DARE-IT, une start-up étudiante au service des centres carcéraux

Les doctorants Jean-Samuel Lauzon et Jonathan Vincent ont démarré leur entreprise, DARE-IT, avec l’aide de leurs professeurs François Grondin et François Michaud. Dans le cadre d’un projet avec les Services correctionnels canadiens, les deux étudiants ont créé un système de surveillance servant à contrer la livraison de colis illicites dans les prisons.

Le tout début : une technologie pour entendre les drones

En 2017, Jean-Samuel et François Grondin, alors étudiants à la maîtrise et au doctorat, ont fait une démonstration de leur prototype de détection de drones avec des balises acoustiques dans un centre pénitencier à Drummondville. Cette démonstration a attiré l’attention des Services correctionnels canadiens, qui étaient à la recherche d’un produit commercialisable pour détecter les drones et les humains par l’audition et la vision, et ainsi contrer la livraison de colis illicites. En collaboration avec Jonathan Vincent, un collègue et ami de longue date, ils ont décidé de se lancer en affaires en vue d’amener leur prototype à l’étape de la commercialisation.

L’équipe a alors décroché une subvention au défi lancé par les Services correctionnels canadiens sur Solutions innovatrices Canada. Elle disposait d’un montant de 150 000 $ afin d’élaborer un prototype dans un délai de six mois. Elle a ensuite été sélectionnée pour participer à la deuxième étape du défi, avec comme mandat d’élaborer un produit qui serait déployé en 2023 dans un pénitencier d’un centre carcéral, à l'aide d'un budget d’un million de dollars.

Une technologie prometteuse

DARE-IT se spécialise dans la conception de systèmes de détection acoustique, soit des matrices de microphones qui permettent de détecter la direction des sons et de séparer les sources sonores, et l’intégration de modalités sensorielles, par exemple la vision, l'audition, le lidar, pour identifier des situations à l’aide de techniques d’intelligence artificielle.

Ceci permet de combler les besoins spécifiques des centres carcéraux et de détecter la présence d’humains susceptibles de lancer des colis par-dessus les clôtures, en plus de détecter la présence de drones dans les airs.

Pour la détection de drones, les différentes technologies de radiofréquences et de radars possèdent tous leurs forces et limitations. La technologie de détection développée se distingue, car elle permet de localiser les drones à partir du bruit aérodynamiques qu'ils émettent afin d'estimer la position de celui-ci. L’utilisation d’une caméra vient raffiner la position afin que les gardiens dans les pénitenciers puissent aller vérifier rapidement et efficacement la présence possible de drones.

Un avantage concurrentiel de la solution technologique est qu'elle s'implémente par l'entremise d'une multitude de modules peu coûteux, qu’il est possible de déployer facilement de manière à s’adapter à la zone à sécuriser. La modularité permet aussi d'offrir de la redondance au niveau des capteurs, donc le système peut fonctionner même si un capteur brise.

Nous avons réussi à développer des modules à faible coût qui rendent le système de surveillance robuste et versatile, permettant d’atteindre de meilleures performances que des systèmes utilisant des capteurs dispendieux, par exemple des radars, qui coûtent habituellement très chers.

Des bancs d’école à la création d’une entreprise

L’idée de créer cette entreprise a pris naissance lorsque Jean-Samuel Lauzon et Jonathan Vincent faisaient leur maîtrise sous la direction du Pr François Michaud. Tandis que Jonathan Vincent a réalisé sa maîtrise sur l’intelligence artificielle appliquée à la vision et la télémétrie pour des véhicules autonomes, Jean-Samuel travaillait sur les aspects acoustiques et traitement de signal sur les balises acoustiques pour la détection de drones, en collaboration avec le Pr François Grondin, alors étudiant au doctorat, et de qui l’idée entrepreneuriale a surgi.

Évoluer au sein du 3IT

Jean-Samuel Lauzon et Jonathan Vincent peuvent bénéficier de l’écosystème du 3IT pour développer leur projet entrepreneurial technologique, notamment le service de conception électronique de la plateforme de microtechnologies :

Nous avons eu accès à plusieurs ressources, autant humaines que matérielles, comme des outils spécifiques et techniques, mais aussi des experts en mécanique, électronique, intelligence artificielle et programmation. Par exemple, l'équipe de recherche spécialisée en drones, dirigée par le Pr Alexis Lussier Desbiens, et les équipements de recherche disponibles ont permis de valider l'idée en faisant voler des drones sur le terrain derrière le 3IT.  Les professionnels de recherche Vincent Philippe Rhéaume et Philippe-Olivier Provost, ce dernier étant maintenant membre de l'équipe de DARE-IT, nous ont aussi grandement aidés pour l’électronique et la conception mécanique du projet.

« Nous avons passé plusieurs nuits blanches dans les locaux du 3IT à travailler, à essayer de déterminer les meilleures formes de balises acoustiques et à les tester », poursuivent-ils.

Implantation dans les systèmes pénitenciers

À l’heure actuelle, l’équipe est en processus de faire breveter les balises acoustiques de cette technologie. L’objectif visé : atteindre la troisième étape du défi, qui consisterait à ce que les Services correctionnels canadiens achètent leur produit afin qu'il soit déployé dans les pénitenciers du pays.

L’équipe a aussi d’autres projets, dont celui d’étendre leur système pour la détection d’avions afin d’explorer davantage différentes avenues de technologies.

Pour réaliser leur projet, l’équipe a reçu l’aide de MITACS. Elle est aussi accompagnée par l’Accélérateur de création d’entreprises technologiques (ACET Banque Nationale).