit influe sur la biodiversité. Elle a notamment un impact négatif sur les déplacements de nombreuses espèces nocturnes ou en partie.
La lumière artificielle la nuit influe sur la biodiversité. Elle a notamment un impact négatif sur les déplacements de nombreuses espèces nocturnes ou en partie.
Photo : Michel Caron - UdeS

L'objectif de la trame noire est d’atténuer les effets de la lumière artificielle la nuit, qui vient fragmenter les habitats naturels et empêcher certaines espèces nocturnes de se déplacer pour se nourrir.

Johanne Roby, chercheuse au groupe de recherche sur la pollution lumineuse

Pour assurer le déplacement des animaux nocturnes d'un territoire à l'autre, des étudiantes et étudiants d’un cours de projet intégrateur à la maîtrise en environnement de l’UdeS ont mis en pratique leurs compétences respectives pour élaborer un corridor écologique terrestre. Les équipes ont notamment procédé à une caractérisation des espèces fauniques ainsi que de leurs habitudes de vie, puis ont proposé un corridor de noirceur à protéger, à partir de l’analyse du territoire.

En plus d’influer sur le cycle biologique des espèces sensibles, la présence de lumière artificielle peut compromettre la reproduction, la migration saisonnière et la protection contre les prédateurs. Certaines lumières contenant des proportions différentes de bleu, de vert et de rouge affecteront particulièrement certaines espèces, et moins d’autres. La lumière artificielle idéale est celle qui n’existe pas.

Vincent Thériault, étudiant en environnement ayant pris part au projet

… et pour la santé humaine!

En plus d’avoir un impact néfaste sur la biodiversité, l’exposition à la lumière artificielle de nuit peut entraîner la perturbation du cycle circadien des organismes vivants et le risque de cancers hormonaux, comme les cancers du sein et de la prostate.

À partir d’images de la station spatiale internationale, Martin Aubé a mis au point, avec des étudiantes et étudiants de l’UdeS en géomatique appliquée et du collégial, des outils qui permettent de cartographier les effets biologiques de la lumière artificielle sur l’humain.

Des photos prises à partir de la station spatiale internationale de la lumière émise vers le ciel constituent un point de départ intéressant pour évaluer l’indice de suppression de mélatonine, qui résulte d’une exposition à la lumière artificielle de nuit.

Martin Aubé, chercheur au groupe de recherche sur la pollution lumineuse

À la lumière des nombreux effets nocifs que présente la pollution lumineuse sur les êtres vivants, l’on comprend qu’avec la nouvelle Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue à Sherbrooke, c’est bien plus que des étoiles qui brilleront dans les yeux citadins des adeptes de ciel nocturne!

Un événement de lancement à ne pas manquer

Pour marquer le lancement de l’Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue à Sherbrooke, un événement artistique, scientifique et de sensibilisation aux effets de la pollution lumineuse destiné à la communauté universitaire se tiendra le 2 septembre prochain. Dans une Voie lactée près de chez vous proposera une programmation alliant activités de vulgarisation scientifique et spectacles culturels. L’animatrice de la soirée, l’autrice sherbrookoise Véronique Grenier, créera aussi une œuvre littéraire originale, tout comme la slammeuse de renommée internationale LEM. Le chanteur Vincent Vallières sera également du spectacle.

L'événement est organisé par l’UdeS, en collaboration avec le Cégep de Sherbrooke, le Pôle régional en enseignement supérieur de l'Estrie (PRESE), l'Université Bishop’s, la Ville de Sherbrooke et Signify (connu anciennement sous le nom de Philips), leader mondial dans le domaine de l'éclairage.

À propos des partenaires du projet
Projet multidisciplinaire, l’Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue est porté par Johanne Roby et Martin Aubé, respectivement enseignant en physique et enseignante en chimie au Cégep de Sherbrooke, aussi rattachés à l’UdeS, ainsi que leurs étudiantes et étudiants.  Le professeur Norman T. O’Neill, du Département de géomatique appliquée de la Faculté des lettres et sciences humaines de l’UdeS, et Jean-François Comeau, alors directeur adjoint au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable de l’UdeS, ont aussi participé au projet en supervisant des étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs. Le professeur Lorne Nelson du Département de physique et d’astronomie de l’Université Bishop’s et ses étudiantes et étudiants y sont aussi associés. Hydro-Sherbrooke, l’entreprise DH Éclairage et la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic sont également partie prenante de l’Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue. Signify contribue par ailleurs au projet par ses luminaires installés près du mont Bellevue, en collaboration avec Hydro-Sherbrooke et certains promoteurs immobiliers, notamment au Carré Belvédère, ainsi que par la modernisation de la croix lumineuse en 2021, dont la couleur, la gradation et le niveau d'éclairage est contrôlé.

À propos du Pôle régional en enseignement supérieur de l'Estrie (PRESE)
Le projet de l’Oasis de nuit étoilée du Mont-Bellevue compte sur l’appui du Pôle régional en enseignement supérieur de l'Estrie (PRESE), qui facilite les collaborations entre les expertises des collèges et des universités de la région. L’Université de Sherbrooke, le Cégep de Sherbrooke et l’Université Bishop’s ont uni leurs forces et leurs talents pour faire de ce projet une réussite.


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